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jeudi 2 janvier 2025

[AAC] Reconfigurations robotiques [Philosophia Scientiae 30/1]

APPEL À CONTRIBUTIONS

Philosophia Scientiae lance un appel à contributions pour un numéro spécial sur le thème suivant :

RECONFIGURATIONS ROBOTIQUES 

Éditeurs invités : 

Joffrey Becker & Julien Wacquez 

(ETIS, UMR8051 - CY Cergy Paris Université, ENSEA, CNRS)

*

Date limite de soumission : 1er janvier 2025 1er février 2025

Date de notification : 1er avril 2025 30 avril 2025

Version finale : 1er septembre 2025

Adresses de soumission : joffrey.becker@ensea.fr ; julien.wacquez@gmail.com

Appel à contributions [Fr] : https://journals.openedition.org/philosophiascientiae/4391

Call for contributions [En] : https://journals.openedition.org/philosophiascientiae/4396


Les machines dites intelligentes sont de biens drôles d’objets. Leur existence est source de confusion et d’ambiguïté. Elles suscitent la curiosité et l’enthousiasme, mais aussi le malaise et parfois l’anxiété. Ces objets ont désormais intégré d’innombrables domaines de la vie sociale. Malgré leur invisibilité flagrante, les processus autonomes s’introduisent partout, transformant notre regard sur la vie et le vivant, le travail, les relations, les soins, les relations amoureuses ou la guerre. Dans ce moment que certains qualifient volontiers d’historique, il ne se passe pas une semaine sans que les systèmes intelligents ne soient évoqués dans les journaux, suscitant de nouveaux espoirs, de nouvelles controverses, de nouveaux fantasmes et de nouvelles angoisses.

Les travaux menés dans les domaines de l’informatique, du génie électrique et du génie mécanique ont fait de ces disciplines les principaux acteurs de la robotique. Cependant, d’autres domaines se sont également emparés des questions soulevées par ces objets. Du point de vue des sciences humaines et sociales, par exemple, de nombreuses études se concentrent sur les questions épistémologiques (Rebuschi, 2021 ; Becker, 2023), culturelles (Wright, 2018 ; Grimaud, 2021), éthiques (Khamassi, Chatila & Mille, 2019) et sociales liées à l’IA et à la robotique (Casilli, 2019 ; Nassau, 2021). L’art et le design envisagent également d’autres manières de fabriquer ces objets, ainsi que de nouvelles formes d’interaction autour de leurs comportements (Becker, 2015 ; Bianchini & Quinz, 2016 ; Quinz, 2021). L’IA, en particulier lorsqu’elle dote les artefacts d’une capacité d’animation et d’interaction, constitue un objet frontière (Star & Griesemer, 1989) : elle agrège des intérêts très divers et, ce faisant, permet de croiser les disciplines, les perspectives et les méthodes (Psyphine, 2022).

Anticiper l’impact de la robotique et de l’IA sur la société est devenu une sorte d’obsession contemporaine. Ce questionnement n’est pourtant pas récent dans le champ des sciences sociales et des humanités. Lucy Suchman, par exemple, a été l’une des premières chercheuses à étudier les reconfigurations liées à l’introduction des machines dans les relations, en se concentrant sur les problèmes de communication entre humains et systèmes automatiques (Suchman, 2007). Les asymétries qu’elle a observées relèvent de la différence de nature entre les machines dites intelligentes et leurs utilisateurs, et posent la question de leur qualification. Or, si la constitution mutuelle des corps et des machines est un enjeu anthropologique majeur (Suchman, 2007 ; Becker, 2015), les recherches menées dans les domaines de la robotique et de l’IA impliquent d’étudier des transformations qui vont bien au-delà du simple face-à-face avec des machines dont l’anthropomorphisme (un thème récurrent de la littérature sur les robots) fascine autant qu’il distrait. Ce numéro thématique cherche à étendre la réflexion au-delà du seul rapport à l’ontologie des robots.

Il cherchera en particulier à aborder les questions de relation, d’arrangement, d’association, d’assemblage et d’accommodation entre humains et machines (Velkovska & Relieu, 2021). Le numéro portera par exemple l’intérêt sur la manière dont ces objets techniques sont pris dans un réseau au sein duquel ils assignent des places spécifiques (Akrich, 1987 ; 1989 ; Woolgar, 1990), sur la manière dont ils distribuent des identités, des matériaux ou des actions humaines (Gell, 1998), sur leur rôle dans l’agencement mutuel des humains, des instruments, des objets et des pratiques dans les sciences (Knorr-Cetina, 1999), ou encore sur l’hybridité particulière qu’ils établissent en contribuant à coordonner la participation de différents agents à une action commune (Pitrou, 2017). En se focalisant sur les reconfigurations impliquées par leur mise en œuvre, ces orientations invitent à considérer le rôle médiateur des objets techniques.

Quelle est l’ampleur de ces reconfigurations ? Que se passe-t-il à l’interface des relations entre humains et systèmes dits intelligents ? Si la situation expérimentale d’interaction avec des robots anthropomorphes contribue à redéfinir les représentations que les humains se font de leur corps, les systèmes dits intelligents jouent également sur d’autres registres et interviennent à d’autres échelles. Quels sont-ils ? Dans quelles temporalités opèrent-ils ? Et quelles échelles de la vie sociale impliquent-ils ? Ce numéro thématique s’articulera autour de quatre grands axes.

1/ L’épistémologie des systèmes dits intelligents

Comme les automates de l’âge classique, les machines intelligentes s’inscrivent dans un effort qui concerne à la fois les connaissances théoriques et le champ des applications. Elles cherchent leur voie entre une approche mimétique et pragmatique (Star, 1988 ; Riskin, 2003), c’est-à-dire entre la compréhension des phénomènes qu’elles cherchent à imiter et l’ensemble des contraintes liées aux techniques ou aux matériaux utilisés pour atteindre ce but. Les fonctions vitales sont une source d’inspiration pour penser la vie et les processus vitaux. Il en résulte une approche du vivant basée sur l’artefact, une biologie limite (Helmreich, 2011), où la “vie telle qu’elle pourrait être” repose sur la pratique de l’analogie (Thom, 1979) tout en reproduisant des visions déjà existantes de la “vie telle qu’elle est” (Helmreich, 1998). Il s’agira d’examiner cet espace trouble, entre la robotique bio-inspirée et la biologie inspirée par les machines (Datteri & Tamburrini, 2007 ; Tamborini, 2021), qui semble caractériser l’épistémologie roboticienne.

2/ L’anthropomorphisme formel ou comportemental et ses effets dans l’interaction

Il s’agira également de porter l’attention à la façon dont les robots dits sociaux tendent à reconfigurer les relations que nous avons avec nos objets. S’ils peuvent imiter l’apparence humaine, les gestes des robots ne nous semblent jamais clairement familiers (Mori, 1970). Nous reconnaissons presque toujours leur nature mécanique (Grimaud et Paré, 2011 ; Becker, 2015 ; Vidal, 2017). Ils restent à nos yeux des boîtes noires dont nous ne comprenons pas le fonctionnement (Suchman, 2007). En cela, ils rejoignent un ensemble beaucoup plus large d’objets, le plus souvent à vocation rituelle (Vidal, 2007 ; Severi, 2007, 2017 ; Dufrêne et al., 2016), qui intéressent particulièrement la recherche anthropologique. Comme beaucoup d’autres objets étudiés par les anthropologues, ils véhiculent des représentations de la vie et des relations sociales, et contribuent à en définir les frontières (Helmreich, 1998 ; Héritier, 2007 ; Coupaye et Pitrou, 2018). Quels effets ont-ils sur nous ? Devient-on animiste au contact des robots ? Comment caractériser l’interaction humain-robot / humain-système ?

