Social Anthropology - Robots, AI & Society
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vendredi 27 juin 2025

Terrain 82 : Espèces d'IA


ChatGPT, Perceptron, Claude, ELIZA, Midjourney. La liste des entités relevant des intelligences artificielles imbriquées à notre quotidien est de plus en plus longue. Ni humaines ni simples outils logiciels, celles-ci sont devenues des créatures complexes, parfois inquiétantes, qui modifient nos pratiques et nos perceptions du monde. Et s'il fallait en faire le bestiaire ? En regarder la diversité des comportements comme les éthologues les animaux ? Sur la base d'études empiriques et de contributions artistiques, ce numéro éclaire la dimension matérielle, conceptuelle et imaginaire de ces IA, tout en interrogeant les limites et les paradoxes de notre coexistence récente avec elles.
 

jeudi 20 mars 2025

(Dis)entangling Cognition, Meaning, Modeling, and Environments

 


The special issue of Cybernetics & Human Knowing entitled “(Dis)entangling Cognition, Meaning, Modeling, and Environments” has been published. 

The issue is guest edited by Alin Olteanu, Phillip H. Roth, and Gabriele Gramelsberger and includes many contributions from KHK c:o/re staff and fellows. 

It can be accessed online at the following address: https://www.ingentaconnect.com/content/imp/chk/2025/00000031/f0020003;jsessionid=lsn22ngkdcas.x-ic-live-01

jeudi 2 janvier 2025

[AAC] Reconfigurations robotiques [Philosophia Scientiae 30/1]

APPEL À CONTRIBUTIONS

Philosophia Scientiae lance un appel à contributions pour un numéro spécial sur le thème suivant :

RECONFIGURATIONS ROBOTIQUES 

Éditeurs invités : 

Joffrey Becker & Julien Wacquez 

(ETIS, UMR8051 - CY Cergy Paris Université, ENSEA, CNRS)

*

Date limite de soumission : 1er janvier 2025 1er février 2025

Date de notification : 1er avril 2025 30 avril 2025

Version finale : 1er septembre 2025

Adresses de soumission : joffrey.becker@ensea.fr ; julien.wacquez@gmail.com

Appel à contributions [Fr] : https://journals.openedition.org/philosophiascientiae/4391

Call for contributions [En] : https://journals.openedition.org/philosophiascientiae/4396


Les machines dites intelligentes sont de biens drôles d’objets. Leur existence est source de confusion et d’ambiguïté. Elles suscitent la curiosité et l’enthousiasme, mais aussi le malaise et parfois l’anxiété. Ces objets ont désormais intégré d’innombrables domaines de la vie sociale. Malgré leur invisibilité flagrante, les processus autonomes s’introduisent partout, transformant notre regard sur la vie et le vivant, le travail, les relations, les soins, les relations amoureuses ou la guerre. Dans ce moment que certains qualifient volontiers d’historique, il ne se passe pas une semaine sans que les systèmes intelligents ne soient évoqués dans les journaux, suscitant de nouveaux espoirs, de nouvelles controverses, de nouveaux fantasmes et de nouvelles angoisses.

Les travaux menés dans les domaines de l’informatique, du génie électrique et du génie mécanique ont fait de ces disciplines les principaux acteurs de la robotique. Cependant, d’autres domaines se sont également emparés des questions soulevées par ces objets. Du point de vue des sciences humaines et sociales, par exemple, de nombreuses études se concentrent sur les questions épistémologiques (Rebuschi, 2021 ; Becker, 2023), culturelles (Wright, 2018 ; Grimaud, 2021), éthiques (Khamassi, Chatila & Mille, 2019) et sociales liées à l’IA et à la robotique (Casilli, 2019 ; Nassau, 2021). L’art et le design envisagent également d’autres manières de fabriquer ces objets, ainsi que de nouvelles formes d’interaction autour de leurs comportements (Becker, 2015 ; Bianchini & Quinz, 2016 ; Quinz, 2021). L’IA, en particulier lorsqu’elle dote les artefacts d’une capacité d’animation et d’interaction, constitue un objet frontière (Star & Griesemer, 1989) : elle agrège des intérêts très divers et, ce faisant, permet de croiser les disciplines, les perspectives et les méthodes (Psyphine, 2022).

Anticiper l’impact de la robotique et de l’IA sur la société est devenu une sorte d’obsession contemporaine. Ce questionnement n’est pourtant pas récent dans le champ des sciences sociales et des humanités. Lucy Suchman, par exemple, a été l’une des premières chercheuses à étudier les reconfigurations liées à l’introduction des machines dans les relations, en se concentrant sur les problèmes de communication entre humains et systèmes automatiques (Suchman, 2007). Les asymétries qu’elle a observées relèvent de la différence de nature entre les machines dites intelligentes et leurs utilisateurs, et posent la question de leur qualification. Or, si la constitution mutuelle des corps et des machines est un enjeu anthropologique majeur (Suchman, 2007 ; Becker, 2015), les recherches menées dans les domaines de la robotique et de l’IA impliquent d’étudier des transformations qui vont bien au-delà du simple face-à-face avec des machines dont l’anthropomorphisme (un thème récurrent de la littérature sur les robots) fascine autant qu’il distrait. Ce numéro thématique cherche à étendre la réflexion au-delà du seul rapport à l’ontologie des robots.

Il cherchera en particulier à aborder les questions de relation, d’arrangement, d’association, d’assemblage et d’accommodation entre humains et machines (Velkovska & Relieu, 2021). Le numéro portera par exemple l’intérêt sur la manière dont ces objets techniques sont pris dans un réseau au sein duquel ils assignent des places spécifiques (Akrich, 1987 ; 1989 ; Woolgar, 1990), sur la manière dont ils distribuent des identités, des matériaux ou des actions humaines (Gell, 1998), sur leur rôle dans l’agencement mutuel des humains, des instruments, des objets et des pratiques dans les sciences (Knorr-Cetina, 1999), ou encore sur l’hybridité particulière qu’ils établissent en contribuant à coordonner la participation de différents agents à une action commune (Pitrou, 2017). En se focalisant sur les reconfigurations impliquées par leur mise en œuvre, ces orientations invitent à considérer le rôle médiateur des objets techniques.

Quelle est l’ampleur de ces reconfigurations ? Que se passe-t-il à l’interface des relations entre humains et systèmes dits intelligents ? Si la situation expérimentale d’interaction avec des robots anthropomorphes contribue à redéfinir les représentations que les humains se font de leur corps, les systèmes dits intelligents jouent également sur d’autres registres et interviennent à d’autres échelles. Quels sont-ils ? Dans quelles temporalités opèrent-ils ? Et quelles échelles de la vie sociale impliquent-ils ? Ce numéro thématique s’articulera autour de quatre grands axes.

1/ L’épistémologie des systèmes dits intelligents

Comme les automates de l’âge classique, les machines intelligentes s’inscrivent dans un effort qui concerne à la fois les connaissances théoriques et le champ des applications. Elles cherchent leur voie entre une approche mimétique et pragmatique (Star, 1988 ; Riskin, 2003), c’est-à-dire entre la compréhension des phénomènes qu’elles cherchent à imiter et l’ensemble des contraintes liées aux techniques ou aux matériaux utilisés pour atteindre ce but. Les fonctions vitales sont une source d’inspiration pour penser la vie et les processus vitaux. Il en résulte une approche du vivant basée sur l’artefact, une biologie limite (Helmreich, 2011), où la “vie telle qu’elle pourrait être” repose sur la pratique de l’analogie (Thom, 1979) tout en reproduisant des visions déjà existantes de la “vie telle qu’elle est” (Helmreich, 1998). Il s’agira d’examiner cet espace trouble, entre la robotique bio-inspirée et la biologie inspirée par les machines (Datteri & Tamburrini, 2007 ; Tamborini, 2021), qui semble caractériser l’épistémologie roboticienne.

