Social Anthropology - Robots, AI & Society
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lundi 8 avril 2019

Faire exister les IA, robots, cyborgs : Un nouveau projet humaniste pour l'Europe ?


Journée d'étude
UCLouvain - LAAP
30 avril 2019
9h30-16h

Salle Jean Dabin
2 place Montesquieu
1348 Louvain-La-Neuve

Notre quotidien se peuple progressivement d’une faune tout à fait inédite composée d’entités techniques se déployant du corps au monde : prothèses, montres, vêtements, tablettes, véhicules, habitations... Ces technologies émergentes, auxquelles on prête désormais des capacités « anthropomorphiques » telles que l’intelligence et l’autonomie, modifient nos conceptions du monde et rendent de plus en plus poreuses les catégories héritées de la modernité comme celles de naturel/artificiel, sujet/objet, identité/altérité, etc. En outre, elles nourrissent chez certains la croyance en la possibilité d’altérer et de transformer le corps en un corps posthumain.

L’objectif de ce séminaire interdisciplinaire est d’interroger nos possibles attachements/détachements avec ces nouvelles entités dont le rôle et les performances semblent remettre en cause le modèle humaniste caractéristique de l’identité et de la culture européennes. Devenant intégralement constitutives de l’environnement des humains et médiatrices de leurs relations, il n’est désormais plus possible de considérer ces technologies comme de simples instruments ou des interfaces au service de l’humain. Comment dès lors les faire exister ? Quel statut reconnaitre aux intelligences artificielles, aux robots et aux cyborgs ? Et quelle place leur accorder dans la communauté ?

Avec :
Benoît HERMAN, PhD, Conception de systèmes robotisés d'assistance au geste médical, CREDEM, UClouvain
Nathalie GRANDJEAN, Philosophe, Maitre de conférences, Université de Namur
Joffrey BECKER, post-doctorant, LAS, Paris
Charles PENCE, Professeur de philosophie, UClouvain

https://uclouvain.be

mardi 12 février 2019

QUALCOM : Une expérience sur la qualification des comportements d’une lampe robotique

Joffrey Becker, Virginie André & Alain Dutech

Techniques & Culture

Varia

Beaucoup de roboticiens restent aujourd’hui convaincus que l’humanisation des machines permettra de faciliter la communication entre les humains et les objets qu’ils conçoivent. Or, malgré leurs efforts pour saisir les éléments de base permettant de construire une relation naturelle avec eux, les robots dits sociaux restent toujours marqués par l’étrangeté. Partant d’une expérience, nous étudierons les commentaires suscités par l’activité d’une lampe robotisée. Cette étude permettra de montrer de manière plus claire comment ses mouvements sont interprétés, en quoi consiste sa nature et comment celle-ci est soumise à une forte variation dans le temps même de l’interaction. À travers un exercice difficile de reconstruction du sens auquel les participants de l’expérience se prêtent de bon gré, nous verrons qu’une telle interaction implique pour eux la mise en œuvre non pas d’une pensée qui viendrait projeter sur le mouvement perçu un caractère d’emblée humain mais dépendant plutôt d’un ensemble complexe d’analogies.

À lire en ligne sur le site de la revue Techniques & Culture : http://journals.openedition.org/tc/10771

jeudi 17 janvier 2019

Éléments pour une anthropologie de la robotique

Le robot Kismet, MIT Museum, 2015. Photo: J. Becker
Dossier Anthropologie de la vie et des nouvelles technologies

Coordonné par M. Meyer et P. Pitrou

Techniques & Culture

Cet article propose de revenir sur le programme ouvert par l’anthropologie de la robotique en s’intéressant plus particulièrement aux travaux de Stefan Helmreich, de Lucy Suchman, d’Emmanuel Grimaud, et de Denis Vidal. Entre anthropologie de la vie artificielle, interactions humain-robot et ethnographie expérimentale, ces travaux montrent de quelle manière l'étude des pratiques roboticiennes s’inscrit dans les problématiques abordées par l’anthropologie de la vie. En effet, à travers la construction des robots et les diverses façons dont ils s’animent, se mettent en route des agencements sociaux et culturels complexes qui participent directement des représentations de la vie. En permettant de jouer avec les frontières du vivant, de les transgresser, ou au contraire de les réaffirmer, le projet ontologique sous-jacent à la robotique rejoue ainsi une grande constante des rapports qu'ont les humains avec leurs technologies mais aussi avec la vie elle-même.