3/ Les configurations socio-techniques et les reconfigurations initiées par la robotique

Au-delà des relations de face à face, ce numéro s’intéressera également à la manière dont les machines dites intelligentes s’insèrent dans les activités humaines. La robotique et l’informatique considèrent la vie dans ce qu’elle a de plus ordinaire. Nos routines sont désormais un élément clé de leur travail, ce qui a conduit à la conception d’objets capables d’intégrer les activités humaines dans leur fonctionnement dans des secteurs allant des soins de santé (Jacob Rodrigues, Postolache & Cercas, 2020) au contrôle du trafic (Dimitrakopoulos & Demestichas, 2010). Les systèmes dits intelligents ne se limitent pas à agir sur nos connaissances et nos représentations de la vie, ou sur les relations que nous entretenons avec nos objets. Ce sont aussi des dispositifs techniques dans lesquels nous inscrivons nos activités sociales. Ils affectent les relations entre les acteurs et contribuent à réorganiser leurs activités. Qu’il s’agisse de robots cognitifs (par exemple à caractère social) ou d’architectures informatiques capables d’actions réflexes (par exemple lancer des alertes), ces objets nous invitent à être attentifs à la place qu’ils prennent dans les systèmes sociotechniques et aux rôles qu’ils font jouer aux humains (Akrich, 1987 ; 1989).

4/ Les imaginaires robotiques ou la robotisation des imaginaires

Enfin, ce dossier explorera la relation complexe qu’entretiennent les robots, cyborgs, machines et autres systèmes dits intelligents avec la fiction et la narration. D’un côté, les scientifiques font sens de leurs propres recherches en les insérant dans des récits (Gusfield 1980). De l’autre, les machines qu’ils conçoivent (ou peut-être celles dont ils rêvent) circulent beaucoup plus largement au sein de la société à travers les œuvres de science-fiction. Que gagnerait-on à écrire une histoire conjointe des sciences et des fictions robotiques ? L’une confère-t-elle sa forme à l’autre ou s’agit-il de deux domaines irrémédiablement séparés ? Ces rapports entre science et fiction se compliquent à la suite des évolutions récentes que connaissent chacun de ces domaines. D’une part, de nouveaux usages des récits de science-fiction se développent au sein même des disciplines scientifiques (Milburn 2010), des sciences humaines et sociales (Mengozzi & Wacquez 2023) et des organisations publiques et privées (Galison 2016 ; Roussie et al. 2022) – en en faisant un outil à penser des altérités ou des alternatives, un outil de prospective pour anticiper les futurs possibles (Grimaud & Wacquez 2023). D’autre part, les machines elles-mêmes deviennent des outils à produire des fictions (Gefen 2023). À mesure qu’elles s’immiscent toujours plus profondément dans nos vies sociales et culturelles, peut-on parler d’une robotisation des imaginaires ?


Modalités de soumission

Les manuscrits devront : 

  • être originaux, et ne peuvent pas être en cours de soumission pour une autre publication ; 
  • être rédigés en anglais ou en français ; 
  • ne pas dépasser 50 000 caractères (espaces, résumés, bibliographie et notes compris) ; 
  • être préparés pour une évaluation anonyme en double aveugle ; 
  • contenir un résumé en français et un résumé en anglais (env. 15 lignes) ; 
  • être au format Word, OpenOffice ou LaTex (https://journals.openedition.org/philosophiascientiae/449) ;
  • être envoyés avant le 1er janvier 2025 à joffrey.becker@ensea.fr et julien.wacquez@gmail.com 

Pour le format de l’article, consulter les instructions aux auteurs : https://journals.openedition.org/philosophiascientiae/452


Bibliographie

Akrich, Madeleine [1987], Comment décrire les objets techniques ?, Techniques & culture, 9, 49-64. Akrich, Madeleine [1989], La construction d’un système socio-technique : Esquisse pour une anthropologie des techniques, Anthropologie et sociétés, 13(2), 31-54. Becker, Joffrey [2015], Humanoïdes, Expérimentations croisées entre arts et sciences, Nanterre : Presses Universitaires de Paris Ouest. Becker, Joffrey [2023], Artificial Lives, Analogies and Symbolic Thought: An Anthropological Insight on Robots and AI, Studies in History and Philosophy of Science, 99, 89-96. Bianchini, Samuel, Quinz, Emanuele (Ed) [2016], Behavioral Objects I, A Case Study: Céleste Boursier-Mougenot, Berlin-New York : Sternberg Press - MIT Press. Casilli, Antonio [2019], En attendant les robots : Enquête sur le travail du clic, Paris : Seuil. Coupaye, Ludovic, Pitrou, Perig [2018], The Interweaving of Vital and Technical Processes in Oceania, Oceania, 88(1), 2-12. Datteri, Edoardo, Tamburrini, Guglielmo [2007]. Biorobotic Experiments for the Discovery of Biological Mechanisms, Philosophy of Science, 74(3), 409-430. DOI : 10.1086/522095 Dimitrakopoulos, George, Demestichas, Panagiotis [2010], Intelligent Transportation Systems. IEEE Vehicular Technology Magazine, 5(1), 77-84. Dufrêne, Thierry, Grimaud, Emmanuel, Taylor-Descola, Anne-Christine, Vidal, Denis (ed.) [2016], Persona : étrangement humain. Arles : Musée du quai Branly/Actes Sud. Galison, Peter [2016], Quand l’État écrit de la science-fiction, Angle Mort, 12, accessible en ligne : https://www.angle-mort.fr/fiction/quand-letat-ecrit-de-la-science-fiction/ Gefen, Alexandre (Ed) [2023], Créativités artificielles – La littérature et l’art à l’heure de l’intelligence artificielle. Paris : Les Presses du réel. Gell, Alfred [1998], Art and Agency, An anthropological theory, Oxford : Clarendon Press. Grimaud, Emmanuel [2021], Dieu point zéro : Une anthropologie expérimentale, Paris : PUF. Grimaud, Emmanuel, Paré, Zaven [2011], Le jour où les robots mangeront des pommes : conversations avec un Geminoïd. Paris : Petra. Grimaud, Emmanuel, Wacquezn Julien [2023], Le vertige futurologique, Terrain, 79, 2-25. Gusfield, Joseph [2009], La culture des problèmes publics. L’alcool au volant : la production d’un ordre symbolique. Paris : Economica, coll. “études sociologiques”.  Helmreich, Stefan [1998], Silicon Second Nature, Culturing Artificial Life in a Digital World, Berkeley: University of California Press. Helmreich, Stefan [2011], What was life? Answers from three limit biologies, Critical Inquiry, 37(4), 671-696. Héritier, Françoise [2007], Chimères, artifices et imagination. in J.-P. Changeux, L’Homme artificiel, Colloque annuel, Paris : Odile Jacob, 39-59. Jacob Rodrigues, Mariana, Postolache, Octavian, Cercas, Francisco [2020], Physiological and Behavior Monitoring Systems for Smart Healthcare Environments: A Review, Sensors 2020, 20, 2186. Khamassi, Mehdi, Chatila, Raja, Mille Alain [2019] Éthique et sciences cognitives, Intellectica 70(1), 7-39. Knorr-Cetina, Karin [1999]. Epistemic Cultures, How the Sciences Make Knowledge, Cambridge : Harvard University Press. Mengozzi, Chiara, Wacquez, Julien [2023], On the Use of Science Fiction in Environmental Humanities and Social Sciences: Meaning and Reading Effects, Science Fiction Studies, 50(2), 145-174. Milburn, Colin [2010] Modifiable Futures: Science Fiction at the Bench. Isis, 101(3), 560-569. Mori, Masahiro [1970], Bukimi no tani (the uncanny valley), Energy, 7(4), 33-35. Nassau, Guillaume [2021], Le robot face à nous : interlocuteur ou objet de discussion ? Analyse interactionnelle d’une rencontre Homme-machine, Drôles d’objets : un nouvel art de faire, Oct 2021, La Rochelle, France. DOI : 10.5281/zenodo.6059653. Psyphine [2021], Que prêtons-nous aux machines ? Approches interdisciplinaires des interactions homme-robot, Nancy : PUN - MSH Lorraine. Pitrou, Perig [2017], Life Form and Form of Life within an Agentive Configuration: A Birth Ritual among the Mixe of Oaxaca, Mexico, Current Anthropology, 58(3), 360–80. Quinz, Emanuele [2021], Le comportement des choses, Paris : Les presses du réel. Rebuschi, Manuel [2021], Drôles d’objets ou drôles d’interactions ?. Drôles d’objets : un nouvel art de faire, Oct 2021, La Rochelle, France. DOI : 10.5281/zenodo.6059665. Riskin, Jessica [2003], The Defecating Duck, or the Ambiguous Origins of Artificial Life, Critical Inquiry. 29(4), 599-633. Roussie, Marie, Denis-Rémis, Cédric, Colas, Jean-Baptiste [2022], La Red Team Défense : quand la science-fiction permet aux armées françaises d’explorer le futur, Annales des Mines - Responsabilités & Environnement, 107(3) : 75-78. Severi, Carlo [2007], Le principe de la chimère : une anthropologie de la mémoire, Paris : Éditions Rue d’Ulm. Severi, Carlo [2017], L’objet-personne : une anthropologie de la croyance visuelle, Paris : Éditions Rue d’Ulm.. Suchman, Lucy [2007], Human-Machine reconfigurations, Plans and situated actions, 2nd Edition, Cambridge: Cambridge University Press. Star, Susan Leigh [1988], The Structure of Ill-Structured Solutions: Boundary Objects and Heterogeneous Distributed Problem Solving, in L. Gasser & M. N. Huhns (Ed), Distributed Artificial Intelligence, vol II. London – San Mateo, Pitman: Morgan Kaufmann Publishers, 37-55 Tamborini, Marco [2021], The Material Turn in the Study of Form: From Bio-Inspired Robots to Robotics-Inspired Morphology, Perspective on Science, 29(5), 643-665, DOI : 10.1162/posc_a_00388 Thom, René [1979], Modélisation et scientificité, in P. Delattre, & M. Thellier (Ed), Élaboration et justification des modèles, Actes du colloque, ENS, 9-14 oct. 1978, Tome 1. Paris : Maloine-Doin, 21-29. Velkovska, Julia, Relieu, Marc [2021], Pour une conception “située” de l’intelligence artificielle. Des interactions hybrides aux configurations socio-techniques, Réseaux, 229(5), 215-229. Vidal, Denis [2007], Anthropomorphism or sub-anthropomorphism ? An anthropological approach to gods and robots, Journal of the Royal Anthropological Institute, 13(4), 917-933. Vidal, Denis [2017], Aux frontières de l’humain : dieux, figures de cire, robots et autres artefacts, Paris : Alma. Woolgar, Steve [1990], Configuring the user: the case of usability trials, The Sociological Review, 38(1), 58-99. Wright, James [2018], Tactile care, mechanical Hugs: Japanese caregivers and robotic lifting devices, Asian Anthropology, 17(1), 24-39.


