Social Anthropology - Robots, AI & Society

samedi 25 octobre 2014

Journées d'étude sur le geste : « Main, mouvement et émotion »

6 et 7 novembre 2014
Stéréolux, Nantes

D’une simplicité extrême, le geste de la main est là pour marquer toute communication humaine : on se fait signe. Codifié, il devient langage. Esthétisé, il devient source de composition artistique. Comment les technologies numériques peuvent-elles enrichir notre rapport au geste ? Des experts de plusieurs disciplines s’intéresseront au geste de la main à l’ère du numérique, à ses enjeux tant philosophiques que techniques ou esthétiques : Comment le représenter, l’archiver ? Comment cartographier ses transformations en fonction des cultures et des sociétés ? Conférences, débats et workshops en partenariat avec l’Artmap et l’IRRCyN (équipe IVC). 

Inscriptions : http://www.stereolux.org

PROGRAMME 

Jour 1 - Jeudi 6 novembre 
9h30 – 13h00 > Séminaire 
9h30 - Introduction 
10h00 - Baptiste BACOT, Doctorant à l’EHESS : Geste, corps et instrument dans la musique électronique 
10h30 - parole au modérateur 
10h45 - Joffrey BECKER, Anthropologue, Musée du quai Branly / ArtMAP : Polyvalence et dextérité : éléments d'une ethnographie de l'imitation de la main en robotique 
11h15 - parole au modérateur 
11h20 - Harold Mouchère et Christian VIARD, IUT de Nantes Département GEII - IRCCyN/IVC : L'écriture, un micro-geste riche de sens 
11h45 - parole au modérateur 
12 h00 - Pierre GUFFLET, Artiste digital-media, concepteur, programmateur 
12h30 - Stéphane RENNESSON - Modérateur, Anthropologue, chargé de recherches au Laboratoire d'Ethnologie et de Sociologie Comparative 
14h30 – 17h30 > Ateliers 
Objectif des ateliers : Le principe général des ateliers est de penser le geste comme objet de recherche transdisciplinaire : qu’est-ce qu’un geste ? Comment le définir ? Comment tracer son évolution ? L’objectif des ateliers est de fabriquer un outil, d’abord théorique, puis technique ou technologique de « cartographie » du geste. Programme des ateliers 
14h30 - Introduction : Reprise des questions générales soulevées au cours de la matinée par le modérateur dans une dimension technique et technologique. Quelles sont les limites ou les contraintes posées par tel ou tel type d’outil de captation du geste ? 
15h00 – liste de questions et catégories d’accès : Au cours d’une table ronde nous organiserons une reprise des questions posées par les participants durant la matinée. Comment à répondre à tel ou tel intérêt ; tel ou tel croisement interdisciplinaire ? 
16h00 – brainstorming : Organisation de modules de travail (en groupes) en vue de la formulation d’un projet d’outil de notation du geste (captation / écriture). Partant des problèmes concrets posés par chaque expert pour chaque domaine d’expertise : quelles sont les limites théoriques l’outil de captation du geste ? Comment modéliser la représentation graphique du geste ? 
17h00 - synthèse et critique : Exposition des résultats et synthèse pour chaque groupe. Critique du modèle présenté par chaque groupe 

Jour 2 - Vendredi 7 novembre 
10h00 – 12h30 > Séminaire 
10h00 - Julien TOUATI, Danseur chorégraphe, AVS Road Compagny 
10h30 - parole au modérateur 
10h45 - Anne DUBOS, Anthropologue, Visual Artist, AVS Road Compagny : Emergence, captation et analyse du geste : comment interpréter l’hypothèse de la greffe de code (Deleuze) ? 
11h15 - Gaëlle FERRÉ, Maître de Conférences, Faculté des Langues et Cultures Etrangères (FLCE) & Laboratoire de Linguistique de Nantes (LLING) : Geste et parole : interaction entre les différentes modalités d'encodage de l'information 
11h45 - parole au modérateur 
11h50 - Laurent GUIDO, Professeur des Universités,  Le CREAC, Lille III 
14h00 - 17h00 > Ateliers 
Programme identique à celui de la veille

mardi 22 juillet 2014

Cultures-Kairos n°3

Geminoid F, Tokyo Festival, Owl Spot Theater (© Zaven Paré, 2010)