2/ L’anthropomorphisme formel ou comportemental et ses effets dans l’interaction

Il s’agira également de porter l’attention à la façon dont les robots dits sociaux tendent à reconfigurer les relations que nous avons avec nos objets. S’ils peuvent imiter l’apparence humaine, les gestes des robots ne nous semblent jamais clairement familiers (Mori, 1970). Nous reconnaissons presque toujours leur nature mécanique (Grimaud et Paré, 2011 ; Becker, 2015 ; Vidal, 2017). Ils restent à nos yeux des boîtes noires dont nous ne comprenons pas le fonctionnement (Suchman, 2007). En cela, ils rejoignent un ensemble beaucoup plus large d’objets, le plus souvent à vocation rituelle (Vidal, 2007 ; Severi, 2007, 2017 ; Dufrêne et al., 2016), qui intéressent particulièrement la recherche anthropologique. Comme beaucoup d’autres objets étudiés par les anthropologues, ils véhiculent des représentations de la vie et des relations sociales, et contribuent à en définir les frontières (Helmreich, 1998 ; Héritier, 2007 ; Coupaye et Pitrou, 2018). Quels effets ont-ils sur nous ? Devient-on animiste au contact des robots ? Comment caractériser l’interaction humain-robot / humain-système ?

3/ Les configurations socio-techniques et les reconfigurations initiées par la robotique

Au-delà des relations de face à face, ce numéro s’intéressera également à la manière dont les machines dites intelligentes s’insèrent dans les activités humaines. La robotique et l’informatique considèrent la vie dans ce qu’elle a de plus ordinaire. Nos routines sont désormais un élément clé de leur travail, ce qui a conduit à la conception d’objets capables d’intégrer les activités humaines dans leur fonctionnement dans des secteurs allant des soins de santé (Jacob Rodrigues, Postolache & Cercas, 2020) au contrôle du trafic (Dimitrakopoulos & Demestichas, 2010). Les systèmes dits intelligents ne se limitent pas à agir sur nos connaissances et nos représentations de la vie, ou sur les relations que nous entretenons avec nos objets. Ce sont aussi des dispositifs techniques dans lesquels nous inscrivons nos activités sociales. Ils affectent les relations entre les acteurs et contribuent à réorganiser leurs activités. Qu’il s’agisse de robots cognitifs (par exemple à caractère social) ou d’architectures informatiques capables d’actions réflexes (par exemple lancer des alertes), ces objets nous invitent à être attentifs à la place qu’ils prennent dans les systèmes sociotechniques et aux rôles qu’ils font jouer aux humains (Akrich, 1987 ; 1989).

4/ Les imaginaires robotiques ou la robotisation des imaginaires

Enfin, ce dossier explorera la relation complexe qu’entretiennent les robots, cyborgs, machines et autres systèmes dits intelligents avec la fiction et la narration. D’un côté, les scientifiques font sens de leurs propres recherches en les insérant dans des récits (Gusfield 1980). De l’autre, les machines qu’ils conçoivent (ou peut-être celles dont ils rêvent) circulent beaucoup plus largement au sein de la société à travers les œuvres de science-fiction. Que gagnerait-on à écrire une histoire conjointe des sciences et des fictions robotiques ? L’une confère-t-elle sa forme à l’autre ou s’agit-il de deux domaines irrémédiablement séparés ? Ces rapports entre science et fiction se compliquent à la suite des évolutions récentes que connaissent chacun de ces domaines. D’une part, de nouveaux usages des récits de science-fiction se développent au sein même des disciplines scientifiques (Milburn 2010), des sciences humaines et sociales (Mengozzi & Wacquez 2023) et des organisations publiques et privées (Galison 2016 ; Roussie et al. 2022) – en en faisant un outil à penser des altérités ou des alternatives, un outil de prospective pour anticiper les futurs possibles (Grimaud & Wacquez 2023). D’autre part, les machines elles-mêmes deviennent des outils à produire des fictions (Gefen 2023). À mesure qu’elles s’immiscent toujours plus profondément dans nos vies sociales et culturelles, peut-on parler d’une robotisation des imaginaires ?


Modalités de soumission

Les manuscrits devront : 

  • être originaux, et ne peuvent pas être en cours de soumission pour une autre publication ; 
  • être rédigés en anglais ou en français ; 
  • ne pas dépasser 50 000 caractères (espaces, résumés, bibliographie et notes compris) ; 
  • être préparés pour une évaluation anonyme en double aveugle ; 
  • contenir un résumé en français et un résumé en anglais (env. 15 lignes) ; 
  • être au format Word, OpenOffice ou LaTex (https://journals.openedition.org/philosophiascientiae/449) ;
  • être envoyés avant le 1er janvier 2025 à joffrey.becker@ensea.fr et julien.wacquez@gmail.com 

Pour le format de l’article, consulter les instructions aux auteurs : https://journals.openedition.org/philosophiascientiae/452


