Social Anthropology - Robots, AI & Society

mardi 18 décembre 2012

City Game - Jeux vidéo multi-joueurs et espace public


Atlantic2.0 et Stereolux organisent à Nantes en février prochain un challenge créatif de 54 heures sur les nouvelles formes de jeu multijoueur dans l'espace public. Ils recrutent en ce moment des participants : game designers, développeurs, graphistes, designers... 

Toutes les informations sont sur le site : http://www.city-game.fr.

dimanche 9 décembre 2012

International Environmental Negotiations

Innovations from research, simulation, game and practice? 
lundi 17 décembre 2012 
A workshop organized by IDDRI with the support of Sciences Po and the Région Ile-de-France (réseau R2DS) 
[Sur invitation]

Following the disappointment over the 2009 Copenhagen negotiations, Sciences Po, in partnership with IDDRI decided to ‘rewind time’ and organised in June 2011 the re-enactment of the negotiation « Copenhague : et si ça s’était passé autrement ? » (COP RW <<) ("What if Copenhagen had happened differently?"). As the field of international negotiation research seems to have generally maintained simulations in the strict role of pedagogical tools, this large-scale simulation was based upon the hypothesis that it was useful to explore the heuristic potential of such complex simulations for social sciences. Therefore, the experience aimed at identifying how a simulation can contribute to both research and practice of international multilateral negotiations, and whether an innovative research agenda can emerge from this type of simulation, thus enabling new bridges between simulations and research. 

Building on this experience, IDDRI organises a workshop to identify new questions for research on simulation practice and negotiation. 

The workshop will gather participants from research and academia, negotiation practice, and observers of the COP RW or other simulations from other perspectives (sociology of science, art, etc.). 

It aims at: 
confronting hypotheses on the relevance of materials of the simulation for international negotiations with other perspectives of research, and particularly with the questions raised by sociology of sciences; 
questioning the heuristic role that simulation games could play in the dialogue between theory, practice and education, and between disciplines; 
reflecting upon what should be observed during complex negotiation processes and the corresponding observation methodology; 
identifying a research agenda for simulation and negotiation research.

Programme : http://www.iddri.org

L’Homme augmenté : État des lieux et perspectives critiques

Colloque 
Vendredi 14 décembre 2012
Institut des Sciences de la Communication du CNRS
20, rue Berbier du Mets 75013 PARIS
à partir de 9h
Inscription obligatoire (dans la limite des places disponibles) : colloqueHA2012@iscc.cnrs.fr

L'Institut des sciences de la communication du CNRS (ISCC) et le Défi « Insuffisance Perceptive et suppléance personnalisée » (DEFI-SENS) de la Mission pour l'interdisciplinarité du CNRS organisent le vendredi 14 décembre 2012 un colloque sur « L'humain augmenté. État des lieux et perspectives critiques. Perception et représentation de l'humain réparé ou augmenté par hybridation technologique». 

L'objectif de ce colloque est d'analyser et de mettre en perspective le concept d'humain augmenté qui caractérise une utilisation de dispositifs technologiques, souvent embarqués ou implantés, pour accroître les capacités motrices, cognitives, sensorielles, la longévité, etc. de l'être humain. En majorité issus des travaux de la médecine supplétive, ces dispositifs ont aujourd'hui quitté le domaine du soin pour viser à une amélioration de l'individu qui se voit ainsi réduit à un ensemble de fonctions. 

Parallèlement, des discours sur un possible dépassement de l'humanité par la technique se développent et sont largement relayés dans les médias et l'opinion publique comme un horizon souhaitable, voire pour certains, inéluctable de l'avenir de l'espèce humaine. 

Si l'augmentation est aussi ancienne que le premier outil réalisé par la main de l'homme, la prégnance des techniques sur l'époque contemporaine conduit à une accélération de la machinisation de l'humain. Alors que dans le même temps, il existe une réflexion sur cette thématique qui n'est pas suffisamment audible. Ce colloque a pour ambition de réunir, de structurer et de donner une visibilité à la communauté de recherche qui travaille sur cette question dans les domaines des sciences cognitives, des sciences de la communication et des sciences humaines et sociales. Il a vocation à faire émerger des problématiques et des projets amenés à être poursuivis dans les prochaines années en élargissant encore l'éventail disciplinaire.

