Social Anthropology - Robots, AI & Society

mardi 9 juillet 2024

[AAC] Drôles d'Objets 2025


Drôles d'Objets
Un nouvel art de faire
Lannion

2-4 juin 2025


Robots, artefacts autonomes, objets connectés : comment concevoir et appréhender ces drôles d’objets qui renouvellent nos interactions avec les autres comme avec le monde ?

Nous sommes de plus en plus souvent invités à entrer en relation avec des robots ou des machines, que ce soit à des fins pratiques (thérapeutiques, professionnelles, scientifiques) ou ludiques. 

Ce type de relation semble dépasser rapidement le simple usage fonctionnel, la réaction automatique et l’action mécanique, pour s’ouvrir à quelques interactions lors desquelles nous tentons d’interpréter le comportement de ces objets.  Pourquoi et comment sommes-nous tentés d’interagir avec ces objets insolites qui s'animent, bougent et évoluent ? L'étude de ces objets intéresse des champs très divers des sciences, des arts et du design. Quelles méthodes adopter toutefois pour expérimenter, observer et analyser ces interactions ?

Robotique, IA, art et design, anthropologie, psychologie, philosophie, sciences du langage… chaque domaine développe ses propres notions, outils, souvent dans des contextes pluridisciplinaires. Quelles réponses la philosophe peut-elle apporter au roboticien ? En quoi la psychologie peut se nourrir du travail de l'anthropologue ? Les artistes peuvent-ils contribuer à la sociolinguistique des interactions ?

L’objectif de cette conférence est de croiser les regards des disciplines et pratiques scientifiques sur ces nouveaux objets et les interactions qu’ils suscitent. 

L'interdisciplinarité sera dans ce contexte pratiquée, expérimentée et discutée à partir de formes concrètes qu'elle prend et des tentatives (fructueuses ou non) qu'elle déploie. Ainsi, les discussions seront organisées sous forme de tables-rondes autour de trois grandes questions sur la thématique de l'interaction avec des objets animés :

Conception de l'objet : à quoi doit ressembler un objet animé ?
Comment conçoit-on un objet animé interactif ? Quels sont les paramètres, les caractéristiques et les propriétés de ces objets (forme, design, fonctionnalité) sur lesquels on peut jouer pour qu'un  objet animé devienne un "partenaire" à nos yeux ? Quels sont les outils, les savoirs, les technologies que l'on peut mobiliser ? Dans quelle mesure le protocole expérimental influence-t-il et contraint-il la conception ? Peut-on et doit-on envisager une conception frugale ? Quelle place pour l'utilisateur dans la conception ?

Expérimentation et observation : comment concevoir une expérience ?
Comment bien comprendre ce qui se joue lors d’une interaction avec un objet animé ? Que peut-on mesurer, que peut-on évaluer, que peut-on observer ? Les approches qualitatives et quantitatives peuvent-elles se répondre, se nourrir, s'opposer ? Dans quelle mesure la temporalité de la confrontation influence-t-elle le résultat de l'expérimentation ? Dans quelle mesure l'observation en milieu naturel permet-elle de dépasser les limitations des expérimentations en laboratoire ? Quels sont les lieux de l'interdisciplinarité ?

Analyse : que retirons-nous de ces expériences ?
Comment interpréter les données issues d'expérimentations avec des objets animés? Quelle confiance accorder au témoignage des sujets? L'interprétation est-elle indépendante de toute évaluation éthique de l'interaction? Quels sont les modèles et les théories mobilisables ? Comment intégrer des méthodes d'analyses multiples ?  Ces travaux peuvent-ils éclairer les usages croissants du numérique ? Quels problèmes éthiques et politiques soulèvent ces drôles d'objets ?

En outre, nous disposerons d'espaces de conception et d'expérimentation pour présenter les ateliers, démonstrations et installations sélectionnés, qui offriront des occasions de confronter les approches, d'affiner les questions et de prolonger les discussions.