vendredi 6 septembre 2024

[AAC] Reconfigurations robotiques [Philosophia Scientiae 30/1]

APPEL À CONTRIBUTIONS

Philosophia Scientiae lance un appel à contributions pour un numéro spécial sur le thème suivant :

RECONFIGURATIONS ROBOTIQUES 

Éditeurs invités : 

Joffrey Becker & Julien Wacquez 

(ETIS, UMR8051 - CY Cergy Paris Université, ENSEA, CNRS)

*

Date limite de soumission : 1er janvier 2025

Date de notification : 1er avril 2025

Version finale : 1er septembre 2025

Adresses de soumission : joffrey.becker@ensea.fr ; julien.wacquez@gmail.com

Appel à contributions [Fr] : https://journals.openedition.org/philosophiascientiae/4391

Call for contributions [En] : https://journals.openedition.org/philosophiascientiae/4396


Les machines dites intelligentes sont de biens drôles d’objets. Leur existence est source de confusion et d’ambiguïté. Elles suscitent la curiosité et l’enthousiasme, mais aussi le malaise et parfois l’anxiété. Ces objets ont désormais intégré d’innombrables domaines de la vie sociale. Malgré leur invisibilité flagrante, les processus autonomes s’introduisent partout, transformant notre regard sur la vie et le vivant, le travail, les relations, les soins, les relations amoureuses ou la guerre. Dans ce moment que certains qualifient volontiers d’historique, il ne se passe pas une semaine sans que les systèmes intelligents ne soient évoqués dans les journaux, suscitant de nouveaux espoirs, de nouvelles controverses, de nouveaux fantasmes et de nouvelles angoisses.

Les travaux menés dans les domaines de l’informatique, du génie électrique et du génie mécanique ont fait de ces disciplines les principaux acteurs de la robotique. Cependant, d’autres domaines se sont également emparés des questions soulevées par ces objets. Du point de vue des sciences humaines et sociales, par exemple, de nombreuses études se concentrent sur les questions épistémologiques (Rebuschi, 2021 ; Becker, 2023), culturelles (Wright, 2018 ; Grimaud, 2021), éthiques (Khamassi, Chatila & Mille, 2019) et sociales liées à l’IA et à la robotique (Casilli, 2019 ; Nassau, 2021). L’art et le design envisagent également d’autres manières de fabriquer ces objets, ainsi que de nouvelles formes d’interaction autour de leurs comportements (Becker, 2015 ; Bianchini & Quinz, 2016 ; Quinz, 2021). L’IA, en particulier lorsqu’elle dote les artefacts d’une capacité d’animation et d’interaction, constitue un objet frontière (Star & Griesemer, 1989) : elle agrège des intérêts très divers et, ce faisant, permet de croiser les disciplines, les perspectives et les méthodes (Psyphine, 2022).

Anticiper l’impact de la robotique et de l’IA sur la société est devenu une sorte d’obsession contemporaine. Ce questionnement n’est pourtant pas récent dans le champ des sciences sociales et des humanités. Lucy Suchman, par exemple, a été l’une des premières chercheuses à étudier les reconfigurations liées à l’introduction des machines dans les relations, en se concentrant sur les problèmes de communication entre humains et systèmes automatiques (Suchman, 2007). Les asymétries qu’elle a observées relèvent de la différence de nature entre les machines dites intelligentes et leurs utilisateurs, et posent la question de leur qualification. Or, si la constitution mutuelle des corps et des machines est un enjeu anthropologique majeur (Suchman, 2007 ; Becker, 2015), les recherches menées dans les domaines de la robotique et de l’IA impliquent d’étudier des transformations qui vont bien au-delà du simple face-à-face avec des machines dont l’anthropomorphisme (un thème récurrent de la littérature sur les robots) fascine autant qu’il distrait. Ce numéro thématique cherche à étendre la réflexion au-delà du seul rapport à l’ontologie des robots.

Il cherchera en particulier à aborder les questions de relation, d’arrangement, d’association, d’assemblage et d’accommodation entre humains et machines (Velkovska & Relieu, 2021). Le numéro portera par exemple l’intérêt sur la manière dont ces objets techniques sont pris dans un réseau au sein duquel ils assignent des places spécifiques (Akrich, 1987 ; 1989 ; Woolgar, 1990), sur la manière dont ils distribuent des identités, des matériaux ou des actions humaines (Gell, 1998), sur leur rôle dans l’agencement mutuel des humains, des instruments, des objets et des pratiques dans les sciences (Knorr-Cetina, 1999), ou encore sur l’hybridité particulière qu’ils établissent en contribuant à coordonner la participation de différents agents à une action commune (Pitrou, 2017). En se focalisant sur les reconfigurations impliquées par leur mise en œuvre, ces orientations invitent à considérer le rôle médiateur des objets techniques.

Quelle est l’ampleur de ces reconfigurations ? Que se passe-t-il à l’interface des relations entre humains et systèmes dits intelligents ? Si la situation expérimentale d’interaction avec des robots anthropomorphes contribue à redéfinir les représentations que les humains se font de leur corps, les systèmes dits intelligents jouent également sur d’autres registres et interviennent à d’autres échelles. Quels sont-ils ? Dans quelles temporalités opèrent-ils ? Et quelles échelles de la vie sociale impliquent-ils ? Ce numéro thématique s’articulera autour de quatre grands axes.