Plus d'informations : http://www.iscc.cnrs.fr/spip.php?article1668

PROGRAMME

9h-10h
OUVERTURE DU COLLOQUE
Par Dominique WOLTON, directeur de l’ISCC
Présentation MI-DEFI-SENS par Pascal SOMMER, coordinateur du DEFI-SENS
Introduction scientifique par Jacques PERRIAULT, conseiller scientifique à l’ISCC


10h-11h40 : Table ronde no 1
CULTURES, INVARIANTS ET REPRÉSENTATIONS COLLECTIVES DE L’HUMAIN AUGMENTÉ
Introduction par Stamatios TZITZIS, Institut d’histoire du droit, Université Paris 2
François DINGREMONT, Laboratoire d’anthropologie et histoire des mondes antiques, CNRS-EHESS
Augmentation humaine dans la Grèce antique : charis et tekhnè
Carole HOFFMANN, Laboratoire de recherche en audiovisuel, Université Toulouse 2
Corps prothésé, corps hybridé : du réseau à la peau du monde
Sylvie ALLOUCHE, Institut d’histoire et de philosophie des sciences et des techniques, CNRS-ENS-Université Paris 1, University of Bristol
Amplifications sensorielles : arts, sciences et fictions
Discussion
Conclusion par Jean-Michel BESNIER, Centre de recherche en épistémologie appliquée, CNRS-École Polytechnique
11H40-12H
RESTITUTION DU GROUPE DE TRAVAIL « INTÉGRATION CORPORELLE DE LA TECHNIQUE »
Par Marina MAESTRUTTI, Centre d’études des techniques des connaissances et des pratiques, Université Paris 1

Déjeuner

13h-15h : Table ronde no 2
INTÉGRATION CORPORELLE ET COGNITIVE DES SUPPLÉANCES TECHNOLOGIQUES
Introduction par Jean-Louis VERCHER, Institut des sciences du mouvement, CNRS-Université Aix-Marseille
Barthélémy DURRIVE, Centre d’études en rhétorique, philosophie et histoire des idées, ENS Lyon
Fonctionnement, usage et perception d’un corps sans mode d’emploi
Clémence MARTIN, Laboratoire d’éco-anthropologie et ethnobiologie, MNHN-CNRS
Augmenté, dilaté, rétracté : quand le corps éprouve des difficultés à « s’auto-greffer » des technologies complexes
Éric BRANGIER, Laboratoire InterPsy, ETIC, Université de Lorraine-Metz
Trois dimensions psychologiques associées à la symbiose de l’homme et de la machine
Maxime DERIAN, Centre d’études des techniques des connaissances et des pratiques, Université Paris 1
Dispositifs implantés ou détachables : Une comparaison anthropologique
Discussion
Conclusion par Jean LORENCEAU, Relais d’information sur les sciences de la cognition, CNRS-ENS-Université Paris 5 et Benoît LE BLANC, École nationale supérieure de cognitique de Bordeaux

Pause

15h15-17h15 : Table ronde no 3
ENJEUX IDENTITAIRES, NORMATIFS, ÉTHIQUES ET SOCIÉTAUX
Introduction par Xanthie VLACHOPOULOU, Laboratoire de psychologie clinique et de psychopathologie, Université Paris 5
Benoît WALTHER, Association de personnes concernées par des malformations congénitales de membre
Appareiller un membre absent à la naissance : fonction de la prothèse
Joffrey BECKER, Laboratoire d’anthropologie sociale, CNRS-EHESS
La mécanisation du lien social
Thierry JANDROK, laboratoire Subjectivité, lien social et modernité, Université de Strasbourg
Dispositifs prothétiques : intégration et conflits
Jean-Paul CALLÈDE, Groupe d’étude des méthodes de l’analyse sociologique de la Sorbonne, CNRS-Université Paris 4
Les sportifs bioniques : entre logique réparatrice et tentation transgressive
Discussion
Conclusion par Colin SCHMIDT, laboratoire Arts et Métiers ParisTech d’Angers, ENSAM-Paristech et Bernard ANDRIEU, Faculté du sport, Université de Nancy


17h15-18h
CONCLUSION, SYNTHÈSE ET PERSPECTIVES
Synthèse et Perspectives par Jean GAYON, Institut d’histoire et de philosophie des sciences et des techniques, CNRS-ENS-Université Paris 1
Conclusion par Sandra LAUGIER, Institut des sciences humaines et sociales du CNRS 

jeudi 6 décembre 2012

Berenson, Un robot au musée


Le film que j'ai réalisé avec Denis Vidal, "Berenson, Un robot au musée", sera projeté dans le cadre des journées d'étude "La marionette : Objet d'histoire, œuvre d'art, objet de civilisation ?", organisées par Thierry Dufrêne, Raphaèle Fleury et Joël Huthwohl, ce vendredi 7 décembre, à la Bibliothèque nationale de France site Richelieu.