Mots-clefs : arts/sciences, création, émotion, empathie, expérimentation, expression, intentionnalité, interaction, interdisciplinarité, interprétation, modèles, observation, perception, projection, robots

Soumissions & formats
Les soumissions, 5000 signes, espaces et bibliographies compris, devront être envoyées avant fin octobre 2024. Elles devront préciser :
  • La thématique de la soumission (Conception de l'objet, Expérimentation et observation, Analyse)
  • La discipline de l'auteur
  • Le type de soumission (Présentation & table ronde, Atelier, Démonstration,  Installation, Poster)

Dates importantes
31 octobre 2024 : Date limite de soumission
Février 2025 : Notification aux auteurs

Comité Scientifique
Frédéric Alexandre, Virginie André, Salvatore Anzalone, Heike Baldauf-Quilliatre, Joffrey Becker, Arnaud Blanchard, Samuel Bianchini, Yann Boniface, Amine Boumaza, Dominique Deuff, Olivier Duris, Alain Dutech, Carole Etienne, Valeria Giardino, Jean-François Grassin, Laetitia Gros, Xavier Hinaut, Justine Lascar, Caroline Moricot, Ghiles Mostafaoui, Guillaume Nassau, Filipe Pais, Catherine Pelachaud, Alexandre Pitti, Manuel Rebuschi, Céline Rosselin-Bareille, Nicolas Rougier, Serge Tisseron, Frédéric Verhaegen, Elisabetta Zibetti.



vendredi 15 mars 2024

[Offre d'emploi] Médiations Robotiques en Soins de Santé (MR2S)

 


Contrat Doctoral

Médiations Robotiques en Soins de Santé (MR2S)


À propos

Fondée en 1952, l’ENSEA est une école publique d’excellence qui forme des ingénieurs généralistes, reconnus dans le monde industriel et à l’international. Située aux portes de Paris, l’école s’est bâtie sur 3 piliers fondamentaux expertise, inclusivité et durabilité, qui sont au cœur de ses activités de recherche, d’innovation et d’enseignement.


Présentation du projet de thèse

Dans une perspective interdisciplinaire, ce projet de thèse vise à mieux saisir les dynamiques sociales et cognitives particulières que les dispositifs dits intelligents font émerger en s'appuyant principalement sur l’enquête ethnographique, les pratiques de conception collaborative et la méthode expérimentale. Son but est de concevoir, de tester et d’évaluer l’inscription de robots dits sociaux dans le processus thérapeutique en s’appuyant sur un objet robotique en situation de médiation. La recherche proposée vise à explorer le potentiel thérapeutique d’une machine à vocation sociale sans recourir à l’esthétique anthropomorphique ou zoomorphique mobilisée dans beaucoup d’études impliquant des robots en environnement de soin. Le projet vise trois principaux objectifs. Le premier comprend une phase itérative de conception et de test, en étroite concertation avec les utilisateurs, avec pour but d’explorer des modalités d’interaction humain-robot qui ne s’appuient pas sur l’anthropomorphisme ou le langage verbal. Le deuxième vise à mieux saisir les effets liés à l’insertion du dispositif robotique dans les relations en situation d’usage. Le troisième vise à concevoir des outils et des indicateurs permettant d’évaluer d’un point vue qualitatif et quantitatif l’ensemble de l’expérience. 

La personne recrutée sera rattachée à ETIS (UMR 8051, CY Paris Université, ENSEA, CNRS). https://www.etis-lab.fr


Liste des pièces à fournir

Curriculum Vitae, Lettre de motivation.


Date limite de candidature

Le dossier (rassemblé en un seul fichier pdf) devra être envoyé par mail à joffrey.becker[at]ensea.fr avant le 1er juin 2024.

Le poste est à pourvoir pour septembre 2024.