Bibliographie

Akrich, Madeleine [1987], Comment décrire les objets techniques ?, Techniques & culture, 9, 49-64. Akrich, Madeleine [1989], La construction d’un système socio-technique : Esquisse pour une anthropologie des techniques, Anthropologie et sociétés, 13(2), 31-54. Becker, Joffrey [2015], Humanoïdes, Expérimentations croisées entre arts et sciences, Nanterre : Presses Universitaires de Paris Ouest. Becker, Joffrey [2023], Artificial Lives, Analogies and Symbolic Thought: An Anthropological Insight on Robots and AI, Studies in History and Philosophy of Science, 99, 89-96. Bianchini, Samuel, Quinz, Emanuele (Ed) [2016], Behavioral Objects I, A Case Study: Céleste Boursier-Mougenot, Berlin-New York : Sternberg Press - MIT Press. Casilli, Antonio [2019], En attendant les robots : Enquête sur le travail du clic, Paris : Seuil. Coupaye, Ludovic, Pitrou, Perig [2018], The Interweaving of Vital and Technical Processes in Oceania, Oceania, 88(1), 2-12. Datteri, Edoardo, Tamburrini, Guglielmo [2007]. Biorobotic Experiments for the Discovery of Biological Mechanisms, Philosophy of Science, 74(3), 409-430. DOI : 10.1086/522095 Dimitrakopoulos, George, Demestichas, Panagiotis [2010], Intelligent Transportation Systems. IEEE Vehicular Technology Magazine, 5(1), 77-84. Dufrêne, Thierry, Grimaud, Emmanuel, Taylor-Descola, Anne-Christine, Vidal, Denis (ed.) [2016], Persona : étrangement humain. Arles : Musée du quai Branly/Actes Sud. Galison, Peter [2016], Quand l’État écrit de la science-fiction, Angle Mort, 12, accessible en ligne : https://www.angle-mort.fr/fiction/quand-letat-ecrit-de-la-science-fiction/ Gefen, Alexandre (Ed) [2023], Créativités artificielles – La littérature et l’art à l’heure de l’intelligence artificielle. Paris : Les Presses du réel. Gell, Alfred [1998], Art and Agency, An anthropological theory, Oxford : Clarendon Press. Grimaud, Emmanuel [2021], Dieu point zéro : Une anthropologie expérimentale, Paris : PUF. Grimaud, Emmanuel, Paré, Zaven [2011], Le jour où les robots mangeront des pommes : conversations avec un Geminoïd. Paris : Petra. Grimaud, Emmanuel, Wacquezn Julien [2023], Le vertige futurologique, Terrain, 79, 2-25. Gusfield, Joseph [2009], La culture des problèmes publics. L’alcool au volant : la production d’un ordre symbolique. Paris : Economica, coll. “études sociologiques”.  Helmreich, Stefan [1998], Silicon Second Nature, Culturing Artificial Life in a Digital World, Berkeley: University of California Press. Helmreich, Stefan [2011], What was life? Answers from three limit biologies, Critical Inquiry, 37(4), 671-696. Héritier, Françoise [2007], Chimères, artifices et imagination. in J.-P. Changeux, L’Homme artificiel, Colloque annuel, Paris : Odile Jacob, 39-59. Jacob Rodrigues, Mariana, Postolache, Octavian, Cercas, Francisco [2020], Physiological and Behavior Monitoring Systems for Smart Healthcare Environments: A Review, Sensors 2020, 20, 2186. Khamassi, Mehdi, Chatila, Raja, Mille Alain [2019] Éthique et sciences cognitives, Intellectica 70(1), 7-39. Knorr-Cetina, Karin [1999]. Epistemic Cultures, How the Sciences Make Knowledge, Cambridge : Harvard University Press. Mengozzi, Chiara, Wacquez, Julien [2023], On the Use of Science Fiction in Environmental Humanities and Social Sciences: Meaning and Reading Effects, Science Fiction Studies, 50(2), 145-174. Milburn, Colin [2010] Modifiable Futures: Science Fiction at the Bench. Isis, 101(3), 560-569. Mori, Masahiro [1970], Bukimi no tani (the uncanny valley), Energy, 7(4), 33-35. Nassau, Guillaume [2021], Le robot face à nous : interlocuteur ou objet de discussion ? Analyse interactionnelle d’une rencontre Homme-machine, Drôles d’objets : un nouvel art de faire, Oct 2021, La Rochelle, France. DOI : 10.5281/zenodo.6059653. Psyphine [2021], Que prêtons-nous aux machines ? Approches interdisciplinaires des interactions homme-robot, Nancy : PUN - MSH Lorraine. Pitrou, Perig [2017], Life Form and Form of Life within an Agentive Configuration: A Birth Ritual among the Mixe of Oaxaca, Mexico, Current Anthropology, 58(3), 360–80. Quinz, Emanuele [2021], Le comportement des choses, Paris : Les presses du réel. Rebuschi, Manuel [2021], Drôles d’objets ou drôles d’interactions ?. Drôles d’objets : un nouvel art de faire, Oct 2021, La Rochelle, France. DOI : 10.5281/zenodo.6059665. Riskin, Jessica [2003], The Defecating Duck, or the Ambiguous Origins of Artificial Life, Critical Inquiry. 29(4), 599-633. Roussie, Marie, Denis-Rémis, Cédric, Colas, Jean-Baptiste [2022], La Red Team Défense : quand la science-fiction permet aux armées françaises d’explorer le futur, Annales des Mines - Responsabilités & Environnement, 107(3) : 75-78. Severi, Carlo [2007], Le principe de la chimère : une anthropologie de la mémoire, Paris : Éditions Rue d’Ulm. Severi, Carlo [2017], L’objet-personne : une anthropologie de la croyance visuelle, Paris : Éditions Rue d’Ulm.. Suchman, Lucy [2007], Human-Machine reconfigurations, Plans and situated actions, 2nd Edition, Cambridge: Cambridge University Press. Star, Susan Leigh [1988], The Structure of Ill-Structured Solutions: Boundary Objects and Heterogeneous Distributed Problem Solving, in L. Gasser & M. N. Huhns (Ed), Distributed Artificial Intelligence, vol II. London – San Mateo, Pitman: Morgan Kaufmann Publishers, 37-55 Tamborini, Marco [2021], The Material Turn in the Study of Form: From Bio-Inspired Robots to Robotics-Inspired Morphology, Perspective on Science, 29(5), 643-665, DOI : 10.1162/posc_a_00388 Thom, René [1979], Modélisation et scientificité, in P. Delattre, & M. Thellier (Ed), Élaboration et justification des modèles, Actes du colloque, ENS, 9-14 oct. 1978, Tome 1. Paris : Maloine-Doin, 21-29. Velkovska, Julia, Relieu, Marc [2021], Pour une conception “située” de l’intelligence artificielle. Des interactions hybrides aux configurations socio-techniques, Réseaux, 229(5), 215-229. Vidal, Denis [2007], Anthropomorphism or sub-anthropomorphism ? An anthropological approach to gods and robots, Journal of the Royal Anthropological Institute, 13(4), 917-933. Vidal, Denis [2017], Aux frontières de l’humain : dieux, figures de cire, robots et autres artefacts, Paris : Alma. Woolgar, Steve [1990], Configuring the user: the case of usability trials, The Sociological Review, 38(1), 58-99. Wright, James [2018], Tactile care, mechanical Hugs: Japanese caregivers and robotic lifting devices, Asian Anthropology, 17(1), 24-39.


vendredi 6 septembre 2024

[AAC] Reconfigurations robotiques [Philosophia Scientiae 30/1]

APPEL À CONTRIBUTIONS

Philosophia Scientiae lance un appel à contributions pour un numéro spécial sur le thème suivant :

RECONFIGURATIONS ROBOTIQUES 

Éditeurs invités : 

Joffrey Becker & Julien Wacquez 

(ETIS, UMR8051 - CY Cergy Paris Université, ENSEA, CNRS)

*

Date limite de soumission : 1er janvier 2025

Date de notification : 1er avril 2025

Version finale : 1er septembre 2025

Adresses de soumission : joffrey.becker@ensea.fr ; julien.wacquez@gmail.com

Appel à contributions [Fr] : https://journals.openedition.org/philosophiascientiae/4391

Call for contributions [En] : https://journals.openedition.org/philosophiascientiae/4396


Les machines dites intelligentes sont de biens drôles d’objets. Leur existence est source de confusion et d’ambiguïté. Elles suscitent la curiosité et l’enthousiasme, mais aussi le malaise et parfois l’anxiété. Ces objets ont désormais intégré d’innombrables domaines de la vie sociale. Malgré leur invisibilité flagrante, les processus autonomes s’introduisent partout, transformant notre regard sur la vie et le vivant, le travail, les relations, les soins, les relations amoureuses ou la guerre. Dans ce moment que certains qualifient volontiers d’historique, il ne se passe pas une semaine sans que les systèmes intelligents ne soient évoqués dans les journaux, suscitant de nouveaux espoirs, de nouvelles controverses, de nouveaux fantasmes et de nouvelles angoisses.

Les travaux menés dans les domaines de l’informatique, du génie électrique et du génie mécanique ont fait de ces disciplines les principaux acteurs de la robotique. Cependant, d’autres domaines se sont également emparés des questions soulevées par ces objets. Du point de vue des sciences humaines et sociales, par exemple, de nombreuses études se concentrent sur les questions épistémologiques (Rebuschi, 2021 ; Becker, 2023), culturelles (Wright, 2018 ; Grimaud, 2021), éthiques (Khamassi, Chatila & Mille, 2019) et sociales liées à l’IA et à la robotique (Casilli, 2019 ; Nassau, 2021). L’art et le design envisagent également d’autres manières de fabriquer ces objets, ainsi que de nouvelles formes d’interaction autour de leurs comportements (Becker, 2015 ; Bianchini & Quinz, 2016 ; Quinz, 2021). L’IA, en particulier lorsqu’elle dote les artefacts d’une capacité d’animation et d’interaction, constitue un objet frontière (Star & Griesemer, 1989) : elle agrège des intérêts très divers et, ce faisant, permet de croiser les disciplines, les perspectives et les méthodes (Psyphine, 2022).

Anticiper l’impact de la robotique et de l’IA sur la société est devenu une sorte d’obsession contemporaine. Ce questionnement n’est pourtant pas récent dans le champ des sciences sociales et des humanités. Lucy Suchman, par exemple, a été l’une des premières chercheuses à étudier les reconfigurations liées à l’introduction des machines dans les relations, en se concentrant sur les problèmes de communication entre humains et systèmes automatiques (Suchman, 2007). Les asymétries qu’elle a observées relèvent de la différence de nature entre les machines dites intelligentes et leurs utilisateurs, et posent la question de leur qualification. Or, si la constitution mutuelle des corps et des machines est un enjeu anthropologique majeur (Suchman, 2007 ; Becker, 2015), les recherches menées dans les domaines de la robotique et de l’IA impliquent d’étudier des transformations qui vont bien au-delà du simple face-à-face avec des machines dont l’anthropomorphisme (un thème récurrent de la littérature sur les robots) fascine autant qu’il distrait. Ce numéro thématique cherche à étendre la réflexion au-delà du seul rapport à l’ontologie des robots.