vendredi 9 novembre 2012

Danses de précision

D/ÉCRIRE LE CONTEMPORAIN
édité par l'ESADHaR
2012

"Simon Ripoll-Hurier et Joffrey Becker ont participé à l'année pilote du Programme d'expérimentation en arts et politique (SPEAP), fondé à Sciences-Po Paris en 2010 par Bruno Latour. Ce programme réunit des artistes et des chercheurs autour d'objets d'étude précis et donne lieu à de multiples collaborations interdisciplinaires, redistribuant les notions d'œuvres et d'enquête. Simon Ripoll-Hurier et Joffrey Becker tentent ici de faire dialoguer leurs pratiques respectives, de dégager des points de connexion et des porosités."

Sommaire
A/ La mélodie de Broadway
par Simon Ripoll-Hurier
B/ La modernité tapie dans une vallée
par Joffrey Becker

Conception et réalisation : Marie Dirson
Avec Fabrice Bourlez, Sébastien Montero et Yann Owens

D/Écrire le contemporain
On peut épingler le présent par bien des appellations :
"Nouveaux réactionnaires", "sociétés de contrôle", "crises économiques", "révolutions technologiques", "triomphe des images", "avènement du virtuel", "société de la dématérialisation", "glocal", "nouveaux réseaux sociaux"... Si ces manières de dire peuvent séduire, indiquent-elles pour autant aux artistes, aux théoriciens, aux plasticiens, aux penseurs, ce qu'est leur époque ? Comment les créateurs d'aujourd'hui pensent-ils "le contemporain" ? Que signifie-t-il pour eux ? Et, surtout, leur importe-t-il de le rester ? Depuis 2011, D/Écrire le contemporain recueille une série d'interventions autour de ces questions proposées aux étudiant de l'ESADHaR.

vendredi 26 octobre 2012

Définir / devenir une image d'archives

Définir / Devenir une image d’archives, Defining / Becoming An Archival Image, colloque International
Université Libre de Bruxelles
Campus du Solbosch, Bibliothèque des Sciences Humaines, Salle NB 2VIS
14-16 novembre 2012

L’objectif de ce colloque est d’interroger la notion d’images d’archives, et plus précisément, d’identifier les processus – stratégies, médiations, enjeux et objectifs – qui concourent à conférer à l’image le statut d’archive. Qu’est-ce qui fait qu’une image devient document d’archives, et son corollaire, qu’est-ce qui fait que certaines images échappent à cette qualification ? Deux axes nous apparaissent prioritaires : d’une part la nécessaire généalogie du savoir sur la notion d’archives, sur les enjeux et débats qui ont traversé cette problématique constitutive de la naissance de la photographie et du cinéma. D’autre part, nous voulons aborder le devenir archivistique de l’image dans une perspective qui questionne et croise les pratiques de la « prise », de l’archivage, et de la « reprise » (réemploi, citation, détournement…) au sein de champs à la fois complémentaires et distincts : cinéma, télévision, arts plastiques, marketing, historiographie, muséographie… 

PROGRAMME

Mercredi 14 novembre 2012
14h30 : Accueil
15h-15h45 – Introduction par Vincent Lowy (UDL), Julie Maeck (FNRS/ULB) et Matthias Steinle (Paris 3)
Section 1. L’image d’archives à la croisée des disciplines
Modérateur : Pierre Sorlin (Paris 3 - Istituto Parri-Emilia Romagna de Bologne)
15h45-16h30 – François Niney (Paris 3) : Que documente une image d’archives ? Valeur documentaire des prises de vues d’hier
16h30-17h15 – Laurent Véray (Paris 3) : Les images d’archives face à l’histoire
17h15-18h – Gil Bartholeyns (Lille 3) : L’ordre des images : de l’Art à l’archive
18h-18h30 – Discussion
19h: Performances proposées par l’Ecole des Arts Politiques de Sciences Po Paris et introduites par Valérie Pihet.
"NORMANDIE" Emilia Chamone, Myriam Lefkowitz, Samuel Garcia
"LE CALCUL" Save as Draft : Sandrine Teixido, Simon Ripoll-Hurier, Axel Meunier, Aurélien Gamboni, Joffrey Becker
20h30 : Cocktail dînatoire à la Maison des Arts de l’ULB