Description du poste

Dans une perspective faisant converger le design, les sciences humaines et sociales, l’informatique, la robotique et les pratiques thérapeutiques, cette thèse vise à mieux saisir les dynamiques sociales et cognitives particulières que les dispositifs dits intelligents font émerger en s'appuyant principalement sur l’enquête ethnographique, les pratiques de conception collaborative et la méthode expérimentale. Elle vise une approche fondée sur les méthodes d'investigation utilisées en robotique dite de terrain. Le projet ambitionne d'apporter une contribution originale à un domaine d'étude qui fait depuis longtemps l'objet de travaux de recherche, que ce soit auprès de personnes travaillant sur les troubles du spectre autistique, en gérontologie, ou dans le cadre d’études sur la médiation.

Le projet vise trois objectifs principaux. Le premier comprend une phase itérative de conception et de test en étroite concertation avec les utilisateurs. Le deuxième vise à mieux saisir les effets liés à l’insertion du dispositif robotique dans les relations en situation d’usage. Le troisième vise à concevoir des outils et des indicateurs permettant d’évaluer d’un point vue qualitatif et quantitatif l’ensemble de l’expérience.

Le premier objectif de la thèse vise à tester les limites de l’anthropomorphisme en robotique dite sociale. À la suite de travaux menés dans le champs des arts et du design sur les objets à comportement et d’autres études interdisciplinaires investiguant l’interaction avec des objets qui n’imitent pas le corps humain ou animal, le premier objectif de la thèse est d'explorer des modalités peu employées de la communication qui ne s'appuient ni sur le langage verbal ni la ressemblance avec le corps humain. Ces deux approches sont considérées comme des facteurs facilitant l'interaction mais certaines études empiriques en ont montré les limites. Le but est ici de tester des modalités de l'interaction plus subtiles, moins codifiées et par conséquent moins sujettes à l'ambiguïté suscitée par l’aspect mécanique des machines anthropomorphes. On peut faire l’hypothèse qu’une telle approche paraisse plus naturelle au yeux de leurs utilisateurs ou du moins qu’elle permette des usages plus souples et des formes de médiation plus simples à mettre en œuvre et à gérer en situation d’usage.

Le deuxième objectif est de tester un tel dispositif en situation d'usage. L'ancrage de ce travail dans le domaine des soins de santé vise à approfondir les connaissances déjà acquises en interaction humain-robot, mais il vise également à construire les outils permettant de mieux prendre en considération les questions sociales plus larges qui caractérisent le contexte thérapeutique. À ce titre, l'expérimentation ne suffit pas. Elle doit également s'appuyer sur une meilleure prise en compte des questions liées aux composantes structurelles, relationnelles, sémantiques, et phénoménologiques inhérentes au contexte thérapeutique, aux configurations sociotechniques, aux reconfigurations humain-machine, aux différentes cultures épistémiques et aux pratiques des soignants, afin de mieux comprendre les implications liées à l'insertion d'objets techniques dits intelligents dans les processus thérapeutiques déjà existants. Dans cette perspective, l’investigation doit s’appuyer sur une démarche ethnographique soucieuse de modéliser les pratiques situées et leur environnement. Attentive aux relations entre soignants, objet et patients, cette démarche a pour but de décrire finement les modalités par lesquelles les humains se saisissent de l’objet et l’utilisent, mais aussi ce qu’il change dans leur relation.

Le troisième objectif est de construire les indicateurs permettant d’évaluer les effets du dispositif sur le plan technique, thérapeutique, social et humain. Cette évaluation est une dimension importante du projet, qui doit s'appuyer sur l'étude des transformations inhérentes à leur introduction dans des configurations déjà existantes et qu'il est donc nécessaire de prendre en compte dans la construction des outils d'évaluation.

Les buts visés par le projet recouvrent plusieurs aspects qui serviront de jalons tout au long du travail de recherche doctorale :

1. Il s’agit de déconstruire très pragmatiquement les pré-conceptions associant la robotique et le domaine du soin (à l’œuvre dans les pratiques de design de robots sociaux à visée thérapeutique) en étant à l’écoute des besoins de celles et ceux qui auront à s’en servir.