1/ L’épistémologie des systèmes dits intelligents

Comme les automates de l’âge classique, les machines intelligentes s’inscrivent dans un effort qui concerne à la fois les connaissances théoriques et le champ des applications. Elles cherchent leur voie entre une approche mimétique et pragmatique (Star, 1988 ; Riskin, 2003), c’est-à-dire entre la compréhension des phénomènes qu’elles cherchent à imiter et l’ensemble des contraintes liées aux techniques ou aux matériaux utilisés pour atteindre ce but. Les fonctions vitales sont une source d’inspiration pour penser la vie et les processus vitaux. Il en résulte une approche du vivant basée sur l’artefact, une biologie limite (Helmreich, 2011), où la “vie telle qu’elle pourrait être” repose sur la pratique de l’analogie (Thom, 1979) tout en reproduisant des visions déjà existantes de la “vie telle qu’elle est” (Helmreich, 1998). Il s’agira d’examiner cet espace trouble, entre la robotique bio-inspirée et la biologie inspirée par les machines (Datteri & Tamburrini, 2007 ; Tamborini, 2021), qui semble caractériser l’épistémologie roboticienne.

2/ L’anthropomorphisme formel ou comportemental et ses effets dans l’interaction

Il s’agira également de porter l’attention à la façon dont les robots dits sociaux tendent à reconfigurer les relations que nous avons avec nos objets. S’ils peuvent imiter l’apparence humaine, les gestes des robots ne nous semblent jamais clairement familiers (Mori, 1970). Nous reconnaissons presque toujours leur nature mécanique (Grimaud et Paré, 2011 ; Becker, 2015 ; Vidal, 2017). Ils restent à nos yeux des boîtes noires dont nous ne comprenons pas le fonctionnement (Suchman, 2007). En cela, ils rejoignent un ensemble beaucoup plus large d’objets, le plus souvent à vocation rituelle (Vidal, 2007 ; Severi, 2007, 2017 ; Dufrêne et al., 2016), qui intéressent particulièrement la recherche anthropologique. Comme beaucoup d’autres objets étudiés par les anthropologues, ils véhiculent des représentations de la vie et des relations sociales, et contribuent à en définir les frontières (Helmreich, 1998 ; Héritier, 2007 ; Coupaye et Pitrou, 2018). Quels effets ont-ils sur nous ? Devient-on animiste au contact des robots ? Comment caractériser l’interaction humain-robot / humain-système ?

3/ Les configurations socio-techniques et les reconfigurations initiées par la robotique

Au-delà des relations de face à face, ce numéro s’intéressera également à la manière dont les machines dites intelligentes s’insèrent dans les activités humaines. La robotique et l’informatique considèrent la vie dans ce qu’elle a de plus ordinaire. Nos routines sont désormais un élément clé de leur travail, ce qui a conduit à la conception d’objets capables d’intégrer les activités humaines dans leur fonctionnement dans des secteurs allant des soins de santé (Jacob Rodrigues, Postolache & Cercas, 2020) au contrôle du trafic (Dimitrakopoulos & Demestichas, 2010). Les systèmes dits intelligents ne se limitent pas à agir sur nos connaissances et nos représentations de la vie, ou sur les relations que nous entretenons avec nos objets. Ce sont aussi des dispositifs techniques dans lesquels nous inscrivons nos activités sociales. Ils affectent les relations entre les acteurs et contribuent à réorganiser leurs activités. Qu’il s’agisse de robots cognitifs (par exemple à caractère social) ou d’architectures informatiques capables d’actions réflexes (par exemple lancer des alertes), ces objets nous invitent à être attentifs à la place qu’ils prennent dans les systèmes sociotechniques et aux rôles qu’ils font jouer aux humains (Akrich, 1987 ; 1989).

4/ Les imaginaires robotiques ou la robotisation des imaginaires

Enfin, ce dossier explorera la relation complexe qu’entretiennent les robots, cyborgs, machines et autres systèmes dits intelligents avec la fiction et la narration. D’un côté, les scientifiques font sens de leurs propres recherches en les insérant dans des récits (Gusfield 1980). De l’autre, les machines qu’ils conçoivent (ou peut-être celles dont ils rêvent) circulent beaucoup plus largement au sein de la société à travers les œuvres de science-fiction. Que gagnerait-on à écrire une histoire conjointe des sciences et des fictions robotiques ? L’une confère-t-elle sa forme à l’autre ou s’agit-il de deux domaines irrémédiablement séparés ? Ces rapports entre science et fiction se compliquent à la suite des évolutions récentes que connaissent chacun de ces domaines. D’une part, de nouveaux usages des récits de science-fiction se développent au sein même des disciplines scientifiques (Milburn 2010), des sciences humaines et sociales (Mengozzi & Wacquez 2023) et des organisations publiques et privées (Galison 2016 ; Roussie et al. 2022) – en en faisant un outil à penser des altérités ou des alternatives, un outil de prospective pour anticiper les futurs possibles (Grimaud & Wacquez 2023). D’autre part, les machines elles-mêmes deviennent des outils à produire des fictions (Gefen 2023). À mesure qu’elles s’immiscent toujours plus profondément dans nos vies sociales et culturelles, peut-on parler d’une robotisation des imaginaires ?


Modalités de soumission

Les manuscrits devront : 

  • être originaux, et ne peuvent pas être en cours de soumission pour une autre publication ; 
  • être rédigés en anglais ou en français ; 
  • ne pas dépasser 50 000 caractères (espaces, résumés, bibliographie et notes compris) ; 
  • être préparés pour une évaluation anonyme en double aveugle ; 
  • contenir un résumé en français et un résumé en anglais (env. 15 lignes) ; 
  • être au format Word, OpenOffice ou LaTex (https://journals.openedition.org/philosophiascientiae/449) ;
  • être envoyés avant le 1er janvier 2025 à joffrey.becker@ensea.fr et julien.wacquez@gmail.com 

Pour le format de l’article, consulter les instructions aux auteurs : https://journals.openedition.org/philosophiascientiae/452