Jeudi 15 novembre 2012
9h : Accueil
Section 2.  La photographie comme archive du monde
Modératrice : Danielle Leenaerts (ULB)
9h30-10h – Eléonore Challine et Laureline Meizel(Paris 1) : Léon Vidal et la pensée de la photographie comme archive (1876-1906)
10h-10h30 – Nathan Réra (Université d’Aix-Marseille) : Rwanda, de la presse au musée : les métamorphoses de la photographie
10h30-11h – Discussion
11h-11h30 – Pause café
Section 3. Fortunes terminologiques
Modératrice : Irene di Jorio (ULB)
11h30-12h – Bénédicte Grailles et Patrice Marcilloux(Université d’Angers) : Images archivées, images d’archives : fortune terminologique et différenciations
12h-12h30 – Christa Blümlinger (Paris 8) : Questions de hors champ. Entre « document » et « monument »
12h30-13h – Discussion
13h-14h30 – Déjeuner (ULB)
Section 4. Cinéma : prises et reprises
Modératrice : Christa Blümlinger (Paris 8)
14h30-15h – Chris Wahl (HFF Potsdam Babelsberg) :  La preuve de mémoire – Images d’archives et ralenti
15h-15h30 – Franziska Heller(Université de Zurich) : L’image d’archives à l’ère du numérique : entre fantasme populaire et fonction commerciale
15h30-16h – Sylvie Rollet et Michèle Lagny (Paris 3) :  Archives et imagerie ou l’invention de la tradition
16h-16h30 – Discussion
16h30-17h – Pause café
17h-18h – Conférence de Sylvie Lindeperg (Paris 1) : La voie des images : entre valeur documentaire et puissance spectrale
20h – Dîner

Vendredi 16 novembre 2012
Groupe de contact FNRS – Images et histoire : production, circulation et communication.
9h - Accueil
Section 5.  25 images d’archives par seconde
Modérateur : Axel Tixhon (FUNDP)
9h30-10h – Jean-Stéphane Carnel (Grenoble 2): Quand les images d’archives sont nombreuses, mais discrètes. L’exemple des images d’archives dans les JT
10h-10h30 – Anne Roekens (FUNDP) : Vers une archéologie des images-archives : l’exemple de la « grande grève » en Belgique (1960-1961)
10h30-11h – Discussion
11h-11h30 – Pause
Section 6. Retour sur l’iconographie coloniale
Modératrice : Florence Gillet (CEGES)
11h30-12h – Maria Fernanda Troya (Université San Francisco de Quito /EHESS) : Pour une deuxième « rencontre ethnographique », autour des images de Paul Rivet sur les Kichwas d’Equateur
12h-12h30 – Teresa Castro (Paris 3) :  Revenances et hantises du passé colonial portugais : une histoire d’archives
12h30-13h – Discussion
13h-14h30 – Déjeuner (ULB)
Section 7. Questionnements contemporains
Modérateur : Vincent Lowy (UDL)
14h30-15h – Estelle Blaschke (Institut Max Planck Berlin) :  Image Recycling :  The economic potential of archiving
15h-15h30 – Nathalie Boulouch (Rennes 2) : L’archive : mise en boîte, mise en œuvre
15h30-16h – Discussion
16h – Conclusions du colloque par Pierre Sorlin (Paris 3 - Istituto Parri-Emilia Romagna de Bologne)

Comité d’organisation
Irene di Jorio (ULB), Vincent Lowy (UDL), Julie Maeck (FNRS/ULB), Valérie Pihet (Sciences Po Paris), Matthias Steinle (Paris 3) et Axel Tixhon (FUNDP).

Comité scientifique
Christian Bonah (UDS), Thomas Elsaesser (Université d’Amsterdam), Danielle Leenaerts (ULB), Sylvie Lindeperg (Paris 1), Pierre Sorlin (Paris 3 / Istituto Parri-Emilia Romagna de Bologne), Jacques Walter (UDL).

mardi 23 octobre 2012

Arts de la guerre ? (suite)

Pal Sujan, Exposition Landes - Kriegfürsorge, 1917

L'exposition 1917 qui s'est tenue tout au long de l'été au Centre Pompidou de Metz inaugure le prochain centenaire de la première guerre mondiale. Exposition dense, associant les militaria à la peinture, la sculpture aux prothèses, les arts, les sciences et les techniques, pour montrer aux visiteurs toute la complexité de la seule année 1917, on y trouve également quelques éléments invitant à réfléchir à la radicalisation de la représentation moderne de l'Homme mécanique et, par conséquent, au contexte qui verra naitre le terme robot au tout début des années 1920. 