Cultures-Kairos n°3
Métamorphoses digitales : Expérimentations esthétiques et construction du sensible dans l'interaction humain-machine
Juillet 2014


SOMMAIRE
Présentation 
Thema 
Joffrey BECKER, Esthétique réflexive, Quand les humains se regardent dans les yeux d'une machine
Zaven PARÉ, Effets de présence : relations hommes-androïdes
Rafael MALHÃO, Ritmo, gesto e materialidade : notas etnográficas sobre papel da tecnologia na formação de DJs de MEP
Catarina Carneiro de SOUSA, Meta_Body — um projecto artístico de construção de avatares enquanto partilha criativa
Portfolio
Catarina Carneiro de SOUSA, Meta_Body
Zaven PARÉ, Geminoid 
Varia 
Mônica Medeiros RIBEIRO, Processos de ressonância e imitação verdadeira : operadores da autonomia e identidade na experiência de ensino-aprendizagem de práticas corporais 
Recension 
Romain LOUVEL, T.J. Demos, Return to the Postcolony : Specters of Colonialism in Contemporary Art, Sternberg Press, Berlin, 2013, 176 pages

vendredi 13 juin 2014

2ème journée d’études sur les pratiques ludiques


2ème journée d’études sur les pratiques ludiques
Laboratoire d’anthropologie et d’histoire de l’institution de la culture 
26 juin 2014 
EHESS 
Salle 7, 2ème étage 
105, bd Raspail 
75006 Paris 

De plus en plus de chercheurs en sciences humaines et sociales accordent aux jeux un intérêt grandissant qui replace ceux‐ci au coeur des problématiques théoriques les plus contemporaines.

Mais les écarts entre les différentes disciplines (anthropologie, histoire, sociologie, géographie…), entre les différents objets concrets (jeux dits traditionnels, jeux vidéo, sports, jeux de langage…), voire entre les différentes aires culturelles ou les différentes époques, contrarient le développement d'une réflexion commune basée sur des échanges réguliers. Aussi cette journée d'études constitue un rendez‐vous annuel où chacun peut présenter ses recherches en cours et partager avec d'autres chercheurs des questions et des réflexions.

Cette journée consacrée aux travaux actuels sur les pratiques ludiques est organisée dans le cadre du séminaire d'anthropologie du jeu donné à l'EHESS par Thierry Wendling (CNRS, IIAC ‐ LAHIC). 

PROGRAMME

9h : Accueil 

9h30-9h45 : Ouverture des jeux : Daniel Fabre, directeur du IIAC (EHESS-CNRS) 

Session : Magie, diablerie et autres virtualités (9h45-12h15) 
présidence : Thierry Wendling (CNRS-IIAC) 
Manuel Boutet (ANR Ludespace, CITERES, Université de Tours). Voyage en terre des trolls. L’importance du souvenir dans les jeux en ligne 
Hovig Ter Minassian (Université de Tours, CITERES). Space invaders : jeux vidéo et agencements matériels de l'espace domestique (France) 
Vinciane Zabban (LATTS, Université Paris-Est). Massifs et persistants. Comment les TIC interrogent la perception sociale des jeux 
Marina d'Agati (Université de Turin). La superstition dans les jeux d'argent: maîtriser le hasard ?
Natalia Leclerc (Université de Bretagne occidentale, HCTI). Jeu de hasard et pacte avec le diable (littérature comparée) 

Repas (12h15-14h00) 

Session : La scène du jeu (14h-16h) 
présidence : Elisabeth Belmas (Université Paris 13, CRESC) 
Anyssa Kapelusz (Université Aix-Marseille, LESA). Mises en jeu de spectateurs dans quelques créations théâtralo-ludiques contemporaines 
Antonella Fenech (CHAR-HiCSA, Université Paris 1). Image en jeu, jeu en image (Europe, XV-XVIIe s.) 
Florent Schmitt (Université de Strasbourg). Le tournoi de Slam : la poésie entre art, jeu et vie 
Suzy Felix-Biosa (Université Paris Sorbonne, IREMUS). Trovadores sapiens, demens et ludens… L’art de la joute poétique improvisée et chantée dans le sud de l’Espagne 