Bibliographie

Akrich, Madeleine [1987], Comment décrire les objets techniques ?, Techniques & culture, 9, 49-64. Akrich, Madeleine [1989], La construction d’un système socio-technique : Esquisse pour une anthropologie des techniques, Anthropologie et sociétés, 13(2), 31-54. Becker, Joffrey [2015], Humanoïdes, Expérimentations croisées entre arts et sciences, Nanterre : Presses Universitaires de Paris Ouest. Becker, Joffrey [2023], Artificial Lives, Analogies and Symbolic Thought: An Anthropological Insight on Robots and AI, Studies in History and Philosophy of Science, 99, 89-96. Bianchini, Samuel, Quinz, Emanuele (Ed) [2016], Behavioral Objects I, A Case Study: Céleste Boursier-Mougenot, Berlin-New York : Sternberg Press - MIT Press. Casilli, Antonio [2019], En attendant les robots : Enquête sur le travail du clic, Paris : Seuil. Coupaye, Ludovic, Pitrou, Perig [2018], The Interweaving of Vital and Technical Processes in Oceania, Oceania, 88(1), 2-12. Datteri, Edoardo, Tamburrini, Guglielmo [2007]. Biorobotic Experiments for the Discovery of Biological Mechanisms, Philosophy of Science, 74(3), 409-430. DOI : 10.1086/522095 Dimitrakopoulos, George, Demestichas, Panagiotis [2010], Intelligent Transportation Systems. IEEE Vehicular Technology Magazine, 5(1), 77-84. Dufrêne, Thierry, Grimaud, Emmanuel, Taylor-Descola, Anne-Christine, Vidal, Denis (ed.) [2016], Persona : étrangement humain. Arles : Musée du quai Branly/Actes Sud. Galison, Peter [2016], Quand l’État écrit de la science-fiction, Angle Mort, 12, accessible en ligne : https://www.angle-mort.fr/fiction/quand-letat-ecrit-de-la-science-fiction/ Gefen, Alexandre (Ed) [2023], Créativités artificielles – La littérature et l’art à l’heure de l’intelligence artificielle. Paris : Les Presses du réel. Gell, Alfred [1998], Art and Agency, An anthropological theory, Oxford : Clarendon Press. Grimaud, Emmanuel [2021], Dieu point zéro : Une anthropologie expérimentale, Paris : PUF. Grimaud, Emmanuel, Paré, Zaven [2011], Le jour où les robots mangeront des pommes : conversations avec un Geminoïd. Paris : Petra. Grimaud, Emmanuel, Wacquezn Julien [2023], Le vertige futurologique, Terrain, 79, 2-25. Gusfield, Joseph [2009], La culture des problèmes publics. L’alcool au volant : la production d’un ordre symbolique. Paris : Economica, coll. “études sociologiques”.  Helmreich, Stefan [1998], Silicon Second Nature, Culturing Artificial Life in a Digital World, Berkeley: University of California Press. Helmreich, Stefan [2011], What was life? Answers from three limit biologies, Critical Inquiry, 37(4), 671-696. Héritier, Françoise [2007], Chimères, artifices et imagination. in J.-P. Changeux, L’Homme artificiel, Colloque annuel, Paris : Odile Jacob, 39-59. Jacob Rodrigues, Mariana, Postolache, Octavian, Cercas, Francisco [2020], Physiological and Behavior Monitoring Systems for Smart Healthcare Environments: A Review, Sensors 2020, 20, 2186. Khamassi, Mehdi, Chatila, Raja, Mille Alain [2019] Éthique et sciences cognitives, Intellectica 70(1), 7-39. Knorr-Cetina, Karin [1999]. Epistemic Cultures, How the Sciences Make Knowledge, Cambridge : Harvard University Press. Mengozzi, Chiara, Wacquez, Julien [2023], On the Use of Science Fiction in Environmental Humanities and Social Sciences: Meaning and Reading Effects, Science Fiction Studies, 50(2), 145-174. Milburn, Colin [2010] Modifiable Futures: Science Fiction at the Bench. Isis, 101(3), 560-569. Mori, Masahiro [1970], Bukimi no tani (the uncanny valley), Energy, 7(4), 33-35. Nassau, Guillaume [2021], Le robot face à nous : interlocuteur ou objet de discussion ? Analyse interactionnelle d’une rencontre Homme-machine, Drôles d’objets : un nouvel art de faire, Oct 2021, La Rochelle, France. DOI : 10.5281/zenodo.6059653. Psyphine [2021], Que prêtons-nous aux machines ? Approches interdisciplinaires des interactions homme-robot, Nancy : PUN - MSH Lorraine. Pitrou, Perig [2017], Life Form and Form of Life within an Agentive Configuration: A Birth Ritual among the Mixe of Oaxaca, Mexico, Current Anthropology, 58(3), 360–80. Quinz, Emanuele [2021], Le comportement des choses, Paris : Les presses du réel. Rebuschi, Manuel [2021], Drôles d’objets ou drôles d’interactions ?. Drôles d’objets : un nouvel art de faire, Oct 2021, La Rochelle, France. DOI : 10.5281/zenodo.6059665. Riskin, Jessica [2003], The Defecating Duck, or the Ambiguous Origins of Artificial Life, Critical Inquiry. 29(4), 599-633. Roussie, Marie, Denis-Rémis, Cédric, Colas, Jean-Baptiste [2022], La Red Team Défense : quand la science-fiction permet aux armées françaises d’explorer le futur, Annales des Mines - Responsabilités & Environnement, 107(3) : 75-78. Severi, Carlo [2007], Le principe de la chimère : une anthropologie de la mémoire, Paris : Éditions Rue d’Ulm. Severi, Carlo [2017], L’objet-personne : une anthropologie de la croyance visuelle, Paris : Éditions Rue d’Ulm.. Suchman, Lucy [2007], Human-Machine reconfigurations, Plans and situated actions, 2nd Edition, Cambridge: Cambridge University Press. Star, Susan Leigh [1988], The Structure of Ill-Structured Solutions: Boundary Objects and Heterogeneous Distributed Problem Solving, in L. Gasser & M. N. Huhns (Ed), Distributed Artificial Intelligence, vol II. London – San Mateo, Pitman: Morgan Kaufmann Publishers, 37-55 Tamborini, Marco [2021], The Material Turn in the Study of Form: From Bio-Inspired Robots to Robotics-Inspired Morphology, Perspective on Science, 29(5), 643-665, DOI : 10.1162/posc_a_00388 Thom, René [1979], Modélisation et scientificité, in P. Delattre, & M. Thellier (Ed), Élaboration et justification des modèles, Actes du colloque, ENS, 9-14 oct. 1978, Tome 1. Paris : Maloine-Doin, 21-29. Velkovska, Julia, Relieu, Marc [2021], Pour une conception “située” de l’intelligence artificielle. Des interactions hybrides aux configurations socio-techniques, Réseaux, 229(5), 215-229. Vidal, Denis [2007], Anthropomorphism or sub-anthropomorphism ? An anthropological approach to gods and robots, Journal of the Royal Anthropological Institute, 13(4), 917-933. Vidal, Denis [2017], Aux frontières de l’humain : dieux, figures de cire, robots et autres artefacts, Paris : Alma. Woolgar, Steve [1990], Configuring the user: the case of usability trials, The Sociological Review, 38(1), 58-99. Wright, James [2018], Tactile care, mechanical Hugs: Japanese caregivers and robotic lifting devices, Asian Anthropology, 17(1), 24-39.


mardi 9 juillet 2024

[AAC] Drôles d'Objets 2025


Drôles d'Objets
Un nouvel art de faire
Lannion

2-4 juin 2025


Robots, artefacts autonomes, objets connectés : comment concevoir et appréhender ces drôles d’objets qui renouvellent nos interactions avec les autres comme avec le monde ?

Nous sommes de plus en plus souvent invités à entrer en relation avec des robots ou des machines, que ce soit à des fins pratiques (thérapeutiques, professionnelles, scientifiques) ou ludiques. 

Ce type de relation semble dépasser rapidement le simple usage fonctionnel, la réaction automatique et l’action mécanique, pour s’ouvrir à quelques interactions lors desquelles nous tentons d’interpréter le comportement de ces objets.  Pourquoi et comment sommes-nous tentés d’interagir avec ces objets insolites qui s'animent, bougent et évoluent ? L'étude de ces objets intéresse des champs très divers des sciences, des arts et du design. Quelles méthodes adopter toutefois pour expérimenter, observer et analyser ces interactions ?

Robotique, IA, art et design, anthropologie, psychologie, philosophie, sciences du langage… chaque domaine développe ses propres notions, outils, souvent dans des contextes pluridisciplinaires. Quelles réponses la philosophe peut-elle apporter au roboticien ? En quoi la psychologie peut se nourrir du travail de l'anthropologue ? Les artistes peuvent-ils contribuer à la sociolinguistique des interactions ?

L’objectif de cette conférence est de croiser les regards des disciplines et pratiques scientifiques sur ces nouveaux objets et les interactions qu’ils suscitent. 

L'interdisciplinarité sera dans ce contexte pratiquée, expérimentée et discutée à partir de formes concrètes qu'elle prend et des tentatives (fructueuses ou non) qu'elle déploie. Ainsi, les discussions seront organisées sous forme de tables-rondes autour de trois grandes questions sur la thématique de l'interaction avec des objets animés :

Conception de l'objet : à quoi doit ressembler un objet animé ?
Comment conçoit-on un objet animé interactif ? Quels sont les paramètres, les caractéristiques et les propriétés de ces objets (forme, design, fonctionnalité) sur lesquels on peut jouer pour qu'un  objet animé devienne un "partenaire" à nos yeux ? Quels sont les outils, les savoirs, les technologies que l'on peut mobiliser ? Dans quelle mesure le protocole expérimental influence-t-il et contraint-il la conception ? Peut-on et doit-on envisager une conception frugale ? Quelle place pour l'utilisateur dans la conception ?

Expérimentation et observation : comment concevoir une expérience ?
Comment bien comprendre ce qui se joue lors d’une interaction avec un objet animé ? Que peut-on mesurer, que peut-on évaluer, que peut-on observer ? Les approches qualitatives et quantitatives peuvent-elles se répondre, se nourrir, s'opposer ? Dans quelle mesure la temporalité de la confrontation influence-t-elle le résultat de l'expérimentation ? Dans quelle mesure l'observation en milieu naturel permet-elle de dépasser les limitations des expérimentations en laboratoire ? Quels sont les lieux de l'interdisciplinarité ?