2. Il s’agit de reconsidérer l’anthropomorphisme ou le zoomorphisme comme un facteur facilitant l’interaction avec les systèmes dits intelligents en explorant d’autres modalités de la relation à un niveau pré-verbal s’appuyant principalement sur le comportement de l’objet.

3. Il s’agit de rompre avec l'idée que l’emploi des robots a pour issue de remplacer le travail humain, en s’appuyant sur les qualités d’un objet dont la vocation est de constituer un nouvel acteur dans le dispositif de soin.

4. Il s’agit enfin d’évaluer la situation de médiation instaurée par l’objet et les reconfigurations relationnelles qu’elle rend possible.

 

Le profil idéal

Spécialités du diplôme attendu : robotique, électronique, informatique ou domaines proches.

Niveau d'expérience attendu : Master 2ou diplôme d'ingénieur

Compétences attendues : connaissances attestées dans le domaine de l'informatique, de l'apprentissage machine et de l'électronique.

Savoir-faire : analyse d'articles scientifiques, codage (notamment en python et C), conception de systèmes électroniques, maîtrise de la langue française.

Savoir-être : bricoleur(se), doté(e) d’une bonne capacité d’écoute et d’observation, excellentes compétences en matière de relations interpersonnelles et de collaboration, intérêt pour la recherche interdisciplinaire.


[École thématique] Expérimenter l'interaction humain-objet : théories, méthodologies, analyses

Expérimenter l'interaction humain-objet : théories, méthodologies, analyses 

École thématique [XIHO24]

28-31 oct. 2024 Bordeaux (France)

https://xiho24.sciencesconf.org

XIHO24 est une école thématique sur la robotique sociale organisée par le groupe pluridisciplinaire de recherche Psyphine. Pendant quatre jours, l’école combinera des cours avancés et des ateliers pratiques destinés à former des chercheurs·euses de toutes disciplines au domaine de l’interaction humain-robot. Le principal objectif de cet événement est d'élaborer un protocole expérimental, permettant une analyse approfondie des interactions entre individus et objets robotisés, qu'ils soient anthropomorphes ou non. En s’appuyant sur différentes plateformes robotiques, les participants pourront explorer les dynamiques de la robotique sociale, tout en étendant leurs compétences en matière de conception d’expérimentation et de recherche interdisciplinaire. 

Cette école est ouverte aux étudiants de masters 2, aux doctorant·e·s comme aux enseignant·e·s-chercheur·se·s.

Modalités de candidature

L'école XIHO24 se déroulera à Bordeaux du 28 au 31 octobre inclus, la présence est impérative pendant les 4 jours.

Pour vérifier que cette école est en adéquation avec vos besoins, nous vous demandons de nous adresser dans un seul fichier pdf votre CV (de 1 à 3 pages) et une lettre de motivation que vous pouvez déposer sur le site https://xiho24.sciencesconf.org, en cliquant sur le bouton "Déposer votre dossier". Il faut créer un compte sur SciencesConf si vous n'en avez pas déjà un.

Tarifs

Étudiant·es en Master : 20 €

Doctorant·es et post-doctorant·es : 50 €

Enseignant·es/chercheur·ses : 100 €

L'inscription comprend les déjeuners, les pauses café et un diner.

Nous délivrerons des attestations de participation à l'école thématique.

lundi 11 décembre 2023

Soft control: behavioral matter & the art of replicability / .able


Soft control: behavioral matter & the art of replicability

Ana Piñeyro & Joffrey Becker - November 09, 2023

Intertwining the work of designer Ana Piñeyro and anthropologist Joffrey Becker, this video essay presents an archeology of the processes involved in the transformation of matter and the manifestation of its behavior. It addresses the epistemological question of the reproducibility of results.

.able is an image-based multi-platform journal at the intersection of art, design, and sciences, responding to the complexities of contemporary society and environmental concerns.