Il cherchera en particulier à aborder les questions de relation, d’arrangement, d’association, d’assemblage et d’accommodation entre humains et machines (Velkovska & Relieu, 2021). Le numéro portera par exemple l’intérêt sur la manière dont ces objets techniques sont pris dans un réseau au sein duquel ils assignent des places spécifiques (Akrich, 1987 ; 1989 ; Woolgar, 1990), sur la manière dont ils distribuent des identités, des matériaux ou des actions humaines (Gell, 1998), sur leur rôle dans l’agencement mutuel des humains, des instruments, des objets et des pratiques dans les sciences (Knorr-Cetina, 1999), ou encore sur l’hybridité particulière qu’ils établissent en contribuant à coordonner la participation de différents agents à une action commune (Pitrou, 2017). En se focalisant sur les reconfigurations impliquées par leur mise en œuvre, ces orientations invitent à considérer le rôle médiateur des objets techniques.

Quelle est l’ampleur de ces reconfigurations ? Que se passe-t-il à l’interface des relations entre humains et systèmes dits intelligents ? Si la situation expérimentale d’interaction avec des robots anthropomorphes contribue à redéfinir les représentations que les humains se font de leur corps, les systèmes dits intelligents jouent également sur d’autres registres et interviennent à d’autres échelles. Quels sont-ils ? Dans quelles temporalités opèrent-ils ? Et quelles échelles de la vie sociale impliquent-ils ? Ce numéro thématique s’articulera autour de quatre grands axes.

1/ L’épistémologie des systèmes dits intelligents

Comme les automates de l’âge classique, les machines intelligentes s’inscrivent dans un effort qui concerne à la fois les connaissances théoriques et le champ des applications. Elles cherchent leur voie entre une approche mimétique et pragmatique (Star, 1988 ; Riskin, 2003), c’est-à-dire entre la compréhension des phénomènes qu’elles cherchent à imiter et l’ensemble des contraintes liées aux techniques ou aux matériaux utilisés pour atteindre ce but. Les fonctions vitales sont une source d’inspiration pour penser la vie et les processus vitaux. Il en résulte une approche du vivant basée sur l’artefact, une biologie limite (Helmreich, 2011), où la “vie telle qu’elle pourrait être” repose sur la pratique de l’analogie (Thom, 1979) tout en reproduisant des visions déjà existantes de la “vie telle qu’elle est” (Helmreich, 1998). Il s’agira d’examiner cet espace trouble, entre la robotique bio-inspirée et la biologie inspirée par les machines (Datteri & Tamburrini, 2007 ; Tamborini, 2021), qui semble caractériser l’épistémologie roboticienne.

2/ L’anthropomorphisme formel ou comportemental et ses effets dans l’interaction

Il s’agira également de porter l’attention à la façon dont les robots dits sociaux tendent à reconfigurer les relations que nous avons avec nos objets. S’ils peuvent imiter l’apparence humaine, les gestes des robots ne nous semblent jamais clairement familiers (Mori, 1970). Nous reconnaissons presque toujours leur nature mécanique (Grimaud et Paré, 2011 ; Becker, 2015 ; Vidal, 2017). Ils restent à nos yeux des boîtes noires dont nous ne comprenons pas le fonctionnement (Suchman, 2007). En cela, ils rejoignent un ensemble beaucoup plus large d’objets, le plus souvent à vocation rituelle (Vidal, 2007 ; Severi, 2007, 2017 ; Dufrêne et al., 2016), qui intéressent particulièrement la recherche anthropologique. Comme beaucoup d’autres objets étudiés par les anthropologues, ils véhiculent des représentations de la vie et des relations sociales, et contribuent à en définir les frontières (Helmreich, 1998 ; Héritier, 2007 ; Coupaye et Pitrou, 2018). Quels effets ont-ils sur nous ? Devient-on animiste au contact des robots ? Comment caractériser l’interaction humain-robot / humain-système ?

3/ Les configurations socio-techniques et les reconfigurations initiées par la robotique

Au-delà des relations de face à face, ce numéro s’intéressera également à la manière dont les machines dites intelligentes s’insèrent dans les activités humaines. La robotique et l’informatique considèrent la vie dans ce qu’elle a de plus ordinaire. Nos routines sont désormais un élément clé de leur travail, ce qui a conduit à la conception d’objets capables d’intégrer les activités humaines dans leur fonctionnement dans des secteurs allant des soins de santé (Jacob Rodrigues, Postolache & Cercas, 2020) au contrôle du trafic (Dimitrakopoulos & Demestichas, 2010). Les systèmes dits intelligents ne se limitent pas à agir sur nos connaissances et nos représentations de la vie, ou sur les relations que nous entretenons avec nos objets. Ce sont aussi des dispositifs techniques dans lesquels nous inscrivons nos activités sociales. Ils affectent les relations entre les acteurs et contribuent à réorganiser leurs activités. Qu’il s’agisse de robots cognitifs (par exemple à caractère social) ou d’architectures informatiques capables d’actions réflexes (par exemple lancer des alertes), ces objets nous invitent à être attentifs à la place qu’ils prennent dans les systèmes sociotechniques et aux rôles qu’ils font jouer aux humains (Akrich, 1987 ; 1989).

4/ Les imaginaires robotiques ou la robotisation des imaginaires

Enfin, ce dossier explorera la relation complexe qu’entretiennent les robots, cyborgs, machines et autres systèmes dits intelligents avec la fiction et la narration. D’un côté, les scientifiques font sens de leurs propres recherches en les insérant dans des récits (Gusfield 1980). De l’autre, les machines qu’ils conçoivent (ou peut-être celles dont ils rêvent) circulent beaucoup plus largement au sein de la société à travers les œuvres de science-fiction. Que gagnerait-on à écrire une histoire conjointe des sciences et des fictions robotiques ? L’une confère-t-elle sa forme à l’autre ou s’agit-il de deux domaines irrémédiablement séparés ? Ces rapports entre science et fiction se compliquent à la suite des évolutions récentes que connaissent chacun de ces domaines. D’une part, de nouveaux usages des récits de science-fiction se développent au sein même des disciplines scientifiques (Milburn 2010), des sciences humaines et sociales (Mengozzi & Wacquez 2023) et des organisations publiques et privées (Galison 2016 ; Roussie et al. 2022) – en en faisant un outil à penser des altérités ou des alternatives, un outil de prospective pour anticiper les futurs possibles (Grimaud & Wacquez 2023). D’autre part, les machines elles-mêmes deviennent des outils à produire des fictions (Gefen 2023). À mesure qu’elles s’immiscent toujours plus profondément dans nos vies sociales et culturelles, peut-on parler d’une robotisation des imaginaires ?


Modalités de soumission

Les manuscrits devront : 

  • être originaux, et ne peuvent pas être en cours de soumission pour une autre publication ; 
  • être rédigés en anglais ou en français ; 
  • ne pas dépasser 50 000 caractères (espaces, résumés, bibliographie et notes compris) ; 
  • être préparés pour une évaluation anonyme en double aveugle ; 
  • contenir un résumé en français et un résumé en anglais (env. 15 lignes) ; 
  • être au format Word, OpenOffice ou LaTex (https://journals.openedition.org/philosophiascientiae/449) ;
  • être envoyés avant le 1er janvier 2025 à joffrey.becker@ensea.fr et julien.wacquez@gmail.com 

Pour le format de l’article, consulter les instructions aux auteurs : https://journals.openedition.org/philosophiascientiae/452


Bibliographie

Akrich, Madeleine [1987], Comment décrire les objets techniques ?, Techniques & culture, 9, 49-64. Akrich, Madeleine [1989], La construction d’un système socio-technique : Esquisse pour une anthropologie des techniques, Anthropologie et sociétés, 13(2), 31-54. Becker, Joffrey [2015], Humanoïdes, Expérimentations croisées entre arts et sciences, Nanterre : Presses Universitaires de Paris Ouest. Becker, Joffrey [2023], Artificial Lives, Analogies and Symbolic Thought: An Anthropological Insight on Robots and AI, Studies in History and Philosophy of Science, 99, 89-96. Bianchini, Samuel, Quinz, Emanuele (Ed) [2016], Behavioral Objects I, A Case Study: Céleste Boursier-Mougenot, Berlin-New York : Sternberg Press - MIT Press. Casilli, Antonio [2019], En attendant les robots : Enquête sur le travail du clic, Paris : Seuil. Coupaye, Ludovic, Pitrou, Perig [2018], The Interweaving of Vital and Technical Processes in Oceania, Oceania, 88(1), 2-12. 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mardi 9 juillet 2024

[AAC] Drôles d'Objets 2025


Drôles d'Objets
Un nouvel art de faire
Lannion

2-4 juin 2025


Robots, artefacts autonomes, objets connectés : comment concevoir et appréhender ces drôles d’objets qui renouvellent nos interactions avec les autres comme avec le monde ?