Analyse : que retirons-nous de ces expériences ?
Comment interpréter les données issues d'expérimentations avec des objets animés? Quelle confiance accorder au témoignage des sujets? L'interprétation est-elle indépendante de toute évaluation éthique de l'interaction? Quels sont les modèles et les théories mobilisables ? Comment intégrer des méthodes d'analyses multiples ?  Ces travaux peuvent-ils éclairer les usages croissants du numérique ? Quels problèmes éthiques et politiques soulèvent ces drôles d'objets ?

En outre, nous disposerons d'espaces de conception et d'expérimentation pour présenter les ateliers, démonstrations et installations sélectionnés, qui offriront des occasions de confronter les approches, d'affiner les questions et de prolonger les discussions.

Mots-clefs : arts/sciences, création, émotion, empathie, expérimentation, expression, intentionnalité, interaction, interdisciplinarité, interprétation, modèles, observation, perception, projection, robots

Soumissions & formats
Les soumissions, 5000 signes, espaces et bibliographies compris, devront être envoyées avant fin octobre 2024. Elles devront préciser :
  • La thématique de la soumission (Conception de l'objet, Expérimentation et observation, Analyse)
  • La discipline de l'auteur
  • Le type de soumission (Présentation & table ronde, Atelier, Démonstration,  Installation, Poster)

Dates importantes
31 octobre 2024 : Date limite de soumission
Février 2025 : Notification aux auteurs

Comité Scientifique
Frédéric Alexandre, Virginie André, Salvatore Anzalone, Heike Baldauf-Quilliatre, Joffrey Becker, Arnaud Blanchard, Samuel Bianchini, Yann Boniface, Amine Boumaza, Dominique Deuff, Olivier Duris, Alain Dutech, Carole Etienne, Valeria Giardino, Jean-François Grassin, Laetitia Gros, Xavier Hinaut, Justine Lascar, Caroline Moricot, Ghiles Mostafaoui, Guillaume Nassau, Filipe Pais, Catherine Pelachaud, Alexandre Pitti, Manuel Rebuschi, Céline Rosselin-Bareille, Nicolas Rougier, Serge Tisseron, Frédéric Verhaegen, Elisabetta Zibetti.



vendredi 24 mars 2023

Drôles d'Objets 2023 - Inscriptions ouvertes



Drôles d'objets 

Un nouvel art de faire

Nancy

15 - 17 mai 2023

En association avec le festival Musique Action du CCAM/Scène nationale de Vandœuvre

*

Les inscriptions sont ouvertes jusqu'au 1er mai.

Tarif des inscriptions :

Chercheurs et enseignants chercheurs : 50€

Étudiants : 15€

Les frais d'inscription incluent les déjeuners des mardi et mercredi et l'apéro dînatoire.

Lien : https://drolesdobjets23.sciencesconf.org



lundi 18 juillet 2022

[AAC] Droles d'objets 2023

 


Drôles d'objets 
Un nouvel art de faire
Nancy
15 - 17 mai 2023

En association avec le festival Musique Action 
du CCAM / Scène nationale de Vandœuvre

Robots, artefacts autonomes, objets connectés : comment concevoir et appréhender ces drôles d’objets qui renouvellent nos interactions avec les autres comme avec le monde ?

Nous sommes de plus en plus souvent invités à entrer en relation avec des robots ou des machines, que ce soit à des fins pratiques (thérapeutiques, professionnelles, scientifiques) ou ludiques. Ce type de relation semble dépasser rapidement le simple usage fonctionnel, la réaction automatique et l’action mécanique, pour s’ouvrir à quelques interactions lors desquelles nous tentons d’interpréter le comportement de ces objets.  Pourquoi et comment sommes-nous tentés d’interagir avec ces objets insolites qui s'animent, bougent et évoluent ? L'étude de ces objets intéresse des champs très divers des sciences, des arts et du design. Quelles méthodes adopter toutefois pour expérimenter, observer et analyser ces interactions ?

Robotique, IA, art et design, anthropologie, psychologie, philosophie, sciences du langage… chaque domaine développe ses propres notions, outils, souvent dans des contextes pluridisciplinaires. Quelles réponses la philosophe peut-elle apporter au roboticien ? En quoi la psychologie peut se nourrir du travail de l'anthropologue ? Les artistes peuvent-ils contribuer à la sociolinguistique des interactions ?

L’objectif de cette conférence est de croiser les regards des disciplines et pratiques scientifiques sur ces nouveaux objets et les interactions qu’ils suscitent. 

L'interdisciplinarité sera dans ce contexte pratiquée, expérimentée et discutée à partir de formes concrètes qu'elle prend et des tentatives (fructueuses ou non) qu'elle déploie. Ainsi, les discussions seront organisées sous forme de tables-rondes autour de trois grandes questions sur la thématique de l'interaction avec des objets animés:

Conception de l'objet : à quoi doit ressembler un objet animé ?
Comment conçoit-on un objet animé interactif ? Quels sont les paramètres, les caractéristiques et les propriétés de ces objets (forme, design, fonctionnalité) sur lesquels on peut jouer pour qu'un objet animé devienne un "partenaire" à nos yeux ? Quels sont les outils, les savoirs, les technologies que l'on peut mobiliser ? Dans quelle mesure le protocole expérimental influence-t-il et contraint-il la conception ? Peut-on et doit-on envisager une conception frugale ? Quelle place pour l'utilisateur dans la conception ?

Expérimentation et observation : comment concevoir une expérience ?
Comment bien comprendre ce qui se joue lors d’une interaction avec un objet animé ? Que peut-on mesurer, que peut-on évaluer, que peut-on observer ? Les approches qualitatives et quantitatives peuvent-elles se répondre, se nourrir, s'opposer ? Dans quelle mesure la temporalité de la confrontation influence-t-elle le résultat de l'expérimentation ? Dans quelle mesure l'observation en milieu naturel permet-elle de dépasser les limitations des expérimentations en laboratoire ? Quels sont les lieux de l'interdisciplinarité ?

Analyse : que retirons-nous de ces expériences ?
Comment interpréter les données issues d'expérimentations avec des objets animés ? Quelle confiance accorder au témoignage des sujets ? L'interprétation est-elle indépendante de toute évaluation éthique de l'interaction ? Quels sont les modèles et les théories mobilisables ? Comment intégrer des méthodes d'analyses multiples ? Ces travaux peuvent-ils éclairer les usages croissants du numérique ? Quels problèmes éthiques et politiques soulèvent ces drôles d'objets ? 

En outre, nous disposerons d'espaces de conception et d'expérimentation pour présenter les ateliers, démonstrations et installations sélectionnés, qui offriront des occasions de confronter les approches, d'affiner les questions et de prolonger les discussions.

Mots-clefs : arts/sciences, création, émotion, empathie, expérimentation, expression, intentionnalité, interaction, interdisciplinarité, interprétation, modèles, observation, perception, projection, robots.


Soumissions & formats
Les soumissions, 5000 signes, notes, espaces et bibliographies comprises, devront être envoyées pour le 31 octobre 2022.
Elles devront préciser :
  • La thématique de la soumission (Conception de l'objet, Expérimentation et observation, Analyse)
  • La discipline de l'auteur
  • Le type de soumission (Présentation & table ronde, Atelier, Démonstration,  Installation, Poster)


Dates importantes
  • 31 octobre 2022 : Date limite de soumission
  • Février 2023 : Notification aux auteurs


Comité Scientifique
Frédéric Alexandre, Virginie André, Salvatore Anzalone, Valérie Aucouturier, Heike Baldauf-Quilliatre, Joffrey Becker, Samuel Bianchini, Arnaud Blanchard, Yann Boniface, Amine Boumaza, Dominique Deuff, Olivier Duris, Alain Dutech, Carole Etienne, Valeria Giardino, Emmanuelle Grangier, Jean-François Grassin, Xavier Hinaut, Diego Jarak, Justine Lascar, Florent Levillain, Ghiles Mostafaoui, Guillaume Nassau, Magalie Ochs, Filipe Pais, Catherine Pelachaud, Alexandre Pitti, Christian Plantin, Manuel Rebuschi, Arnaud Revel, Nicolas Rougier, Lucile Sassatelli, Lucien Tisserand, Serge Tisseron, Julien Toulze, Natacha Vas-Deyres, Frédéric Verhaegen, Denis Vidal, Marion Voillot, Elisabetta Zibetti.