Find the article on .able: https://able-journal.org/en/soft-control/


Credits

Authors: Ana Piñeyro and Joffrey Becker

Visual designer: Ana Piñeyro

Sound designer: Joffrey Becker

Editorial mediation: Joffrey Becker

Dialogue recording: Christian Phaure, École des Arts Décoratifs

Financial support: La Chaire Beauté·s PSL – L’Oréal

Acknowledgments: Gwenaëlle Lallemand; Samuel Bianchini; La Chaire arts et sciences, of the École polytechnique de l’École des Arts Décoratifs – Université PSL and the Fondation Daniel et Nina Carasso.

lundi 13 novembre 2023

Käte Hamburger Kolleg (c:o/re) RWTH Aachen University - Call for applications

Open Call for applications

The Käte Hamburger Kolleg: Cultures of Research (c:o/re) is offering ten research fellowships for international scholars from the humanities, social sciences or STS as well as from natural, life and technical sciences for the academic year 2024/2025. The fellowships can start between June and October 2024. The Käte Hamburger Kolleg: Cultures of Research (c:o/re) is an International Center for Advanced Studies at RWTH Aachen University funded by the German Federal Ministry of Education and Research. Part of its mission is to offer a free space to its fellows to develop their research projects in a vibrant academic environment facilitating exchange of ideas for a timespan of up to 12 months.

The topic Cultures of Research is positioned where the fields of philosophy, sociology and history interface with natural sciences and engineering. The overall interest of the Center’s work falls on transformations of science and technology as addressed by notions of complexity, lifelikeness and emergence. We are particularly interested in the digitalization of research (simulation, artificial intelligence, machine learning) for the study of epistemic complex systems (e.g., climate change, energy revolution, biologization, sustainability), in participatory arrangements between science and society and in investigating histories and varieties of cultures of research. Our aim is to explore new cultures of (transdisciplinary) research, and, as such, to develop new theories and methodologies for investigating scientific transformations.

For the year 2024/2025 call we are particularly, but not exclusively interested in the topic of Expanded STS. By this topic we mean reflecting on the specific challenges that STS is facing to explore and analyze scientific transformations, and providing this field with specific methods. Further, we are interested in the topic of lifelikeness, a research object emerging at the interface of engineering, AI, life sciences and material sciences. With this in mind, we encourage applications with research proposals from:

  • the humanities, social sciences, and STS that explore methods for addressing the diversity of scientific and technological transformations;
  • natural, life and technical sciences which scrutinize complex life-like systems; and
  • arts, art history, science journalism and scientific illustration to explore the mediation and representation of life-likeness in science and technology.

You can find the current call for applications for 2024/25 by following the link below.

The deadline for applications is December 31, 2023

https://khk.rwth-aachen.de/calls/


mercredi 6 septembre 2023

Colloque LaborIA : Les transformations du travail par l’IA

mar. 26 sept. 2023 

08:30 - 16:30

Atelier Barillet

15 square Vergennes 75015 Paris

*

Parce quʼelle permet de réaliser des opérations cognitives, de prendre des décisions, de mimer la communication humaine, de manier dʼautres outils et objets et surtout dʼapprendre par elle-même, lʼintelligence artificielle (IA) est vectrice dʼinterrogations sociétales croissantes. Son développement rapide nourrit des craintes politiques et sociales qui portent tant sur lʼévolution des métiers que sur la disparition de certaines fonctions, alimentant des scénarios contrastés (Frey et Osborne, 2017 ; Askenazy & Bach, 2019) et parfois pessimistes sur lʼavenir du travail. Loin dʼêtre réductible à sa seule dimension technologique, lʼIA porte ainsi en elle de profondes mutations sociales : un tiers des emplois pourraient en être transformés ces vingt prochaines années (OCDE, 2016), ce qui en fait un momentum ethnologique (Ferguson et Pecoste, 2022).