À lire en ligne sur le site de la revue Techniques & Culture : https://journals.openedition.org/tc/10214

mardi 18 octobre 2016

Projections, Interactions, Emotions - Journées PsyPhINe 2016

Projections, Interactions, Emotions - Journées PsyPhINe 2016
13-14 décembre 2016
Nancy, MSH Lorraine (salle internationale)

Nous sommes de plus en plus souvent invités à entrer en relation avecdes robots ou des machines, que ce soit à des fins pratiques(thérapeutiques, professionnelles, scientifiques) ou ludiques. Mais quelest ce type de relation, qui semble dépasser rapidement le simple usage fonctionnel, la réaction automatique et l’action mécanique, pour s’ouvrir à quelques interactions lors desquelles nous tentons d’interpréter le comportement de ces machines? Nous leur attribuons des intentions, une certaine forme de volonté, parfois même des émotions, tout en reconnaissant par ailleurs leur caractère d’objets construits, programmés par des hommes. Est-il donc légitime de parler d’interaction, et si oui, dans quelles conditions, selon quels critères? L’aspect humanoïde de la machine est-il nécessaire pour que nous soyons enclins à lui prêter des états mentaux? N’est-ce pas parce que nous reconnaissons déjà, dans le robot, une certaine disposition à communiquer avec nous que nous tentons ensuite de le comprendre, de décrypter ses attitudes? Et si nous acceptons de l’humaniser en lui trouvant des airs curieux, en le jugeant sympathique, hautain ou facétieux, pourquoi refuser de le considérer aussi comme intelligent, doté de conscience et d’attention à l’autre? Une machine "artificiellement intelligente"? Qu’est-ce que cela change à l’ensemble de nos échanges (sociaux, juridiques, affectifs)?

Informations, programme et résumés
http://poincare.univ-lorraine.fr/fr/manifestations/psyphine-2016

Entrée libre, inscription obligatoire
http://poincare.univ-lorraine.fr/fr/inscription-journees-psyphine-2016

dimanche 12 décembre 2010

Animismes : Combien de personnes faut-il dans un Ara télérobotique pour en faire une machine perspectiviste ?



En 1996, l'artiste brésilien Eduardo Kac conçoit avec l'aide d'Ed Bennett un bien curieux dispositif qui trouvera place lors de l'exposition "Out of Bounds : New York by Eight Southeast Artists", organisée par Annette Carlozzi et Julia Fenton au Nexus Contemporary Art Center d'Atlanta dans le cadre de l'Olympic Arts Festival. Rara Avis consiste en un perroquet ara télérobotique dont la vision est contrôlée par les visiteurs à travers l'usage d'un casque de réalité virtuelle. L'artiste brésilien en donne la description suivante.

Portant un casque stéréoscopique, la spectatrice percevait la volière, et pouvait s'observer dans cette situation, du point de vue de l'ara. L'installation était constamment reliée à Internet. À travers le net, les participants à distance observaient la volière du point de vue de l'ara télérobotique, ils utilisaient leurs microphones pour déclencher le dispositif vocal de l'ara télérobotique, entendu dans la galerie. Le corps de l'ara télérobotique était investi en temps réel par les participants qui se trouvaient sur place et les participants via Internet du monde entier. Les sons contenus dans l'espace, mélange de voix humaines et de chants d'oiseaux, se propageaient jusqu'aux participants à distance, à travers Internet. 