Nous sommes de plus en plus souvent invités à entrer en relation avec des robots ou des machines, que ce soit à des fins pratiques (thérapeutiques, professionnelles, scientifiques) ou ludiques. 

Ce type de relation semble dépasser rapidement le simple usage fonctionnel, la réaction automatique et l’action mécanique, pour s’ouvrir à quelques interactions lors desquelles nous tentons d’interpréter le comportement de ces objets.  Pourquoi et comment sommes-nous tentés d’interagir avec ces objets insolites qui s'animent, bougent et évoluent ? L'étude de ces objets intéresse des champs très divers des sciences, des arts et du design. Quelles méthodes adopter toutefois pour expérimenter, observer et analyser ces interactions ?

Robotique, IA, art et design, anthropologie, psychologie, philosophie, sciences du langage… chaque domaine développe ses propres notions, outils, souvent dans des contextes pluridisciplinaires. Quelles réponses la philosophe peut-elle apporter au roboticien ? En quoi la psychologie peut se nourrir du travail de l'anthropologue ? Les artistes peuvent-ils contribuer à la sociolinguistique des interactions ?

L’objectif de cette conférence est de croiser les regards des disciplines et pratiques scientifiques sur ces nouveaux objets et les interactions qu’ils suscitent. 

L'interdisciplinarité sera dans ce contexte pratiquée, expérimentée et discutée à partir de formes concrètes qu'elle prend et des tentatives (fructueuses ou non) qu'elle déploie. Ainsi, les discussions seront organisées sous forme de tables-rondes autour de trois grandes questions sur la thématique de l'interaction avec des objets animés :

Conception de l'objet : à quoi doit ressembler un objet animé ?
Comment conçoit-on un objet animé interactif ? Quels sont les paramètres, les caractéristiques et les propriétés de ces objets (forme, design, fonctionnalité) sur lesquels on peut jouer pour qu'un  objet animé devienne un "partenaire" à nos yeux ? Quels sont les outils, les savoirs, les technologies que l'on peut mobiliser ? Dans quelle mesure le protocole expérimental influence-t-il et contraint-il la conception ? Peut-on et doit-on envisager une conception frugale ? Quelle place pour l'utilisateur dans la conception ?

Expérimentation et observation : comment concevoir une expérience ?
Comment bien comprendre ce qui se joue lors d’une interaction avec un objet animé ? Que peut-on mesurer, que peut-on évaluer, que peut-on observer ? Les approches qualitatives et quantitatives peuvent-elles se répondre, se nourrir, s'opposer ? Dans quelle mesure la temporalité de la confrontation influence-t-elle le résultat de l'expérimentation ? Dans quelle mesure l'observation en milieu naturel permet-elle de dépasser les limitations des expérimentations en laboratoire ? Quels sont les lieux de l'interdisciplinarité ?

Analyse : que retirons-nous de ces expériences ?
Comment interpréter les données issues d'expérimentations avec des objets animés? Quelle confiance accorder au témoignage des sujets? L'interprétation est-elle indépendante de toute évaluation éthique de l'interaction? Quels sont les modèles et les théories mobilisables ? Comment intégrer des méthodes d'analyses multiples ?  Ces travaux peuvent-ils éclairer les usages croissants du numérique ? Quels problèmes éthiques et politiques soulèvent ces drôles d'objets ?

En outre, nous disposerons d'espaces de conception et d'expérimentation pour présenter les ateliers, démonstrations et installations sélectionnés, qui offriront des occasions de confronter les approches, d'affiner les questions et de prolonger les discussions.

Mots-clefs : arts/sciences, création, émotion, empathie, expérimentation, expression, intentionnalité, interaction, interdisciplinarité, interprétation, modèles, observation, perception, projection, robots

Soumissions & formats
Les soumissions, 5000 signes, espaces et bibliographies compris, devront être envoyées avant fin octobre 2024. Elles devront préciser :
  • La thématique de la soumission (Conception de l'objet, Expérimentation et observation, Analyse)
  • La discipline de l'auteur
  • Le type de soumission (Présentation & table ronde, Atelier, Démonstration,  Installation, Poster)

Dates importantes
31 octobre 2024 : Date limite de soumission
Février 2025 : Notification aux auteurs

Comité Scientifique
Frédéric Alexandre, Virginie André, Salvatore Anzalone, Heike Baldauf-Quilliatre, Joffrey Becker, Arnaud Blanchard, Samuel Bianchini, Yann Boniface, Amine Boumaza, Dominique Deuff, Olivier Duris, Alain Dutech, Carole Etienne, Valeria Giardino, Jean-François Grassin, Laetitia Gros, Xavier Hinaut, Justine Lascar, Caroline Moricot, Ghiles Mostafaoui, Guillaume Nassau, Filipe Pais, Catherine Pelachaud, Alexandre Pitti, Manuel Rebuschi, Céline Rosselin-Bareille, Nicolas Rougier, Serge Tisseron, Frédéric Verhaegen, Elisabetta Zibetti.



vendredi 15 mars 2024

[Offre d'emploi] Médiations Robotiques en Soins de Santé (MR2S)

 


Contrat Doctoral

Médiations Robotiques en Soins de Santé (MR2S)


À propos

Fondée en 1952, l’ENSEA est une école publique d’excellence qui forme des ingénieurs généralistes, reconnus dans le monde industriel et à l’international. Située aux portes de Paris, l’école s’est bâtie sur 3 piliers fondamentaux expertise, inclusivité et durabilité, qui sont au cœur de ses activités de recherche, d’innovation et d’enseignement.


Présentation du projet de thèse

Dans une perspective interdisciplinaire, ce projet de thèse vise à mieux saisir les dynamiques sociales et cognitives particulières que les dispositifs dits intelligents font émerger en s'appuyant principalement sur l’enquête ethnographique, les pratiques de conception collaborative et la méthode expérimentale. Son but est de concevoir, de tester et d’évaluer l’inscription de robots dits sociaux dans le processus thérapeutique en s’appuyant sur un objet robotique en situation de médiation. La recherche proposée vise à explorer le potentiel thérapeutique d’une machine à vocation sociale sans recourir à l’esthétique anthropomorphique ou zoomorphique mobilisée dans beaucoup d’études impliquant des robots en environnement de soin. Le projet vise trois principaux objectifs. Le premier comprend une phase itérative de conception et de test, en étroite concertation avec les utilisateurs, avec pour but d’explorer des modalités d’interaction humain-robot qui ne s’appuient pas sur l’anthropomorphisme ou le langage verbal. Le deuxième vise à mieux saisir les effets liés à l’insertion du dispositif robotique dans les relations en situation d’usage. Le troisième vise à concevoir des outils et des indicateurs permettant d’évaluer d’un point vue qualitatif et quantitatif l’ensemble de l’expérience. 

La personne recrutée sera rattachée à ETIS (UMR 8051, CY Paris Université, ENSEA, CNRS). https://www.etis-lab.fr


Liste des pièces à fournir

Curriculum Vitae, Lettre de motivation.


Date limite de candidature

Le dossier (rassemblé en un seul fichier pdf) devra être envoyé par mail à joffrey.becker[at]ensea.fr avant le 1er juin 2024.

Le poste est à pourvoir pour septembre 2024.