Depuis les années 1990, des chercheurs en sociologie du travail, en psychologie sociale et en sciences de gestion se sont intéressés à ces transformations au fil de leurs apparitions (Dodier, 1995 ; Boltanski et Chiapello, 1999 ; Gilbert, 1998...). Progressivement, ils ont offert des cadres dʼanalyse pour appréhender lʼimpact des outils sur les systèmes organisationnels et gestionnaires, les rapports de pouvoir en entreprise, analysant les phénomènes de résistance au changement, lʼévolution des approches RH, managériales ou encore les nouvelles logiques de gestion des compétences (Zimmermann, 2000, 2011 ; Boussard, 2008 ; Chiapello et Gilbert, 2013 ; Meda et Vendramin, 2013).

Cette armature conceptuelle apparaît toutefois à revisiter aujourdʼhui au vu de la profondeur des transformations induites par lʼIA dans les organisations : ces outils ne peuvent désormais plus être considérés comme de simples instruments, et les humains comme seuls “acteurs”. Ces “nouveaux actants” (Latour et al., 2006) et ces articulations Homme-Machine inédites peuvent impacter les systèmes organisationnels et humains (Relieu et Velkovska, 2021 ; Zouinar, 2020). Ils déplacent subtilement les équilibres existants en termes de responsabilité, de reconnaissance, dʼautonomie, de savoir-faire et de relations sociales au travail (Ferguson et Pecoste, 2022). Dans ce contexte, lʼentremêlement des dynamiques pose un défi sociologique nouveau : isoler les impacts spécifiques à lʼIA par rapport

aux enjeux plus généraux dʼappropriation des nouvelles technologies et d'appropriation au changement. Dʼores et déjà, un certain nombre de travaux pointe les enjeux et les risques sociaux potentiellement associés à la conception et à lʼincorporation dans le travail de ces systèmes fondés sur lʼIA (Casilli, 2019 ; Rosa, 2010).

Dans une perspective sociotechnique, qualifier les effets de lʼIA sur le travail représente toutefois un exercice difficile appelant à lʼhumilité collective tant ces technologies sont évolutives - les IA génératives telles que ChatGPT lʼillustrent bien - et comme les rétroactions entre lʼhumain et les outils quʼil façonne sont complexes. Les conséquences des IA sur les organisations, les métiers, les espaces et temps de travail, les besoins en compétences, et plus profondément, les pratiques et relations professionnelles, demeurent peu prévisibles.

Peu de travaux portent aujourdʼhui sur la dimension micro de ces transformations, à lʼéchelle des individus, sur les vécus, les pratiques professionnelles et leurs conséquences sociales et organisationnelles. Il est apparu essentiel dʼengager une étude de lʼexpérience travailleur (Anact, 2018). Faisant le constat du faible nombre de travaux empiriques sur ce thème, une vaste démarche de recherche-action a été impulsée en 2020 par le Ministère du Travail, du Plein emploi et de lʼinsertion et par Inria : LaborIA. A la fois un laboratoire de sciences humaines appliquées et espace dʼanticipation et de réflexion pour lʼaction, LaborIA étudie au concret les transformations alors que se déploient les systèmes dʼIA dans les organisations (LaborIA, 2022 ; 2023). Mobilisant plusieurs équipes de recherche, elle sʼappuie sur un grand nombre dʼétudes de cas.

*

Programme

MATINÉE

COLLOQUE SCIENTIFIQUE

8h30 - 9h00 ACCUEIL

9h00 - 9h15 MOT DʼOUVERTURE par les partenaires du LaborIA (Ministère du

Travail, du Plein emploi et de lʼInsertion, Inria, Matrice) 

9h15 - 9h45 INTRODUCTION par le Keynote speaker 

• Pascal Picq, Paléoanthropologue, maître de conférence au Collège de France

9h50 - 10h50 PANEL 1 : Présentation des résultats du LaborIA Explorer, première zone dʼexpérimentation du LaborIA

• Simon Borel, sociologue, chercheur du LaborIA Explorer, Matrice • Jean Condé, sociologue, Directeur scientifique de Matrice

• Yann Ferguson, Coordinateur scientifique du LaborIA

10h50 - 11h05 PITCHS DES POSTERS de chercheurs travaillant sur différentes problématiques autour des impacts de lʼIA sur le travail