La précédente, et première édition, a fini par pouvoir se tenir en 2021 à La Rochelle. 
Les soumissions, articles longs et la conférence publique finale peuvent être consultés sur la page : 


lundi 7 mars 2022

Ph.D Course - New technologies and the future of the human


PHD COURSE
28-31 March 2022

*

Centre Universitaire de Norvège à Paris
54, Boulevard Raspail
75006 Paris

New ways of being human and social

The course is dedicated to an investigation of the imaginary projects of technoscience, in which new ways of being human and new ways of being social are being developed. This is going to be an exploratory course, mobilizing what we think we know about the human being into thinking and speculating about what the future might bring. In this effort the lecturers and students together will equally be searching for possible entries into an understanding.

Technological innovation in human-computer interfaces, medical breakthroughs in nano- and biotechnology, infrastructural transformations of urban orders, algorithmic government, new technologies to intervene in anthropogenic climate change, all seriously challenge established understandings of the human being and its environment.

Moral, existential and ontological questions

What will be the nature of the human being in the future? What are the potentials of new genetics? Of cloning? Can AI develop human qualities? What happens to social relations when we are primarily living in digital, virtual spaces? What social status do robots, avatar and digital selves acquire? What is the future of cities when scientists predict radical life-threatening climate disasters, and even their extinction? And, what do the new technologies of surveillance, climate regulations and "greening" policies entail for the institutional frames for human life?

In the age of technoscience, the very idea of what a human being is, has come to be fundamentally challenged: in new human-machine interfaces, in human enhancements technologies, in synthetic biology and genetic engineering, as well as new nature/culture relationships. Active transhumanist movements work for ideological and political backing for the investments in science that can bring about a new and potentially enhanced and even immortal human form. The idea of a future where humans live in space are not only the fantasies of California billionaires like Elon Musk, or sci-fi movies, but has become imaginative grounds for social movements, especially in the U.S. and Russia but also across the globe.

Lecturers: Joffrey Becker (KHK c:o/re, RWTH Aachen University), Anya Bernstein (Harvard University), Bjørn Enge Bertelsen (UiB), Kerry Chance (UiB), Annelin Eriksen (UiB), Alexandre Mazel (R3S, Pitié-Salpêtrière Hospital & Sorbonne University, Paris), Alexandre Pitti (Laboratoire ETIS, CY Cergy Paris Université, ENSEA, CNRS), Knut Rio (UiB)

Information and program: https://www.uib.no/en/course/SANT906

lundi 1 février 2021

Séminaire « Intelligence artificielle, algorithmes et monde public »



Retrouvez l'enregistrement de mon intervention au Séminaire intelligence artificielle de la Chaire action publique coordonnée par Christian Paul à Sciences-Po Lyon à l'adresse suivante : https://chaire-actionpublique.fr/seminaire-intelligence-artificielle

Ce séminaire a pour objectif d’identifier et de mettre en débat les enjeux communs aux usages de l’intelligence artificielle au sein de l’Etat, des collectivités, des services publics publiques et de donner à voir les principales applications, actuelles et en devenir.

mercredi 26 juin 2019

Drôles d'objets - Appel à soumission


Drôles d'objets
Un nouvel art de faire
La Rochelle - du 7 au 9 avril 2020
en association avec le festival ZERO1

Robots, artefacts autonomes, objets connectés : comment concevoir et appréhender ces drôles d’objets qui renouvellent nos interactions avec les autres comme avec le monde ?

Nous sommes de plus en plus souvent invités à entrer en relation avec des robots ou des machines, que ce soit à des fins pratiques (thérapeutiques, professionnelles, scientifiques) ou ludiques.

Ce type de relation semble dépasser rapidement le simple usage fonctionnel, la réaction automatique et l’action mécanique, pour s’ouvrir à quelques interactions lors desquelles nous tentons d’interpréter le comportement de ces objets. Pourquoi et comment sommes-nous tentés d’interagir avec ces objets insolites qui s'animent, bougent et évoluent ? L'étude de ces objets intéresse des champs très divers des sciences, des arts et du design. Quelles méthodes adopter toutefois pour expérimenter, observer et analyser ces interactions ?

Robotique, IA, art et design, anthropologie, psychologie, philosophie, sciences du langage… Chaque domaine développe ses propres notions, outils, souvent dans des contextes pluridisciplinaires. Quelles réponses la philosophe peut-elle apporter au roboticien ? En quoi la psychologie peut se nourrir du travail de l'anthropologue ? Les artistes peuvent-ils contribuer à la sociolinguistique des interactions ?

L’objectif de cette conférence est de croiser les regards des disciplines et pratiques scientifiques sur ces nouveaux objets et les interactions qu’ils suscitent.

L'interdisciplinarité sera dans ce contexte pratiquée, expérimentée et discutée à partir de formes concrètes qu'elle prend et des tentatives (fructueuses ou non) qu'elle déploie. Ainsi, les discussions seront organisées sous forme de tables-rondes autour de trois grandes questions sur la thématique de l'interaction avec des objets animés:

Conception de l'objet : à quoi doit ressembler un objet animé ?
Comment conçoit-on un objet animé interactif ? Quels sont les paramètres, les caractéristiques et les propriétés de ces objets (forme, design, fonctionnalité) sur lesquels on peut jouer pour qu'un objet animé devienne un "partenaire" à nos yeux ? Quels sont les outils, les savoirs, les technologies que l'on peut mobiliser ? Dans quelle mesure le protocole expérimental influence-t-il et contraint-il la conception ?

Expérimentation et observation : comment concevoir une expérience ?
Comment bien comprendre ce qui se joue lors d’une interaction avec un objet animé ? Que peut-on mesurer, que peut-on évaluer, que peut-on observer ? Les approches qualitatives et quantitatives peuvent-elles se répondre, se nourrir, s'opposer ? Dans quelle mesure la temporalité de la confrontation influence-t-elle le résultat de l'expérimentation ? Dans quelle mesure l'observation en milieu naturel permet-elle de dépasser les limitations des expérimentations en laboratoire ?

Analyse : que retirons-nous de ces expériences ?
Comment interpréter les données issues d'expérimentations avec des objets animés? Quelle confiance accorder au témoignage des sujets? L'interprétation est-elle indépendante de toute évaluation éthique de l'interaction? Quels sont les modèles et les théories mobilisables ?

En outre, nous disposerons d'espaces de conception et d'expérimentation pour présenter les ateliers, démonstrations et installations sélectionnés, qui offriront des occasions de confronter les approches, d'affiner les questions et de prolonger les discussions.