Pause 

Session : Jeu, travail, robots (16h30-18h30) 
présidence : Gilles Brougère (Université Paris 13, EXPERICE) 
Emmanuelle Savignac (Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3, CERLIS). Redonner du jeu au travail. Des jeux en entreprise 
Marie-Anne Dujarier (Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3, LISE). Jouer pour arriver à travailler : des ouvriers aux managers. Une approche sociologique 
Jean-Emmanuel Barbier (EHESS). Des jeux en boîtes, approche socio-technique du jeu d'auteur 
Joffrey Becker (ARTMAP). Jeux de robots / Jeux avec les robots

jeudi 12 juin 2014

Link Human/Robot - Emmanuelle Grangier, Sacha Léopold et François Havegeer

Link Human/Robot : ouvrage collectif dirigé par Emmanuelle Grangier, Sacha Léopold et François Havegeer. Van Dieren Editeur. 2014

Auteurs : Élise Aspord, historienne de l’art et commissaire d’exposition ; Joffrey Becker, anthropologue ; Emmanuelle Grangier, artiste plasticienne, metteur en scène et chorégraphe ; Norbert Hillaire, artiste et théoricien de l’art et des technologies ; Laure Limongi, écrivain ; Christine Niclas, danseuse et chorégraphe ; Pierre-Yves Oudeyer, chercheur en robotique spécialiste des origines du langage ; Armelle Prigent, chercheuse spécialiste des réseaux et des jeux ; Arnaud Revel, chercheur en robotique développementale ; Sacha Léopold et François Havegeer, graphistes, collectif Syndicat.

Extraits : http://issuu.com/vandieren/docs/linkhumanrobot_issuu/1?e=0

mardi 27 mai 2014

Modélisation, construction et imitation des processus vitaux. Approche pluridisciplinaire du biomimétisme.


Modélisation, construction et imitation des processus vitaux.
Approche pluridisciplinaire du biomimétisme.

Journées d’étude 10-11 juin 2014, 9h30-18h30
Collège de France, Amphithéâtre Lévi-Strauss
52 rue du Cardinal Lemoine, Paris 5e

Organisation
Anne Dalsuet, Bérengère Hurand & Perig Pitrou

Entrée libre, dans la limite des places disponibles.
Réservation obligatoire avant le 4 juin :

provost.fabien@gmail.com

Au moment où nous prenons conscience des conséquences potentiellement catastrophiques de nos activités sur les écosystèmes, se multiplient les discours valorisant le biomimétisme comme un moyen pour sortir de la crise écologique, changeant le paradigme productiviste associé à la représentation du progrès pendant plusieurs siècles. L’idée que les humains devraient s’attacher à imiter la nature devient courante, que ce soit pour fabriquer des artefacts possédant des qualités spécifiques (résistance, ergonomie, etc.) ou pour agir au niveau des systèmes de relations entre les êtres : par-delà l’inspiration recherchée dans les processus naturels, le biomimétisme est aussi conçu comme une manière d’élaborer des techniques plus respectueuses de l’environnement, ouvrant des perspectives nouvelles pour la science ou pour l’innovation industrielle. On comprend dès lors le pouvoir d’attraction qu’un tel projet exerce sur les différents praticiens cherchant à façonner de nouvelles formes et à créer des écosystèmes.

Dans un tel contexte d’innovation et d’effervescence, il est étonnant de constater que les sciences humaines et la philosophie se sont encore peu intéressées à ce champ de la pratique et du savoir dont le potentiel de modification des conditions de vie est pourtant immense. Le plus souvent, Biomimicry : Innovation Inspired by Nature (1997) fait office de texte de référence, alors même que pour Janine Beynus cet ouvrage visait davantage à faire connaître au plus grand nombre de nouvelles expériences qu’à proposer une réflexion épistémologique systématique et approfondie. Une fois rappelées quelques inventions phares, telles que le velcro ou le train reprenant la forme du martin pêcheur, et les trois niveaux – les formes, les matières/structures, les systèmes – où se manifeste le biomimétisme, toute une série de problèmes demandent encore à être traités. En effet, le biomimétisme, si sensible à l’idée d’innovation, n’est peut-être pas aussi opposé à la biologie de synthèse qu’il le prétend. Qu’est-ce qu’imiter ? Est-ce s’inscrire en continuité ou en discontinuité avec ce qui sert de modèle ? Le projet est-il thaumaturgique, renvoie-t-il à un geste de domestication, d’appropriation, voire de fabrication du vivant, ou bien requiert-il une posture d’humilité de la part de celui qui imite cherchant à insérer son action dans des processus plus vastes à l’œuvre dans la nature ? Une réflexion critique serait donc la bienvenue pour mieux déterminer le statut du biomimétisme, son champ d’application, les concepts et les méthodes qu’il mobilise.