Jusqu'alors, la représentation de l'Homme-machine tenait de l'objet merveilleux, représentation divertissante d'un corps animal ou humain illustrant des connaissances longuement acquises. Mais avec la guerre, cette représentation va prendre directement corps. Les corps sont désormais équipés, appareillés, augmentés de pièces d'artillerie, de transmetteurs radio, de lances-flammes, d'avions, de chars et de masques pour résister à la violence extrême des combats et s'engager mécaniquement dans l'assaut. "Ce sont les mêmes gestes aux mêmes endroits, écrira ainsi Fernand Léger dans une lettre adressée à Louis Poughon en 1915, c'est une mécanisation, dont toute émotion est exclue" ; un cycle implacablement recommencé, qu'illustrera Otto Dix dans Der Krieg plus d'une dizaine d'année après la fin des combats.

Henri Montassier, L'Heure a découvert la machine à finir la guerre, 1917
Cette guerre, ajoute Léger, est aussi un laboratoire des limites de l'expérience du corps humain. Augmentation, résistance, transformation, mutilation, réparation, résilience, la guerre exige beaucoup des corps qu'elle mobilise. Elle exige également beaucoup des sociétés qui s'y sont engagées, en mécanisant les corps sur les lignes de production d'armement, et la représentation artistique elle-même. La mise en pièce du corps a en réalité débuté un peu plus tôt dans la peinture d'avant-garde. Mais la guerre est l'occasion d'une conjonction bien réelle entre le monde humain et celui des machines, qui fera jusqu'à sortir le cubisme de son cadre comme le note encore Léger observant Verdun. À la mécanisation des corps, s'ajoute une vitalisation des machines. Dans le monde mort du front, un avion allié devient un papillon, un mortier une grand-mère. Dans l'image, le mythe d'un corps artificiel s'illustre avec Voici la fille née sans mère de Francis Picabia (1916-1917), celui de la statue animée est évoqué par les mannequins chez De Chirico. Les allers et retours entre mécanomorphisme et anthropomorphisme traversent également le dessin de presse, la caricature, le théâtre ou la littérature.

Luc By, Le rêve de l'inventeur, 1917
Cette confusion du corps et de la machine se constitue en réalité de manière doublement paradoxale, non seulement à travers une opposition entre la mécanisation des corps et la vitalisation des machines, mais également entre la satire et la glorification. Le corps-machine moderne devient un but que l'art (la peinture mais aussi le théâtre ou la danse) doit par exemple permettre d'atteindre. Marinetti, dans le Manifeste de la danse futuriste (1917) affirmera ainsi "[qu']il faut imiter le geste, les mouvements des moteurs, faire une cour assidue aux volants, aux pistons, préparer la fusion de l'homme et de la machine et arriver ainsi au métallisme de la danse futuriste." Avec L'esprit de notre temps (tête mécanique) en 1919, puis dans un texte de 1921 appelé Économie de prothèses, Raoul Hausmann formulera une critique très vive de la pensée mécaniste dominante. Cette critique est également palpable dans l'œuvre d'Otto Dix à la même période. Les humains s'y réparent jusqu'à l'absurde. Dans un contexte qui a alors gardé de la guerre un très vif intérêt pour la production industrielle en série et le synchronisme du travail à la chaîne, le corps-machine forme la condition préalable d'une utopie mais aussi d'une dystopie.

On peut imaginer en quoi l'anthropologie qui se dessine, à la suite de cette première guerre moderne, trouve dans nos inquiétudes contemporaines un écho bien familier. La technologie, dans son rapport au corps, y occupe à la fois un rôle salutaire et une menace. Au moment où nombre de chercheurs s'interrogent sur ce que la technologie fera de l'humain, en nous augmentant au risque que nous perdions notre humanité, le souvenir de la Grande Guerre n'aura sans doute pas fini de nous opposer ses fantômes.

Pour aller plus loin : 
Livres : Claire Garnier, Laurent Le Bon, 2012, 1917, Centre Pompidou - Metz - sur Amazon.fr
Les cahiers du Musée d'art moderne - Hors série, 1990, Fernand Léger - Une correspondance de guerre, Centre Georges Pompidou

lundi 23 juillet 2012

Conférences - Art et Robotique

Conférence - Table ronde 
les 19 et 20 sept. 2012 
Insula, 47 rue de la tour d'Auvergne, Nantes 
Réservations : http://www.scopitone.org


J'interviendrai avec Emmanuelle Grangier lors de la conférence Art et Robotique organisée dans le cadre du festival Scopitone, à Nantes, le 19 septembre à partir de 18h. Nous serons également accompagnés d'Arnaud Revel pour une table ronde intitulée Robotique : Une technologie sociale ?, le lendemain à partir de 17h. 