Description du poste

Dans une perspective faisant converger le design, les sciences humaines et sociales, l’informatique, la robotique et les pratiques thérapeutiques, cette thèse vise à mieux saisir les dynamiques sociales et cognitives particulières que les dispositifs dits intelligents font émerger en s'appuyant principalement sur l’enquête ethnographique, les pratiques de conception collaborative et la méthode expérimentale. Elle vise une approche fondée sur les méthodes d'investigation utilisées en robotique dite de terrain. Le projet ambitionne d'apporter une contribution originale à un domaine d'étude qui fait depuis longtemps l'objet de travaux de recherche, que ce soit auprès de personnes travaillant sur les troubles du spectre autistique, en gérontologie, ou dans le cadre d’études sur la médiation.

Le projet vise trois objectifs principaux. Le premier comprend une phase itérative de conception et de test en étroite concertation avec les utilisateurs. Le deuxième vise à mieux saisir les effets liés à l’insertion du dispositif robotique dans les relations en situation d’usage. Le troisième vise à concevoir des outils et des indicateurs permettant d’évaluer d’un point vue qualitatif et quantitatif l’ensemble de l’expérience.

Le premier objectif de la thèse vise à tester les limites de l’anthropomorphisme en robotique dite sociale. À la suite de travaux menés dans le champs des arts et du design sur les objets à comportement et d’autres études interdisciplinaires investiguant l’interaction avec des objets qui n’imitent pas le corps humain ou animal, le premier objectif de la thèse est d'explorer des modalités peu employées de la communication qui ne s'appuient ni sur le langage verbal ni la ressemblance avec le corps humain. Ces deux approches sont considérées comme des facteurs facilitant l'interaction mais certaines études empiriques en ont montré les limites. Le but est ici de tester des modalités de l'interaction plus subtiles, moins codifiées et par conséquent moins sujettes à l'ambiguïté suscitée par l’aspect mécanique des machines anthropomorphes. On peut faire l’hypothèse qu’une telle approche paraisse plus naturelle au yeux de leurs utilisateurs ou du moins qu’elle permette des usages plus souples et des formes de médiation plus simples à mettre en œuvre et à gérer en situation d’usage.

Le deuxième objectif est de tester un tel dispositif en situation d'usage. L'ancrage de ce travail dans le domaine des soins de santé vise à approfondir les connaissances déjà acquises en interaction humain-robot, mais il vise également à construire les outils permettant de mieux prendre en considération les questions sociales plus larges qui caractérisent le contexte thérapeutique. À ce titre, l'expérimentation ne suffit pas. Elle doit également s'appuyer sur une meilleure prise en compte des questions liées aux composantes structurelles, relationnelles, sémantiques, et phénoménologiques inhérentes au contexte thérapeutique, aux configurations sociotechniques, aux reconfigurations humain-machine, aux différentes cultures épistémiques et aux pratiques des soignants, afin de mieux comprendre les implications liées à l'insertion d'objets techniques dits intelligents dans les processus thérapeutiques déjà existants. Dans cette perspective, l’investigation doit s’appuyer sur une démarche ethnographique soucieuse de modéliser les pratiques situées et leur environnement. Attentive aux relations entre soignants, objet et patients, cette démarche a pour but de décrire finement les modalités par lesquelles les humains se saisissent de l’objet et l’utilisent, mais aussi ce qu’il change dans leur relation.

Le troisième objectif est de construire les indicateurs permettant d’évaluer les effets du dispositif sur le plan technique, thérapeutique, social et humain. Cette évaluation est une dimension importante du projet, qui doit s'appuyer sur l'étude des transformations inhérentes à leur introduction dans des configurations déjà existantes et qu'il est donc nécessaire de prendre en compte dans la construction des outils d'évaluation.

Les buts visés par le projet recouvrent plusieurs aspects qui serviront de jalons tout au long du travail de recherche doctorale :

1. Il s’agit de déconstruire très pragmatiquement les pré-conceptions associant la robotique et le domaine du soin (à l’œuvre dans les pratiques de design de robots sociaux à visée thérapeutique) en étant à l’écoute des besoins de celles et ceux qui auront à s’en servir.

2. Il s’agit de reconsidérer l’anthropomorphisme ou le zoomorphisme comme un facteur facilitant l’interaction avec les systèmes dits intelligents en explorant d’autres modalités de la relation à un niveau pré-verbal s’appuyant principalement sur le comportement de l’objet.

3. Il s’agit de rompre avec l'idée que l’emploi des robots a pour issue de remplacer le travail humain, en s’appuyant sur les qualités d’un objet dont la vocation est de constituer un nouvel acteur dans le dispositif de soin.

4. Il s’agit enfin d’évaluer la situation de médiation instaurée par l’objet et les reconfigurations relationnelles qu’elle rend possible.

 

Le profil idéal

Spécialités du diplôme attendu : robotique, électronique, informatique ou domaines proches.

Niveau d'expérience attendu : Master 2ou diplôme d'ingénieur

Compétences attendues : connaissances attestées dans le domaine de l'informatique, de l'apprentissage machine et de l'électronique.

Savoir-faire : analyse d'articles scientifiques, codage (notamment en python et C), conception de systèmes électroniques, maîtrise de la langue française.

Savoir-être : bricoleur(se), doté(e) d’une bonne capacité d’écoute et d’observation, excellentes compétences en matière de relations interpersonnelles et de collaboration, intérêt pour la recherche interdisciplinaire.


[École thématique] Expérimenter l'interaction humain-objet : théories, méthodologies, analyses

Expérimenter l'interaction humain-objet : théories, méthodologies, analyses 

École thématique [XIHO24]

28-31 oct. 2024 Bordeaux (France)

https://xiho24.sciencesconf.org

XIHO24 est une école thématique sur la robotique sociale organisée par le groupe pluridisciplinaire de recherche Psyphine. Pendant quatre jours, l’école combinera des cours avancés et des ateliers pratiques destinés à former des chercheurs·euses de toutes disciplines au domaine de l’interaction humain-robot. Le principal objectif de cet événement est d'élaborer un protocole expérimental, permettant une analyse approfondie des interactions entre individus et objets robotisés, qu'ils soient anthropomorphes ou non. En s’appuyant sur différentes plateformes robotiques, les participants pourront explorer les dynamiques de la robotique sociale, tout en étendant leurs compétences en matière de conception d’expérimentation et de recherche interdisciplinaire. 

Cette école est ouverte aux étudiants de masters 2, aux doctorant·e·s comme aux enseignant·e·s-chercheur·se·s.

Modalités de candidature

L'école XIHO24 se déroulera à Bordeaux du 28 au 31 octobre inclus, la présence est impérative pendant les 4 jours.

Pour vérifier que cette école est en adéquation avec vos besoins, nous vous demandons de nous adresser dans un seul fichier pdf votre CV (de 1 à 3 pages) et une lettre de motivation que vous pouvez déposer sur le site https://xiho24.sciencesconf.org, en cliquant sur le bouton "Déposer votre dossier". Il faut créer un compte sur SciencesConf si vous n'en avez pas déjà un.

Tarifs

Étudiant·es en Master : 20 €

Doctorant·es et post-doctorant·es : 50 €

Enseignant·es/chercheur·ses : 100 €

L'inscription comprend les déjeuners, les pauses café et un diner.

Nous délivrerons des attestations de participation à l'école thématique.

lundi 11 décembre 2023

Soft control: behavioral matter & the art of replicability / .able


Soft control: behavioral matter & the art of replicability

Ana Piñeyro & Joffrey Becker - November 09, 2023

Intertwining the work of designer Ana Piñeyro and anthropologist Joffrey Becker, this video essay presents an archeology of the processes involved in the transformation of matter and the manifestation of its behavior. It addresses the epistemological question of the reproducibility of results.

.able is an image-based multi-platform journal at the intersection of art, design, and sciences, responding to the complexities of contemporary society and environmental concerns.