L’objectif de ces journées d’étude est d’offrir un espace pour amorcer cette réflexion. Il est proposé à des chercheurs et des spécialistes provenant d’horizon divers, de partir d’études de cas et d’interroger les conceptions de la vie sous-jacentes à l’imitation de certains processus naturels. Plutôt que de limiter l’approche à la seule étude des inventions contemporaines réalisées dans les laboratoires des pays occidentaux, des contributions s’appuyant sur les disciplines anthropologiques et historiques montreront comment la question de l’imitation de la nature varie dans le temps et dans l’espace.

On s’intéressera en particulier aux conceptions de la vie qui se manifestent en modélisant le réel, en construisant de nouveaux existants ou d’autres systèmes de relations. On qualifiera de « biomimétique » une fabrication visant à copier un être ou un fonctionnement « naturel », créant ainsi une sorte de seconde nature, mais également l’inscription de cette fabrication au sein des processus observés dans la nature. Parmi la multiplicité des processus vitaux (reproduction, croissance, interaction avec l’environnement, etc.), quels sont ceux que le biomimétisme privilégie au niveau de l’individu ou du système ? Dans La pensée sauvage, Lévi-Strauss explique comment, par-delà le plaisir esthétique qu’ils procurent, les modèles réduits offrent aux humains la satisfaction de comprendre la logique qui préside à leur fabrication. Semblablement, réfléchir à la manière dont la modélisation de la vie – sous une forme réduite, mais aussi par le biais de procédures d’agrandissement – permet aux humains de mieux comprendre les ressorts des processus vitaux, en les représentant ou les reconstruisant, constitue un véritable intérêt. L’enjeu est en somme de se demander ce que signifie le bio- de biomimétisme afin de déterminer les conceptions de la vie associées à son usage en tant que méthode d’observation et de transformation du réel. En établissant un dialogue interdisciplinaire et comparatiste, il s’agira d’étudier de façon systématique la complémentarité – ou les éventuelles incompatibilités de ces conceptions – en prêtant par exemple attention aux problèmes soulevés par les changements d’échelle ou les rapports entre individus et systèmes.


PROGRAMME

10 juin 2014
9h15 Accueil
9h45 Perig Pitrou (CNRS, Laboratoire d’anthropologie sociale) : L’imitation de la vie dans une perspective anthropologique
10h15 Anne Dalsuet (Académie de Créteil) : Le biomimétisme : une refondation éthique de l'épistémologie ? Réflexions critiques à partir de Biomimicry, Innovation inspired by Nature
10h55-11h10 Pause
11h10 Gilles Boeuf  (Collège de France, Muséum national d’histoire naturelle) : Tirer parti de la biodiversité pour de la bio-inspiration
11h50 Gauthier Chapelle (Biomimicry Europa) : Le biomimétisme comme une approche pour nous réinsérer dans la biosphère, un point de vue de la société civile
12h30 Discussion 
13h10-14h30 Buffet
14h30 Philippe Descola (Collège de France, Laboratoire d’anthropologie sociale) : Le jardin comme imitation d'un écosystème
15h10 Nathalie Blanc (CNRS, LADYSS) : De la séparation nature/culture au biomimétisme : un rapport à la nature revu et corrigé ?
15h50-16h10 Pause
16h10 Julien Delord (ERRAPHIS) : De Lascaux 2 à Biosphère 2 : analyse des échecs de l'éco-mimétisme
16h50 Doyle McKey (Université Montpellier 2, Centre d'Ecologie Fonctionnelle et Evolutive, et Institut Universitaire de France) : Do farmers use, and imitate, self-organizing resource-concentration mechanisms driven by non-human engineers in constraining environments ? Biocultural landscapes and biomimicry at the ecosystem level
17h30-18h30 Discussion