Docteur en Art et Sciences de l'Art, artiste plasticienne et chorégraphe, Emmanuelle Grangier enseigne les arts numériques à l’Ecole Supérieure d'Art de Cambrai. Avec une pratique centrée sur les notions d’autonomie et d’interaction individuelle et/ou collective, elle travaille aujourd’hui sur des dispositifs autonomes interactifs. Son dernier projet, Link Human/Robot, développé en collaboration avec le chercheur Arnaud Revel, explore « le lien singulier humain/robot, ainsi que notre relation à cette nouvelle forme d’altérité ». Son travail questionne la relation entre pratiques artistiques et scientifiques et l’émergence de nouvelles pratiques transversales. 


Arnaud Revel est chercheur en robotique épigénétique et développementale au laboratoire L3I, Informatique, Image et Interaction de l’université de La Rochelle. Il a une longue expérience de la robotique, et en particulier de l’interaction homme/robot. Après avoir soutenu un doctorant sur l’apprentissage en robotique en collaboration avec des neurobiologistes, il participe depuis plusieurs années à des réseaux et projets d’excellence européens et des travaux de recherche sur le développement de l’enfant et l’apprentissage.

lundi 7 mai 2012

Disciplines dissipées : Expérimentations anthropo-artistiques


Colloque
les 23 et 24 mai 2012 
Maison René Ginouvès, 21 Allée de l’Université, Nanterre 
Salle 308 (3ème étage) 
http://disciplinesdissipees.tumblr.com/

De nouvelles approches de l’expérience humaine et de sa qualité éminemment sensible ont vu le jour. Etudiants en M2 ethnologie, ethnomusicologie et anthropologie de la danse à Paris 10, nous organisons un colloque pour questionner les perspectives, qu’engendre la mise en relation de deux manières de saisir le monde : l’art et l’anthropologie. Nous voulons aborder à travers les témoignages croisés de chercheurs et artistes, plusieurs expériences qui explorent ce mouvementd’aller et retour, voire la fusion de deux modes d’appréhension du réel. L’ethnologie peut-elle offrir un matériau à l’art ? L’art est-il à même d’apporter des outils et des perspectives pour la construction du savoir anthropologique ? 

PROGRAMME 

Mercredi 23 mai 2012 
13h30 Accueil 
14h Mot d'ouverture 
14h30 Charles Robinson : « Enquête imaginaire et réel de laboratoire » 
15h Christophe Rulhes : « Le théâtre et l’enquête au sein du GdRA » 
15h30 Pause 
15h45 Stéphane Ferrandez et Sandrine Garbuglia : « Histoires tombées d'un éventail : de l'ethnologie au conte » 
16h15 Caroline Darroux et Marie Preston : « La greffe et le rejet, ethnographie et création collective en Bourgogne pour un désir de transmission » 
16h45 Discussion 

Jeudi 24 mai 2012 
9h30 Accueil 
10h Ralf Marsault : « Dialogues et affinités: essai d'approche liminaire par l'enveloppement des corps dans l'image » 
10h30 Christine Louveau : « Pratique des écritures interactives en sciences humaines » 
11h Pause 
11h15 Sandrine Teixido et Joffrey Becker : « SAVE AS DRAFT - Atmosphères en négociation » 
11h45 Discussion 
12h30 Déjeuner 
14h Emmanuel Grimaud : « Le jour où les robots mangeront des pommes. Expériences et conversations avec un humanoïde » 
14h30 Alessia de Biase et Eric La Casa : « Rayonnements » 
15h Pause 
15h15 Jean-Baptiste Eczet, Samuel Garcia et Sandra Terdjman : « Arts, sciences… et politique : quelques exemples d’expérimentations de l’école des arts politiques, Sciences Po » 
15h45 Hédi Zammouri : « Ghost Dance and Four Rituals » 
16h15 Discussion 
17h Conclusion

vendredi 4 mai 2012

Gradhiva n°15 - Robots étrangement humains

Coordonné et présenté par Denis Vidal et Emmanuel Grimaud 
Parution Mai 2012 

« Qu’est-ce qui est en jeu lorsqu’on donne à un robot une apparence humaine, puis lorsqu’on croise son regard ? Autour de cette question gravitent les différentes contributions à ce numéro de la revue Gradhiva. Développant une anthropologie comparée des créatures artificielles dans leur diversité (des automates de l’Inde ancienne aux dernières créations du marché des sex toys, en passant par les marionnettes japonaises), les auteurs du dossier envisagent ces moments d’interaction qui obligent l’homme, confronté à sa propre image, à instaurer une relation nouvelle à des objets qui lui ressemblent et qui peuvent autant susciter le malaise que l’empathie. Pour ce faire, ils s’attachent à libérer la robotique humanoïde des discours prophétiques qui l’accompagnent souvent pour mieux en saisir les enjeux contemporains, à l’aide notamment d’une ethnographie précise des pratiques de laboratoires. Dans la perspective interdisciplinaire qui est la sienne, Gradhiva apporte avec ce numéro une contribution inédite à l’étude des machines anthropomorphes. » 