Find the article on .able: https://able-journal.org/en/soft-control/


Credits

Authors: Ana Piñeyro and Joffrey Becker

Visual designer: Ana Piñeyro

Sound designer: Joffrey Becker

Editorial mediation: Joffrey Becker

Dialogue recording: Christian Phaure, École des Arts Décoratifs

Financial support: La Chaire Beauté·s PSL – L’Oréal

Acknowledgments: Gwenaëlle Lallemand; Samuel Bianchini; La Chaire arts et sciences, of the École polytechnique de l’École des Arts Décoratifs – Université PSL and the Fondation Daniel et Nina Carasso.

mercredi 3 mai 2023

Artificial lives, analogies and symbolic thought


Artificial Lives, Analogies and Symbolic Thought

An Anthropological Insight on Robots and AI 

Joffrey Becker

Studies in History and Philosophy of Science 

Special issue: Robots and living organisms: New historical and philosophical perspectives

Edited by Marco Tamborini & Edoardo Datteri

2023

DOI: 10.1016/j.shpsa.2023.04.001

Abstract: The aim of this article is to explore the conception of artificial life forms and the interactions we have with them by paying a particular attention to the analogies that characterize them and the mental processes they give rise to. The article adopts a crossed perspective, focusing on the representations conveyed by artificial life but also on the way we deal with the presence of so-called intelligent or social machines. Based on a multi-sited ethnography of design practices and human-machine interaction experiments, this article hypothesizes that robots and AI constitute a symbolic means of addressing problems regarding our understanding of what life could be whether it is biological or social. Starting from the history of automata, this article will first address the modalities by which an “artificial life” is conceived by analogy with vital processes. It will then focus on the way these processes come into play in an experimental interaction situation.

Keywords: Analogies, Artificial life, Human-robot interaction, Reconfiguration, Social anthropology, Symbolism 

50 days' free access (No sign up, registration or fees are required)


vendredi 24 mars 2023

Routines - 42e Festival International Jean Rouch


Notre film Routines est en sélection officielle du 42e Festival International Jean Rouch. La projection aura lieu le 5 mai 2023 au Musée du quai Branly - Jacques Chirac et sera suivie d'un échange avec l'équipe du film. 

Plus d'informations sur le site web du festival : https://www.comitedufilmethnographique.com 



dimanche 28 août 2022

Ethnographies of Outer Space

Ethnographies of Outer Space 
Methodological Opportunities and Experiments
1 September 2022 - 2 September 2022
Palazzo di Sociologia - Via Verdi 26, Trento
Italy

Keynote speakers 
Stefan Helmreich (Massachusetts Institute of Technology)
Zara Mirmalek (NASA, Bay Area Environmental Research Institute) 
Valerie Olson (University of California, Irvine)

An Anthropologist on Mars (1995) is a well-known book by the neurophysiologist Oliver Sacks. Contrary to what its title suggests, the book is neither about anthropology nor about the Red Planet. It is, in fact, a collection of seven essays on the paradoxical circumstances in which those affected by particular neurological conditions find themselves. Still, the juxtaposition of the words “anthropology” and “Mars” conveys a sense of inaccessibility that – for a long time – was familiar to the ethnographer approaching fields of inquiry related to space science and technology: rather like the protagonists in Sacks seven tales, the social sciences and the humanities were (often implicitly) deemed unfit to travel to such unimaginable lands, purportedly devoid of any sociality or humanness. 
Only in the early 2000s a number of seminal studies broke through the glass ceiling. Turning their gaze toward the skies, ethnographers showed how scientific and technological practices related to outer space cannot help but be imbued with the very terrestrial logics of power and knowledgemaking. 
Today we witness a flourishing of sociological, anthropological, historical, philosophical, and geographical studies on outer space. Time is ripe to reflect on how this multifaceted field has challenged and enriched different research practices and methodologies. On the one hand, space exploration is an inherently human enterprise, and as such it lends itself to social and anthropological inquiry. On the other hand, this domain presents unique features: the sites in which social action is articulated are at once remote, imagined, global and/or exquisitely local, manipulated through analogies, physically experienced, technologically mediated, out of reach, and collectively constructed. 
This intrinsically plural character presents a methodological challenge for the social sciences and the humanities. How to approach space within different theoretical and methodological frameworks? How does this field of inquiry engender interdisciplinary “contaminations”? How does it redefine the ethnographic encounter? Ultimately, this conference seeks to explore how the sense of impossibility, inaccessibility and paradox that has long been a hallmark of social studies of outer space is becoming fertile soil for novel, far-reaching and critically engaged earthly ethnographies.



lundi 18 juillet 2022

[AAC] Droles d'objets 2023

 


Drôles d'objets 
Un nouvel art de faire
Nancy
15 - 17 mai 2023

En association avec le festival Musique Action 
du CCAM / Scène nationale de Vandœuvre

Robots, artefacts autonomes, objets connectés : comment concevoir et appréhender ces drôles d’objets qui renouvellent nos interactions avec les autres comme avec le monde ?

Nous sommes de plus en plus souvent invités à entrer en relation avec des robots ou des machines, que ce soit à des fins pratiques (thérapeutiques, professionnelles, scientifiques) ou ludiques. Ce type de relation semble dépasser rapidement le simple usage fonctionnel, la réaction automatique et l’action mécanique, pour s’ouvrir à quelques interactions lors desquelles nous tentons d’interpréter le comportement de ces objets.  Pourquoi et comment sommes-nous tentés d’interagir avec ces objets insolites qui s'animent, bougent et évoluent ? L'étude de ces objets intéresse des champs très divers des sciences, des arts et du design. Quelles méthodes adopter toutefois pour expérimenter, observer et analyser ces interactions ?

Robotique, IA, art et design, anthropologie, psychologie, philosophie, sciences du langage… chaque domaine développe ses propres notions, outils, souvent dans des contextes pluridisciplinaires. Quelles réponses la philosophe peut-elle apporter au roboticien ? En quoi la psychologie peut se nourrir du travail de l'anthropologue ? Les artistes peuvent-ils contribuer à la sociolinguistique des interactions ?

L’objectif de cette conférence est de croiser les regards des disciplines et pratiques scientifiques sur ces nouveaux objets et les interactions qu’ils suscitent. 

L'interdisciplinarité sera dans ce contexte pratiquée, expérimentée et discutée à partir de formes concrètes qu'elle prend et des tentatives (fructueuses ou non) qu'elle déploie. Ainsi, les discussions seront organisées sous forme de tables-rondes autour de trois grandes questions sur la thématique de l'interaction avec des objets animés:

Conception de l'objet : à quoi doit ressembler un objet animé ?
Comment conçoit-on un objet animé interactif ? Quels sont les paramètres, les caractéristiques et les propriétés de ces objets (forme, design, fonctionnalité) sur lesquels on peut jouer pour qu'un objet animé devienne un "partenaire" à nos yeux ? Quels sont les outils, les savoirs, les technologies que l'on peut mobiliser ? Dans quelle mesure le protocole expérimental influence-t-il et contraint-il la conception ? Peut-on et doit-on envisager une conception frugale ? Quelle place pour l'utilisateur dans la conception ?

Expérimentation et observation : comment concevoir une expérience ?
Comment bien comprendre ce qui se joue lors d’une interaction avec un objet animé ? Que peut-on mesurer, que peut-on évaluer, que peut-on observer ? Les approches qualitatives et quantitatives peuvent-elles se répondre, se nourrir, s'opposer ? Dans quelle mesure la temporalité de la confrontation influence-t-elle le résultat de l'expérimentation ? Dans quelle mesure l'observation en milieu naturel permet-elle de dépasser les limitations des expérimentations en laboratoire ? Quels sont les lieux de l'interdisciplinarité ?

Analyse : que retirons-nous de ces expériences ?
Comment interpréter les données issues d'expérimentations avec des objets animés ? Quelle confiance accorder au témoignage des sujets ? L'interprétation est-elle indépendante de toute évaluation éthique de l'interaction ? Quels sont les modèles et les théories mobilisables ? Comment intégrer des méthodes d'analyses multiples ? Ces travaux peuvent-ils éclairer les usages croissants du numérique ? Quels problèmes éthiques et politiques soulèvent ces drôles d'objets ? 

En outre, nous disposerons d'espaces de conception et d'expérimentation pour présenter les ateliers, démonstrations et installations sélectionnés, qui offriront des occasions de confronter les approches, d'affiner les questions et de prolonger les discussions.