Fondée sur l'idée d'une critique de la notion d'exotisme, l'installation pensée par Eduardo Kac met en scène la composition d'une multitude de participants dont l'expérience est résumée par l'alternance de formes de relations vis-à-vis d'un objet dont le comportement, aussi basique soit-il, forme un lien entre le local et le global, entre l'espace fermé de la cage et l'espace ouvert du web. Ce faisant, il compose également une image de la société humaine contenue dans l'enveloppe artificielle d'un animal, à la manière des cosmologies perspectivistes décrites par Viveiros de Castro.


En quoi consiste cette relation des existants au monde ? Pour Eduardo Viveiros de Castro, cette relation porte à penser la continuité de l'humanité au delà de la différence formelle qui sépare les existants peuplant le monde amazonien. Cette dernière peut-être perçue en fonction du point de vue, ou perspective, que ces existants adoptent du fait de leur condition d'existence. Les membres des sociétés animales, selon ce principe, percevraient le congénère comme un être humain ; telle serait, pour aller très vite, la vérité cosmologique de l'animisme.

Ce sur quoi pointe l'objet imaginé par Eduardo Kac, c'est la disposition à exister en tant qu'humain à travers la présence formelle d'un animal. Or cette présence est multiple. Elle agrège des fragments de présences distantes mises en réseau, et forme ainsi une image composite de la société humaine tout en permettant à celle-ci d'aller au-delà des frontières formelles de sa propre ontologie. À partir du point de vue de l'animal, cette société recomposée invite à observer les événements ayant lieu dans la galerie mais aussi à reconsidérer la place de l'observateur humain, dans l'espace de la galerie, comme une sorte d'étranger du dispositif ; une sorte d'humain objectisé par le regard du spectateur à travers le point de vue d'un perroquet robotique, mais également par celui de la spectatrice qui, elle, fait l'expérience "chamanique" d'une double transformation. Rara Avis participerait ainsi de l'idée d'un animisme pensé à partir des théories récentes construites à partir de l'ethnographie amazonienne.

Mais l'ironie dont Kac semble vouloir faire preuve ici, sa critique de la notion d'exotisme, touche peut-être également à un autre genre de problème. La robotique forme un domaine ordinaire pour la projection d'une croyance particulière, qui permet d'attribuer à un objet une certaine indépendance, une certaine autonomie comportementale dépassant celle pour laquelle il a d'abord été conçu. C'est pour parler de cette transition ontologique de l'objet qu'on use, un peu naïvement en robotique, de la notion d'animisme. Or cette notion renvoie à ce contre quoi s'établissent, dans l'anthropologie américaniste au moins, des perspectives nouvelles fondées non plus sur la croyance infantile en une indistinction de l'animé et de l'inanimé, mais sur la cosmologie, la capacité collective d'organiser le monde et de le rendre intelligible. C'est ainsi à partir de cette capacité d'organisation, cette technologie collective de l'environnement perceptible, que Kac pose finalement les bases de sa critique. Dans un environnement complexe, qui agrège les éléments symboliques d'un écosystème fondé certes sur la dépendance réciproque mais est finalement numérique et artificiel, peut se fonder un jeu ironique avec l'altérité, qui vaut pour la réalité qu'il désigne autant que pour la société qu'il cherche à recomposer ; l'altération comme modalité d'une critique de l'altérité.



Pour aller plus loin
Internet : Eduardo Kac, "L'art de la téléprésence et l'art transgénique", Actes du colloque Artmedia VIII : de l'Esthétique de la communication au Net, Paris, 2002
Articles et Livres : Eduardo Viveiros de Castro, "Les Pronoms Cosmologiques et le Perspectivisme Amérindien", in Eric Alliez (Ed),  Gilles Deleuze, Une vie Philosophique, Paris, Les empêcheurs de penser en rond, 1998
Eduardo Viveiros de Castro, "Exchanging Perspectives, The Transformation of Objects into Subjects in Amerindian Ontologies", in Anselm Franke (Ed), Animism, Berlin, Sternberg Press, 2010