Mots-clefs : arts/sciences, création, émotion, empathie, expérimentation, expression, intentionnalité, interaction, interdisciplinarité, interprétation, modèles, observation, perception, projection, robots

Soumissions & formats

Les soumissions, 5000 signes, espaces et bibliographies compris, devront être envoyées avant la fin octobre 2019. Elles devront préciser :
  • La thématique de la soumission (Conception de l'objet, Expérimentation et observation, Analyse)
  • La discipline de l'auteur
  • Le type de soumission (Présentation & table ronde, Atelier, Démonstration,  Installation, Poster)


Dates importantes

31 octobre 2019 : Date limite de soumission
15 janvier 2020  : Notification aux auteurs

Comité Scientifique

Frédéric Alexandre, Virginie André, Salvatore Anzalone, Valérie Aucouturier, Joffrey Becker, Samuel Bianchini, Yann Boniface, Amine Boumaza, Alain Dutech, Philippe Gaussier, Valéria Giardino, Emmanuel Grimaud, Emmanuelle Grangier, Xavier Hinaut, Diego Jarak, Florent Levillain, Ghiles Mostafaoui, Guillaume Nassau, Magalie Ochs, Pierre-Yves Oudeyer, Élisabeth Pacherie, Filipe Pais, Catherine Pelachaud, Alexandre Pitti, Christian Plantin, Manuel Rebuschi, Arnaud Revel, Nicolas Rougier, Lucile Sassatelli, Serge Tisseron, Frédéric Tordo , Julien Toulze, Natacha Vas-Deyres, Frédéric Verhaegen, Denis Vidal, Elisabetta Zibetti



lundi 8 avril 2019

Séminaire Francophone Interdisciplinaire d'Alzheimérologie


Rencontre avec des Auteurs : 
« ROBOTS ET AUTRES TECHNOLOGIES : 
prendre soin augmenté, prendre soin diminué ... » 

Sous la conduite de : Mireille TROUILLOUD, Psychologue 
Jérôme PELLISSIER, Écrivain, Docteur en Psychologie 
Louis PLOTON, Psychiatre 
Marion VILLEZ, Socio-anthropologue 
Pascal MENECIER, Gériatre 
Christian COTTA, Cadre infirmier supérieur 

Lundi 17 juin & mardi 18 juin 2019 
Centre International de Séjour (CISL) 
103 Bd des États-Unis à LYON 

Programme et inscriptions : http://bit.ly/2FqEaS9


lundi 16 juillet 2018

Festival international de journalisme de Couthures-sur-Garonne

Peut-on tout faire avec un "Sexbot" ? - Église de Couthures-sur-Garonne (Photo: G. Rozières)

J'ai eu l'immense privilège de débattre des questions soulevées par l'intelligence artificielle et la robotique avec Véronique Aubergé, Serge Tisseron, Jean-Gabriel Ganascia, Nathalie Nevejans et Hervé Aubron lors du Festival international de journalisme de Couthures-sur-Garonne à l'invitation de Catherine Vincent et Grégory Rozières.

https://festivalinternationaldejournalisme.com/fij2018/intelligence-artificielle-vivre-avec-les-robots/

dimanche 27 novembre 2016

Étude sur les usages de YouTube

En 2016, la moitié des Français, entre 16 et 44 ans, va sur YouTube chaque jour. Plus qu’une habitude, YouTube devient un réflexe pour se divertir, s’informer et apprendre. Pour la première fois en France, deux ethnologues, Céline Morin, docteure en sciences de l’information et de la communication au Laboratoire Communication, Information, Médias - Sorbonne Nouvelle - Paris 3, et Joffrey Becker, docteur en anthropologie sociale et ethnologie et chercheur affilié au Laboratoire d'Anthropologie Sociale, sont allés sur le terrain en août dernier pour observer et interpréter la réalité des usages de YouTube en France. Décryptage en 9 points de cette étude ethnographique inédite !


 

mardi 18 décembre 2012

City Game - Jeux vidéo multi-joueurs et espace public


Atlantic2.0 et Stereolux organisent à Nantes en février prochain un challenge créatif de 54 heures sur les nouvelles formes de jeu multijoueur dans l'espace public. Ils recrutent en ce moment des participants : game designers, développeurs, graphistes, designers... 

Toutes les informations sont sur le site : http://www.city-game.fr.

lundi 15 novembre 2010

Arts de la Guerre ?

Alfred Crimi illustre l'article Mechanical Brains, Life Magazine, 24 Jan. 1944, p. 66


En parcourant le numéro du 24 janvier 1944 du magazine Life, on peut facilement se rendre compte que l'esthétique futuriste participe de la médiatisation de l'effort de guerre américain. Y sont abordés, dans les images, les grands thèmes du manifeste de 1909, l'audace et le danger, le mouvement agressif, la glorification de la vitesse, du train, de l'industrie, du travail, du patriotisme, de la guerre. 


C'est notamment le cas avec ce dessin qu'Alfred Crimi consacre à la tourelle ventrale du bombardier B-17, conçue par la société Sperry pour laquelle il travaille alors. David Mindell note que le travail de Crimi consiste en une manière de confondre le corps humain et la machine par le biais de l'image. Dans ce travail, souligne-t-il, l'opérateur humain est cerné par la machine, il est intime avec elle, il devient la machine. 


On souligne souvent que l'usage de plus en plus récurrent de drones ou de robots télécommandés en tout genre annoncent la manière dont on fera la guerre demain. Or si l'on regarde d'un peu plus près l'imagerie de la seconde guerre mondiale, mais également les grandes innovations techniques qui accompagnent les premières minutes de la cybernétique, on comprend que cette guerre de robots et de cyborgs a en fait déjà eu lieu ; que cette forme de projection dans le futur serait donc aussi composée du souvenir de l'histoire tragique de la fusion du corps et de l'acier.


Scaphandre Carmagnolle
1882
Quoi de moins étonnant après tout. Voir en effet une quelconque nouveauté dans cette fusion résulterait d'une méprise quand à la longue histoire des relations des humains et des machines. Ce serait oublier, par exemple, comment le costume du scaphandrier a permis à l'humain d'étendre son domaine d'action au-delà des seuls lieux de son existence. 


Cette image de la fusion de l'humain à l'objet technique serait finalement celle de sa lutte sans merci contre les limites d'une condition. Cette lutte ferait de l'image futuriste de la fusion de la machine et du corps le moyen même de sa survie. Banale, cette image où l'humain dans la machine chercherait son égal, dans le surhomme ou dans les figures de sa fantaisie, comme l'a écrit Schlemmer.


Quel théâtre pourtant que celui-là ? Théâtre des limites ? Ontologique ? À trop considérer les prothèses techniques, on oublierait trop rapidement que les images de la survie sont également des mises en scène de la mort. À trop considérer la technique on oublierait le drame ; ce théâtre, malheureusement bien réel, dont les futuristes ont un temps oublié l'histoire.


Pour aller plus loin :
Livre: David Mindell, 2004, Between human and machine : feedback, control, and computing before cybernetics, John Hopkins University Press - sur Amazon.fr

vendredi 21 mai 2010

Knit-O-Matic

La semaine dernière, j'ai assisté à un séminaire de robotique un peu inhabituel, puisqu'il est revenu de manière critique sur cet avenir fameux que nous promettent tant de technologues et que redoutent tant d'anti-technologues. Le chercheur qui a animé ce séminaire a fait peu de cas des projections en tous genres qui alimentent ce genre de débat polémique ; à juste titre d'ailleurs, puisque peu d'éléments viennent encore justifier ces prédictions, que rien pour le moment ne permet de véritablement  prédire de quoi notre humanité sera faite et ce qui pourra éventuellement la remettre en question dans les cinquante prochaines années...

Toujours est-il qu'à un moment de sa présentation, est apparue sur l'écran une image étonnante, qui rappellera quelque chose aux amateurs de la série anglaise Wallace & Gromit. Dans l'épisode auquel je fais référence, le célèbre inventeur se voit voler les plans d'une machine servant à tondre les moutons et confectionner automatiquement des pulls. Le voleur, qui n'est autre qu'un chien-robot, la transforme alors pour en faire une machine servant à utiliser tout ce qui peut éventuellement l'être sur un mouton, de la laine à la chair.



L'orateur a pris soin de prévenir son public du caractère potentiellement choquant du film. On le trouve en fait facilement sur internet. Et, avant de la regarder, il me semble nécessaire de rappeler le contexte qui l'a vu naître, du moins tel qu'il m'a été présenté lors de cette conférence. Il faut ainsi souligner que le pays où il a été tourné, la Nouvelle-Zélande, abrite plus de moutons que d'humains, et que la tonte régulière de ces charmantes petites bêtes donne régulièrement lieu à des blessures. L'idée a donc été de concevoir un dispositif qui permette de récupérer la laine sans blesser l'animal.

Rien n'est dit cependant de l'expérience vécue par le mouton en question. Rien ne laisse non plus présager qu'une machine de ce genre pourra être utilisée dans les salons de coiffure du futur. Je vous laisse donc seuls juges...