Mots-clefs : arts/sciences, création, émotion, empathie, expérimentation, expression, intentionnalité, interaction, interdisciplinarité, interprétation, modèles, observation, perception, projection, robots.


Soumissions & formats
Les soumissions, 5000 signes, notes, espaces et bibliographies comprises, devront être envoyées pour le 31 octobre 2022.
Elles devront préciser :
  • La thématique de la soumission (Conception de l'objet, Expérimentation et observation, Analyse)
  • La discipline de l'auteur
  • Le type de soumission (Présentation & table ronde, Atelier, Démonstration,  Installation, Poster)


Dates importantes
  • 31 octobre 2022 : Date limite de soumission
  • Février 2023 : Notification aux auteurs


Comité Scientifique
Frédéric Alexandre, Virginie André, Salvatore Anzalone, Valérie Aucouturier, Heike Baldauf-Quilliatre, Joffrey Becker, Samuel Bianchini, Arnaud Blanchard, Yann Boniface, Amine Boumaza, Dominique Deuff, Olivier Duris, Alain Dutech, Carole Etienne, Valeria Giardino, Emmanuelle Grangier, Jean-François Grassin, Xavier Hinaut, Diego Jarak, Justine Lascar, Florent Levillain, Ghiles Mostafaoui, Guillaume Nassau, Magalie Ochs, Filipe Pais, Catherine Pelachaud, Alexandre Pitti, Christian Plantin, Manuel Rebuschi, Arnaud Revel, Nicolas Rougier, Lucile Sassatelli, Lucien Tisserand, Serge Tisseron, Julien Toulze, Natacha Vas-Deyres, Frédéric Verhaegen, Denis Vidal, Marion Voillot, Elisabetta Zibetti.


La précédente, et première édition, a fini par pouvoir se tenir en 2021 à La Rochelle. 
Les soumissions, articles longs et la conférence publique finale peuvent être consultés sur la page : 


lundi 23 mai 2022

The Three Problems of Robots and AI

Becker, Joffrey. 2022. “The Three Problems of Robots and AI.” Social Epistemology Review and Reply Collective 11 (5): 44-49

Using examples from an ethnographic survey I conducted with manufacturers, researchers and users of so-called intelligent systems, this paper seeks to show that the relationship between humans and machines raises at least three categories of problems. The first one refers to their status and to the way they rely on life processes to function. The second emerges from the very particular interactions humans can have with them. Finally, the third one is related to the ways in which they reconfigure human organizations and activities. Leaning on the description of these ontological, interactional and organizational dimensions, this article will argue that we cannot fully grasp the effects of robots and AI without taking these dimensions into account. … 

Read the rest of the article on Social Epistemology Review and Reply Collective.


 


vendredi 8 avril 2022

Käte Hamburger Kolleg (c:o/re) - Lecture Series

Social Anthropologist Joffrey Becker, Fellow at the Käte Hamburger Kolleg: Cultures of Research (c:o/re) at RWTH Aachen University and Research Associate at Laboratoire d’Anthropologie Sociale at the Collège de France, talks about human-machine interactions and social changes associated to the design of intelligent systems. This talk was part of the Lecture Series „Digitalization of Research” at c:o/re.

https://khk.rwth-aachen.de/

mercredi 23 mars 2022

Ciné Campagn'art - Rogery

 

Séverine Lagneaux et moi revenons demain sur les lieux de notre film Routines dans le cadre du ciné Campagn'art.

ROUTINES

Réalisation : Séverine Lagneaux et Joffrey Becker 

Production : Jean-Frédéric de Hasque 

Montage : Bruno Tracq 

Durée : 36 minutes 

Filmé en Belgique dans un élevage laitier de la Région wallonne, Routines décrit le quotidien de l’exploitation et les reconfigurations liées à sa robotisation. En adoptant le point de vue des acteurs humains, animaux ou mécaniques, le film explore la façon dont la robotique et l’informatique transforment les interactions et les pratiques domesticatoires. 

Rien à voir, CNRS, Fondation Fyssen / 2022

lundi 7 mars 2022

Royal Anthropological Institute - Virtual Conference


Anthropology, AI and the Future of Human Society

6 -10 June 2022

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P14 - Controlled Environment Facilities and the Visualisation of Future Human Society

Convenors: Elie Danziger (Laboratoire d'Anthropologie Sociale [Collège de France - PSL, CNRS, EHESS]), Perig Pitrou (CNRS - PSL) & Teresa Castro (Sorbonne Nouvelle)

https://nomadit.co.uk/conference/rai2022/p/11152

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Living in a Loop

A Visual Ethnography of Routines in a Robotic Dairy Farm 

Joffrey Becker (RWTH Aachen University)

Severine Lagneaux (CRA-W [Belgique])

Robotic dairy farms constitute a special kind of controlled ecosystem. They form a space where relations between humans and animals combine with the activity of computer systems and robots in what appear to be a complete redistribution of relations in an adapted and a digitalised infrastructure. Do such hybrid systems raise new issues regarding the routines which characterize the activities in the barn? What new socio-technical arrangements are emerging from robotics and computer science practices?

Based on film, our ethnography shows that while robotic milking is a further step in the rationalization of milk production processes, the integration of robots, sensors to acquire data, and computer systems to process them introduces changes in the relation between the farmer and his herd. These systems therefore imply new arrangements between humans, animals and machines, which consist of a new method to achieve an optimized level of performance. Questioning the impact that socio-material organisation can have on activities in a community composed of humans, technical devices and non-humans, our ethnographic study resulted in a documentary film called Routines.

Taking place in a Belgian dairy farm of the Walloon region, Routines describes the daily life of the farm and the reconfigurations linked to its robotisation. By adopting the point of view of human, animal or mechanical actors, the film addresses the way in which robotics and computer technology contribute to transform not only the work activities but also the interactions and practices of domestication.

Ph.D Course - New technologies and the future of the human


PHD COURSE
28-31 March 2022

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Centre Universitaire de Norvège à Paris
54, Boulevard Raspail
75006 Paris

New ways of being human and social

The course is dedicated to an investigation of the imaginary projects of technoscience, in which new ways of being human and new ways of being social are being developed. This is going to be an exploratory course, mobilizing what we think we know about the human being into thinking and speculating about what the future might bring. In this effort the lecturers and students together will equally be searching for possible entries into an understanding.

Technological innovation in human-computer interfaces, medical breakthroughs in nano- and biotechnology, infrastructural transformations of urban orders, algorithmic government, new technologies to intervene in anthropogenic climate change, all seriously challenge established understandings of the human being and its environment.

Moral, existential and ontological questions

What will be the nature of the human being in the future? What are the potentials of new genetics? Of cloning? Can AI develop human qualities? What happens to social relations when we are primarily living in digital, virtual spaces? What social status do robots, avatar and digital selves acquire? What is the future of cities when scientists predict radical life-threatening climate disasters, and even their extinction? And, what do the new technologies of surveillance, climate regulations and "greening" policies entail for the institutional frames for human life?

In the age of technoscience, the very idea of what a human being is, has come to be fundamentally challenged: in new human-machine interfaces, in human enhancements technologies, in synthetic biology and genetic engineering, as well as new nature/culture relationships. Active transhumanist movements work for ideological and political backing for the investments in science that can bring about a new and potentially enhanced and even immortal human form. The idea of a future where humans live in space are not only the fantasies of California billionaires like Elon Musk, or sci-fi movies, but has become imaginative grounds for social movements, especially in the U.S. and Russia but also across the globe.

Lecturers: Joffrey Becker (KHK c:o/re, RWTH Aachen University), Anya Bernstein (Harvard University), Bjørn Enge Bertelsen (UiB), Kerry Chance (UiB), Annelin Eriksen (UiB), Alexandre Mazel (R3S, Pitié-Salpêtrière Hospital & Sorbonne University, Paris), Alexandre Pitti (Laboratoire ETIS, CY Cergy Paris Université, ENSEA, CNRS), Knut Rio (UiB)

Information and program: https://www.uib.no/en/course/SANT906