SOMMAIRE 
Dossier : Robots étrangement humains 
Aux frontières de l’humain. Pour une anthropologie comparée des créatures artificielles 
par Emmanuel Grimaud et Denis Vidal 
La vallée de l’étrange 
par Masahiro Mori 
Aux origines de l’anthropomorphisme. Intersubjectivité et théorie de l’esprit 
par Gabriella Airenti 
Vers un nouveau pacte anthropomorphique ! Les enjeux anthropologiques de la nouvelle robotique 
par Denis Vidal 
Androïde cherche humain pour contact électrique. Les cinétiques de l’attachement en robotique 
par Emmanuel Grimaud 
Le corps humain et ses doubles. Sur les usages de la fiction dans les arts et la robotique 
par Joffrey Becker 
Esthétiques de la manipulation. Marionnettes et automates au Japon 
par Zaven Paré 
Machines, magie, miracles 
par Charles Malamoud 
Entretien 
Le Bouddha dans le robot. Rencontre avec Masahiro Mori 
Études et essais 
La chorégraphie du bâton divinatoire comme écriture sonore au Burkina Faso 
par Danouta Liberski-Bagnoud 
L’œil du hautbois. Son, espace et images divines dans le culte sivaïte, Inde du Sud 
par William Tallotte

Tracés n°22 - Ecologiques, enquêtes sur les milieux humains

Coordonné par Pierre Charbonnier et Yaël Kreplak
Parution Mai 2012
http://traces.revues.org/

« Et si la dynamique des faits sociaux relevait moins d'une logique interne à l'organisation des hommes entre eux qu’à un ensemble d’interactions entre ces derniers et leur milieu ? Voilà l’hypothèse générale que les textes réunis dans ce numéro de Tracés cherchent à explorer. L’élaboration théorique d’une science des milieux humains, telle qu’elle a pu être proposée par G. Bateson, a en effet fourni une impulsion à un ensemble de recherches empiriques qui prennent le parti de suivre les faits sociaux dans leurs multiples relations aux objets, naturels et techniques, qui les entourent. Ces derniers cessent alors d’apparaître comme un simple décor au sein duquel le social prendrait place, pour participer pleinement à la construction de l’action collective, à l’élaboration d’enjeux normatifs et politiques, ou plus simplement à la formation de l’expérience. 

Les textes qui composent ce numéro mettent en œuvre cette approche dans le cadre de disciplines variées, notamment l’anthropologie (T. Ingold, B. Gille), l’histoire (D. Davis), la philosophie (C. Larrère), ou encore la biomimétique (J. Becker), mais aussi en mobilisant diverses échelles et objets d’analyse : l’environnement naturel, bien sûr (L. Garçon et A. Navarro), la ville (A. Pecqueux), l’espace domestique (N. Lavalle). L’inscription du social dans des milieux apparaît alors bien souvent comme un objet de négociations, de désaccords, comme l’occasion de redéfinir les principes du lien social, et cela à l’échelle d’une ville (M. Tironi) ou d’une formation économique (P. Charbonnier). Enfin, ce numéro donne la parole à ceux pour qui les milieux sont d’abord une matière à travailler, comme les urbanistes (N. Michelin) ou certains artistes (A. Linke).

Par delà la multiplicité des perspectives et des objets envisagés, Écologiques met en question la valeur heuristique des approches en termes de milieu. En effet, celles-ci provoquent une attention renouvelée aux phénomènes ordinairement pris en charge par les sciences humaines, elles en mobilisent de nouveaux, elles déplacent les frontières entre les catégories classiques et les disciplines qui forment ce paysage intellectuel. Sans prétendre tirer un bilan définitif de ces transformations, ce numéro se propose donc de prendre nos repères dans ce nouvel espace. »