11 juin 2014
9h30 Accueil
9h45 Dimitri Karadimas (CNRS, Laboratoire d’anthropologie sociale) : Biomimétisme ou biomorphisme ? Imiter ou reconnaître le vivant dans la création des animaux imaginaires
10h25 Jessica Riskin (Stanford University) : L’Horloge inquiète
11h05-11h20 Pause
11h20 Joffrey Becker (EHESS, Artmap) : Engrenages : À propos de l'imitation robotique de la nature
12h Carole Collet (University of the Arts London) : The Biological Advantage
12h40 Discussion
13h10-14h40 Pause
14h40 Marc Fontecave (Collège de France) : Chimie bioinspirée : Le vivant au service des nouvelles technologies de l’énergie
15h20 Philippe Rahm (architecte EPFL/FAS, dircteur de l'agence Philippe Rahm architectes à Paris et Professeur invité à l'Université de Harvard, USA) : L’architecture comme une forme augmentée de la thermogenèse
16h-16h20 Pause
16h20 Bérengère Hurand (Académie de Paris) : La nature peut-elle inspirer l’économie ?
17h-18h Discussion
18h Cocktail de clôture

samedi 5 avril 2014

Appel à candidatures : Programme d'Expérimentation en Arts et Politique (SPEAP)

COP 19, Nations Unies, Varsovie, Pologne. 2013 © Armin Linke et Giulia Bruno
Le programme d’expérimentation en arts et politique (SPEAP), fondé en 2010 à Sciences Po, s’inspire des notions clefs d’expérimentation, d’enquête et de représentation pour imaginer des dispositifs qui combinent les sciences sociales, les arts et le politique. Il s’agit de travailler au renouvellement des formats qui servent à définir la « chose publique », d’où l’expression « d’arts politiques » plutôt que de « sciences politiques ». SPEAP entend poser la question de la « chose publique » par la mise en place d’un espace d’expérimentation en s’inspirant plus particulièrement de la philosophie pragmatique, de la sociologie et de l’histoire des sciences, aussi bien que de l’histoire de l’art. L’originalité de la formation est de faire travailler pendant un an les participants en groupe sur des projets concrets relevant d’enjeux réels. 

SPEAP est un programme destiné à de jeunes professionnels internationaux : chercheurs en sciencessociales, artistes (au sens large, design et architecture inclus) et professionnels issus des milieux culturels et politiques. La maîtrise de l’anglais est requise, ainsi que du français pour les étrangers. 

Pour l’année 2014-2015, SPEAP souhaite se saisir de l’occasion présentée par la tenue à Paris de la conférence climat COP21, en décembre 2015, pour travailler sur les questions, nécessaires et urgentes, de renouvellement des formes du débat et des modes de représentation du problème climatique. Les participants constitueront des équipes pluridisciplinaires qui seront mobilisées autour de commandes suscitées par cet événement mondial. Il n’est pas demandé d’être spécialiste des questions de climat, d’écologie politique ou de géopolitique, ni même d’avoir déjà travaillé sur ces sujets, mais bien d’être prêt à apporter ses compétences et ses méthodes aux projets qui seront tous en lien avec ces questions.

Toutes les infos dans ce pdf : http://blogs.sciences-po.fr/speap/files/2014/02/SPEAP-fre-2.pdf

crédit photo : COP 19, Nations Unies, Varsovie, Pologne. 2013 © Armin Linke et Giulia Bruno ReN_007886_23

jeudi 6 février 2014

À propos des drones...

La robotique est parvenue aujourd'hui à s'imposer dans le domaine de l'action militaire. Cet intérêt pour les robots s'est constitué à partir de recherches autour des moyens d'accroitre l'efficacité au niveau opérationnel dans une économie marquée par la réduction des effectifs, les difficultés liées au paiement des retraites, au soin des blessés ou à la réinsertion. La robotique militaire s'est également constituée autour d'un souci pour l'extension des limites de l'action humaine. Ces machines concourent à robotiser progressivement le champ de bataille mais elles tendent aussi à transformer les représentations de la guerre et du métier de soldat. L'intégration de ces machines s'appuie en réalité sur différentes approches, constituées à partir de problèmes spécifiques. On peut d'emblée distinguer les machines restant sous le contrôle direct d'un opérateur humain des machines autonomes agissant selon leur programme en fonction des informations qu'ils perçoivent dans leur environnement.