• Louis Devillaine, Doctorant - IA et systèmes techniques complexes, PACTE (CNRS & UGA) & chaire éthique et IA

• Quentin Genissel, Doctorant - Management algorithmique, Université Paris Dauphine PSL

• Valentin Goujon, Doctorant - Deep learning, Médialab Sciences Po • Tanguy Mercier, Ingénieur, Matrice

11h05 - 11h20 PAUSE

11h20 - 12h40 PANEL 2 : Les transformations du travail au niveau de lʼindividu • Modérateur : Marie Benedetto-Meyer, sociologue, Dares

• Gérald Gaglio, Sociologue des organisations, Université Côte d'Azur

• Clément Le Ludec, Chercheur en sociologie du travail, Institut Polytechnique de Paris

• Claire Marzo, Maître de conférence en Droit Public, Université Paris-Est Créteil

PANEL 3 : Les transformations du travail au niveau du collectif, de lʼorganisation

• Modérateur : Moustafa Zouinar, ergonome, Orange Labs

• Joffrey Becker, Anthropologue social, ENSEA-ETIS

• Anca Boboc, Sociologue du travail, Orange Labs

• Emmanuelle Mazuyer, Directrice de recherche en droit, CNRS, coordinatrice du projet TraPlaNum

12h40 - 13h40 DÉJEUNER (buffet) et café


APRÈS-MIDI

DESIGN PROSPECTIF

13h40 - 15h40 CONFÉRENCES INTERACTIVES

Nous penserons les transformations du travail liées à lʼIA, à horizon 2035, sous lʼangle de 3 thématiques déterminantes pour les transformations potentielles. Chaque thématique sera contextualisée par un expert qui partagera les différents éléments essentiels pour pouvoir construire des scénarios.

Dans un second temps, le public sera invité à se positionner sur les scénarios présentés.

• Conférence introductive “Les IA génératives” (30 min) - Bertrand Braunschweig, Coordonnateur scientifique du programme confiance.ai

• Thématique 1 : Droit du travail (30 min) - Claire Marzo, Maître de conférence en Droit Public, Université Paris-Est Créteil

• Thématique 2 : Géopolitique (30 min) - Julien Nocetti, chercheur, programme Géopolitique des technologies, Ifri

• Thématique 3 : Climat (30 min) - Association Latitudes

15h30 - 16h10 PANEL de clôture

• Pascal Picq, Paléoanthropologue, maître de conférence au Collège de France • Yann Ferguson, Sociologue et Responsable scientifique du LaborIA

16h10 - 16h30 CONCLUSION : Perspective socio-historique

• François-Xavier Petit, Historien et Directeur général de Matrice

16h30 CLÔTURE du colloque


mercredi 3 mai 2023

Artificial lives, analogies and symbolic thought


Artificial Lives, Analogies and Symbolic Thought

An Anthropological Insight on Robots and AI 

Joffrey Becker

Studies in History and Philosophy of Science 

Special issue: Robots and living organisms: New historical and philosophical perspectives

Edited by Marco Tamborini & Edoardo Datteri

2023

DOI: 10.1016/j.shpsa.2023.04.001

Abstract: The aim of this article is to explore the conception of artificial life forms and the interactions we have with them by paying a particular attention to the analogies that characterize them and the mental processes they give rise to. The article adopts a crossed perspective, focusing on the representations conveyed by artificial life but also on the way we deal with the presence of so-called intelligent or social machines. Based on a multi-sited ethnography of design practices and human-machine interaction experiments, this article hypothesizes that robots and AI constitute a symbolic means of addressing problems regarding our understanding of what life could be whether it is biological or social. Starting from the history of automata, this article will first address the modalities by which an “artificial life” is conceived by analogy with vital processes. It will then focus on the way these processes come into play in an experimental interaction situation.

Keywords: Analogies, Artificial life, Human-robot interaction, Reconfiguration, Social anthropology, Symbolism 

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