SOMMAIRE
ÉDITORIAL 
Savoirs écologiques 
Pierre Charbonnier et Yaël Kreplak 
ARTICLES 
Pour une approche écologique des expériences urbaines 
par Anthony Pecqueux 
Temporalités distribuées et partagées. Une approche écologique des activités familiales dans le foyer 
par Natalia La Valle 
Mettre l'écologie en mouvement. Les controverses à l'origine du projet Vélib' 
par Martín Tironi 
De l’écologie symbolique à l’écologie politique. Anthropologie des controverses environnementales chez les Salish côtiers 
par Baptiste Gille 
L’écoféminisme : féminisme écologique ou écologie féministe ? 
par Catherine Larrère 
NOTES 
L’écologie prospective de la robotique 
par Joffrey Becker 
La Société des territorialistes ou la géographie italienne en mouvement 
par Lucile Garçon et Aurore Navarro 
De l’écologie à l’écologisme de Marx. Sur l’histoire naturelle du capitalisme et ses interprétations 
par Pierre Charbonnier 
TRADUCTIONS 
Culture, nature et environnement. Vers une écologie de la vie 
par Tim Ingold (traduction : Pierre Madelin présentation : Pierre Charbonnier) 
L’éco-gouvernance en Algérie française. Histoire environnementale, politique et administration coloniale 
par Diana Davis (traduction : Hakim Bourfouka) 
ENTRETIENS 
L’écologie en architecture et urbanisme : entre normes et pratiques. Entretien avec Nicolas Michelin 
par Yaël Kreplak et Barbara Turquier
« Getting back to the wrong nature ». Entretien avec Armin Linke 
par Émilie Hache et Valérie Pihet

lundi 9 avril 2012

Apprentissage collaboratif du robot Berenson



En immergeant un robot au sein des espaces de collections du Musée du quai Branly, ce projet de recherche interroge le regard que l’on peut porter sur les collections du musée d’un point de vue anthropologique. Il permet également de travailler sur un modèle d’apprentissage de l’émergence d’une forme d’Esthétique Artificielle (EA) dans une machine. 


Participez à l’expérience : Venez observer le comportement du robot et interagissez avec lui ! Vous contribuerez ainsi à définir ses critères d’appréciation esthétique. 


Informations pratiques 
- tous publics, du 14 au 22 avril, de 11h à 15h 
- zone Insulinde du Plateau des collections 
- un étudiant médiateur posté à proximité de la zone vous apporte des informations sur l’expérience scientifique et répond à vos questions. 


Une collaboration Etis (Cergy), IRD, Partnering Robotics, musée du quai Branly dans le cadre du labex PATRIMA 


http://www.quaibranly.fr/fr/programmation/les-fetes-et-evenements/vacances-de-printemps-le-musee-numerique/projets-collaboratifs.html

vendredi 3 février 2012

Technologies symboliques et anthropomorphisme


J'aurai le plaisir d'intervenir dans le séminaire animé par Carlo Severi : L'image rituelle, Agentivité et Mémoire. La séance sera consacrée aux technologies symboliques et à l'anthropomorphisme.

Mercredi 14 mars, de 14 h à 17h - Musée du quai Branly, 75007 Paris, salle 2

mercredi 25 janvier 2012

SAVE AS DRAFT - Atmosphères en négociation



Exposition à Sciences-Po
Du 20 au 27 février dans la péniche

Du 13 au 27 février dans la bibliothèque

Une équipe de chercheurs et d'artistes du Programme d'expérimentation en arts et politique (speap) a suivi la simulation "Copenhague, et si ça s'était passé autrement", un événement qui a impliqué plus de 200 étudiants à Science Po, du 6 au 10 juin dernier, avec l'intention d'orienter les négociations vers un accord plus ambitieux que l'original.

Save as draft revient sur les événements qui ont marqué cette simulation, en mettant en scène certains des objets qui ont traversé les étages et les salles de la rue Saint-Guillaume, et s'y sont transformés. A travers des films, des drafts du texte de négociation, des schémas, timelines et autres documents, save as draft explore les possibilités de restituer des matériaux d’enquête sans les figer dans une interprétation. L'exposition tente de saisir la portée d'un jeu qui, partant de questions réelles, n'a cessé de brouiller les rôles et dont les enjeux dépassaient le simple exercice de simulation.

Une exposition imaginée et réalisée par Joffrey Becker, Aurélien Gamboni, Axel Meunier, Simon Ripoll-Hurier et Sandrine Teixido. Coproduction SPEAP et l'association LMEC, avec le soutien du Ministère de l'Ecologie, du Développement Durable, des Transports et du Logement.

Sciences Po, 27 rue Saint-Guillaume 75007 Paris