Article extrait de la revue Popular Science (Août 1930)
Il a fallu près d'un siècle après les démonstrations de télémécanique d'Édouard Branly et les expérimentations de Max Boucher et Maurice Percheron [1] sur l'aéroplane Detable pour que les avions sans pilote parviennent à s'imposer comme un instrument de guerre de premier ordre. L'apparition de cette technologie et son utilisation systématique en Afghanistan, au Pakistan ou au Yémen au cours de dix dernières années soulève de nombreuses questions et critiques. Les drones militaires imposeraient une nouveauté radicale, allant jusqu'à remettre en cause la notion de guerre en mettant à distance (et en latence) l'opérateur et l'opération, en écrasant les niveaux de prise de décision et les chaînes de compétence, ou en justifiant le ciblage de personnes, par delà les frontières nationales, sans être toujours en mesure de déterminer leur statut de combattant. Cette nouveauté s'inscrirait paradoxalement dans la continuité des pratiques modernes de la guerre. L'usage de cette arme cherche en effet ses connections avec les principes d'une guerre juste, à partir de l'impératif de préserver les combattants nationaux. Au delà des rhétoriques du changement et de la continuité dans l'éthique de la guerre mises en exergue à travers la controverse sur l'usage des drones militaires, ces machines portent aussi les principes d'un effacement progressif des frontières entre le monde civil et le monde militaire [2], ouvrant une fenêtre sur la possibilité d'une guerre open source où à peu près n'importe qui peut être en mesure de fabriquer et d'utiliser de telles technologies. À l'asymétrie induite par l'usage controversé des drones, se laisse entrevoir la possibilité d'une réappropriation non seulement par des combattants irréguliers [3], mais aussi par des membres de la société civile [4].

En réalité, si l'usage des drones télé-opérés pose question, c'est surtout autour de leur autonomie que se cristallisent aujourd'hui les débats. Avec le développement de l'intelligence artificielle il est désormais envisageable de déployer des robots, seuls ou en essaims, dans le cadre d'opérations de surveillance ou de reconnaissance, ou encore d'impliquer directement des machines dans des zones de combat. La conception et l'emploi de telles machines, capables de prendre seules l'initiative d'un tir, repose en des termes encore inédits les questions relatives aux armes frappant sans discrimination [5]. Comment une machine peut-elle faire la différence entre un combattant et un non-combattant à l'endroit même ou un soldat humain n'y parvient pas toujours ? À qui imputer la responsabilité d'un crime de guerre si la machine seule a pris la décision d'ouvrir le feu ? À quelles conditions une telle machine pourrait-elle respecter des règles élémentaires de morale ? À l'heure où aucun mécanisme de responsabilité pénale ne peut être appliqué à ces robots, des chercheurs en intelligence artificielle, en robotique, en droit ou en sciences sociales ont souligné l'urgence d'ouvrir le débat. Regroupés pour certains au sein de l'International Commitee for Robot Arms Control en 2009, ils œuvrent pour une meilleure connaissance des risques associés au développement de l'autonomie des « robots tueurs » et plaident pour leur interdiction auprès des instances internationales [6].

Ces débats récents soulignent l'importance, pour les chercheurs et plus largement pour les membres de la société civile, de s'emparer des nombreuses questions morales et légales que soulèvent l'autonomie des machines de guerre. 

Notes
[1] Percheron publie L'Aviation de Demain, Télémécanique, La direction des avions par TSF en 1921.
[2] Cet effacement des frontières suit de près le développement des technologies issues de la robotique. Fondées principalement sur un bouclage entre senseurs et actionneurs (selon la définition de l'agent idéal donnée par Stuart Russel et Peter Norvig) les technologies embarquées sur les robots militaires diffèrent à peine de celles des robots dits sociaux ou médicaux.
[3] Le Guardian du 17 septembre 2009 rapporte par exemple que des insurgés irakiens auraient intercepté les signaux vidéo non-cryptés de drones transitant par satellite en utilisant un logiciel de piratage de chaînes de télévision à péage ne coutant que 26 dollars.
[4] Les développements récents du drone journalism vont en ce sens.
[5] Comme les mines antipersonnel ou certaines armes classiques régies par la convention d'Ottawa ou la convention sur les armes inhumaines. Les robots létaux autonomes n'entrent pas, pour l'heure, dans les armes ciblées par ces conventions internationales. 
[6] Les débats débuteront à l'Office des Nations Unies à Genève, à partir du 13 mai 2014, dans le cadre de la Convention sur l'interdiction ou la limitation de l'emploi de certaines armes classiques qui peuvent être considérées comme produisant des effets traumatiques excessifs ou comme frappant sans discrimination.